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Sur le "privilège blanc"

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  • 18/06/2020 18:51
  • Par melgrilab@yahoo.fr

Il y a un racisme anti-Blanc  (et Blanches) dès qu'on parle des "Blancs" (et "Blanches"), pour les diaboliser.

Certains disent qu'il ne faut pas parler des "Noirs" (et Noires) parce que ça les racise. Soit. Alors parler des "Blancs", pour les défendre comme pour les culpabiliser, est tout aussi politiquement incorrect. D'ailleurs personne n'est blanc, même pas les ours polaires. (Je vous accorde le cheval blanc d'Henri IV, certains cygnes et le chat de mon voisin marocain).

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  • 18/06/2020 19:01
  • Par Raïssa en réponse au commentaire de melgrilab@yahoo.fr le 18/06/2020 18:51

Oui, par exemple, "visage pâle" (ou plus ou moins) serait plus approprié que WASP (White Anglo-Saxon Protestant). Il arrive même à des Africains d'appeler d'autres Africains de "Blancs". Bon en même temps, il y a une histoire (et guerres) ethnique(s) derrière.. il y a même, dans l'esprit d'une vieille femme dans le métro, qui, pensait être fine en mentionnant que les Français sont blancs... et penser la jeune femme, en face, n'est pas Française du seul fait de sa couleur..

Beaucoup n'arrivent jamais à deviner les origines de cette jeune femme, surtout les visages mats et compagnie !

Vous me faites bien rire avec toutes vos histoires ! Ça se voit que vous n'avait rien vécu de tout cela. Comme dirait quelqu'un : vous ne savez pas ce que c'est la souffrance et souffrir dans la vie...

Bref.

Bon, je ne sais pas ce que la jeune prof remplaçante en histoire géo est devenue, mais, si vous me lisez Mme la professeure, merci d'actualiser vos cours sur les USA, la Russie, tout ça, tout ça !

NB : dans certains pays anglophones (USA, GB) on demande aux personnes de s'identifier (black carabean Brittish ; White American etc.). Vous pouvez, également, refuser de vous identifier autant quant à vos origines, sexe (genre) et handicap.

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  • 18/06/2020 20:51
  • Par melgrilab@yahoo.fr en réponse au commentaire de Raïssa le 18/06/2020 19:01

Quand j'irai visiter ma cousine Zaza de Windsor (pour ses cent ans je pense), je m'identifierai comme White Spirit.

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  • 18/06/2020 21:25
  • Par Raïssa en réponse au commentaire de melgrilab@yahoo.fr le 18/06/2020 20:51

J'ai vu, par hasard, la couv' d'un magazine pour les 100 ans du Prince Philip. Bon anniversaire au Duc ! Un journaliste du Guardian, aurait dit que du bien de sa mère. Donc, à nouveau, bel et joyeux anniversaire au Duc. smile

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  • 21/06/2020 17:31
  • Par Gabas en réponse au commentaire de melgrilab@yahoo.fr le 18/06/2020 18:51

Le Melgrilab ne comprend rien de rien... Pobrecito.

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  • 21/06/2020 12:51
  • Par arjuna

Il y a une différence fondamentale entre les USA et les pays d'Amérique en général et ceux de la vieille Europe, qu'il ne faut pas oublier. 

La population amérindienne a été massacrée par les colons européens, particulièrement aux USA où ce fût fait de façon systématique. Ensuite, les "propriétaires WASP" ont importé deux types de main d'oeuvre. Des esclaves noirs déportés d'Afrique et des pauvres européens souvent déportés par la force, souvent esclaves pour dettes, ou fuyant la guerre, la répression et la misère. Un hiérarchie sociale raciste a été imposée entre ces deux types de population, avec l'exclusion génocidaire des autochtones. C'est ce passé que doivent gérer aujourd'hui les citoyens des USA. On remarquera que la violence sociale est moins exacerbée au Canada qui n'a jamais connu sur son sol l'esclavage de plantation. 

L'histoire de la vielle Europe est toute différente. Elle repose d'abord sur un bon millénaire de servage. La poignée d'aristocrates qui en bénéficient, le justifient par leurs ascendants. Ils ont du "sang bleu" prétendent-ils, mais ils sont blancs comme les serfs qu'ils exploitent ou les membres du Tiers État qu'ils rudoient et maltraitent à leur convenance. Les luttes de classe qui courent tout au long de l'histoire européenne divisent les populations européennes entre elles. Même lorsque le traffic d'esclaves et les conquêtes coloniales vont enrichir les trafiquants, les marchands, les banquiers et une partie de l'aristocratie européenne l'essentiel de la main d'oeuvre exploitée en Europe restera composée de blancs, serfs, paysans, artisans puis ouvriers qui ne bénéficient d'aucun "privilège blanc". Lorsque, au début de l'ère industrielle la France importe de la main d'oeuvre ceux seront des paysans européens pour la plupart, français d'abord, puis allemands, italiens, polonais, espagnols...juifs askhénazes fuyant les persécutions... Chacune de ces vagues d'immigration sera victime de racisme et de discrimination, avant d'être intégrée dans la masse ouvrière locale. 

La longue histoire des luttes paysannes, puis ouvrières, des révolutions, des grèves, de la construction des syndicats et des partis ouvriers s'est faite, blancs contre blancs. Ne pas l'oublier.  L'immigration massive d'origine coloniale date des "Trente glorieuses" qui ne l'ont pas été pour tout le monde. Alors le patronat joue à fond la carte du racisme pour faire baisser globalement le coût de la main d'oeuvre, comme il l'a fait lors des précédentes immigrations. Avec le retournement de la conjoncture, l'offensive Reagan/Thatcher contre les acquis sociaux et l'installation du capitalisme mondialisé, c'est tout le salariat qui se retrouve maintenant déclassé. 

En quoi le concept de "privilège blanc" est-il utile pour comprendre l'histoire européenne?Privilège blanc des vaincus de la commune déportés en Kanaky, Guyane ou Algérie?  Privilège blanc des mineurs anglais et des sidérurgistes lorrains? Privilège blanc des paysans irlandais victimes de la famine organisée par le libéralisme anglais au dix-neuvième siécle? Privilège blanc des juifs d'Europe qui constituent quand même historiquement le premier groupe racisé en Europe et éliminé en tant que "race juive"? Privilège blanc des paysans siciliens forcés d'immigrer par la misère, des vaincus de la guerre d'Espagne, des portugais fuyant la dictature de Salazar et refusant d'aller faire la guerre en Angola? Bref, si les propriétaires terriens qui exploitaient des serfs à domicile ont gagné beaucoup d'argent en déportant et réduisant en esclavage des africains arrachés de leur continent pour être surexploités dans les plantations d'Amérique, les serfs, paysans et prolétaires restés en Europe n'en ont retirés que de bien maigres privilèges. 

Bien réfléchir avant d'utiliser ce slogan dans les quartiers et les régions d'Europe condamnées par la mondialisation libérale. 

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  • 21/06/2020 19:12
  • Par Carbure en réponse au commentaire de arjuna le 21/06/2020 12:51

Merci pour votre commentaire. Je vous assure qu'on a bien réfléchi. Le problème de votre position - classiquement marxiste - est qu'elle ne permet en rien d'expliciter le phénomène de racisation : que le "patronat" joue sur le racisme c'est bien probable, mais d'où vient le racisme ? Et d'où vient que cela dépasse largement le lieu de travail, le salaire, etc. ? C'est la question de la racisation que vous - je veux dire le marxisme dit "traditionnel" - ne vous êtes pas posée - sans quoi vous ne qualifieriez pas les Juifs de "blancs", par exemple. Pour vous - et toute la période programmatique du marxisme et du mouvement ouvrier, l'histoire du prolétariat est l'histoire de la construction de son unité de classe, unité qu'il ne faut pas briser avec des revendications dites "particulières (femmes, racisés, etc.). Nous voyons le prolétariat dans sa segmentation, nous essayons de saisir le procès historique qui mène à l'abolition des classes et au communisme à partir des conflits réellement existants. Bref, je ne vais pas développer tout cela ici, vous pouvez lire les articles sur Médiapart en version abrégée ou aller sur le blog carbure.

 

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  • 21/06/2020 20:54
  • Par arjuna en réponse au commentaire de Carbure le 21/06/2020 19:12

Merci pour l'adresse du blog. Je ne sais pas ce que c'est une position classiquement marxiste. Mais ayant participé à tous les combats anti-impérialistes, féministes, antiracistes, écologiques... je ne me sens pas concerné par la réduction ouvrièriste du marxisme. Si je prend la peine de citer les juifs comme groupe racisé, c'est parce qu'il s'agit d'une minorité européenne et pas post-coloniale. J'aurai aussi bien pu citer les catholiques irlandais ou les corses et on voit tout de suite la complexité de la question, car ces trois groupes discriminés dans leur pays d'origine, ont bénéficié incontestablement d'un "privilège blanc" sur leur lieu d'émigration respectif, Palestine, USA, Afrique. 

Non, ma remarque était plus précise et plus limitée. Je m'interroge sur la pertinence d'importer une notion adaptée et produite aux USA dans le contexte européen. C'est pourquoi j'ai rappelé que les systèmes d'exploitation européens reposaient sur d'autres bases - aristocratie féodale, propriété privé, contrôle de l'état - que sur le "privilège blanc". Les ouvrier.e.s, contremaitres, employé.e.s d'Europe ne correspondent pas au type du "red neck" US. Aucune guerre civile européenne ne correspond à la guerre de sécession. La majorité de la population européenne descend des serfs du Moyen Age guère mieux loti que les esclaves noirs. Le lourd prix à payer pour l'industrialisation l'a été aussi par les ouvriers et paysans européens et pas seulement par les peuples colonisés.  

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  • 23/06/2020 11:38
  • Par Carbure en réponse au commentaire de arjuna le 21/06/2020 20:54

Pour vous répondre plus précisément donc, évidemment que la situation française et la situation des Etats-Unis sont très différentes, il serait vain de chercher des correspondances trait pour trait (guerre civile, etc. - encore que la guerre d'Algérie, excusez-moi...). Cependant ce sont des procès de racisation auxquels on a affaire, dont les dynamiques sont comparables, parce qu'il n'y a pas de racisme sans que des intérêts matériels soient impliqués.

Ne remontons pas au Moyen-Age, c'est le capitalisme qui nous occupe : en France, la racisation s'est faite 1) par l'esclavage qui a posé les conditions matérielles de la colonisation (accumulation des capitaux, expansion commerciale, hiérarchisation des rapports entre zones ont permis une fois le rapport social capitaliste devenu la règle l'extension des marchés et l'absorption de la surpopulation relative, etc.). 2) par la colonisation qui a perfectionné et achevé le procès de racisation commencé avec l'esclavage (le passage d'un statut juridique à un statut racial dans la définition de certains sujets est ici éclairant, d'ailleurs). Divers statuts juridiques aussi discriminants que ceux de la ségrégation ont par ailleurs existé, du Code noir jusqu'au statut des "indigènes d'Algérie". Tout ceci s'est produit sur le sol français (de Dunkerque à Tamanrasset), quel que soit l'éloignement géographique, et a divisé la population française sur des critères ethno-raciaux. Ces critères sont extérieurs en eux-mêmes à la citoyenneté, ce qui fournit une articulation pratique pour un traitement particulier de certaines populations, qui s’applique de manière socialement diffuse. Au bout du compte, ne finassons pas là-dessus : tout le monde sait bien ce que c'est qu'un Arabe ou un Noir.

Dans ce procès, les Blancs se sont trouvés avoir des avantages, qui se sont maintenus après la décolonisation. Durant les années 1970, l'ascension sociale d'une large partie de la classe ouvrière blanche s'est faite sur la division du travail Blancs/racisés – que lesdits racisés soient des « immigrés » ou des nationaux. Les grèves d'OS dans l'automobile dans les années 1980 en sont emblématiques. Aujourd'hui où cette période des Trente Glorieuses (pas glorieuse pour tout le monde, bien d'accord) reste l'horizon normatif de presque tout ce qui est revendiqué en France, c'est assez pesant. Le RN n'a pas les scores qu'il a sur un malentendu. Alors, que au bout du compte ce soit la bourgeoisie qui profite de cette division raciale qui ne serait qu'illusoire, c'est aussi vrai que dire que c'est la bourgeoisie qui bénéficie du salaire qui n'est qu'illusoirement le prix du travail ; ça n'empêche pas que les ouvriers ont autant intérêt au salaire qu'à leur privilège blanc (terme encore une fois plutôt mal choisi, mais peu importe). La preuve en est que le racisme envers les Noirs et les Arabes en France est comme celui des Noirs américains ; rien ne semble pouvoir l'entamer, ni l'évolution des mœurs, ni l'ascension sociale d'une partie des racisés. Attribuer le caractère inaltérable de cette racisation à une "incompatibilité culturelle" des racisés eux-mêmes, par différence avec les immigrations intra-européennes, est évidemment un des facteurs de cette racisation. Ce caractère d'éternisation du rapport - qui s'attache au corps même des individus et pas à un statut social, est un des signes distinctifs de la racisation, qui pour le coup est de même nature en France qu'aux EU.

La question n'est pas celle de la comparaison avec les Etats Unis, ni l'usage du terme de "privilège", on pourrait de manière plus neutre parler de "bénéfice blanc", mais celle de la racisation elle-même, de son ancrage dans des rapports de classe contradictoires et de manière plus large du rôle qu’elle joue dans la société capitaliste, et de se donner des outils pour comprendre ce phénomène. Cela commence par sortir du déni, qui reste la position française classique à ce propos : on se souvient du "Il n'y a pas de racisme en France" de Maurois, durant justement ces fameuses grèves d'OS des années 1980. Si le terme de "privilège blanc" peut fissurer ce déni, il est bon à prendre.