À bord d’un navire en route vers Gaza pour réaliser un reportage pour Mediapart, le photojournaliste Tulyppe a été arrêté par l’armée israélienne dans la nuit du 8 octobre après l’interception à 4 h 27 de son embarcation. L’ensemble des passagers et passagères des flottilles Thousand Madleens to Gaza et Freedom Flotilla Coalition ont été intercepté·es, alors que leurs bateaux naviguaient dans les eaux internationales, selon le tracker retraçant leur parcours.
Il avait embarqué à Catane, en Sicile, le 25 septembre, à bord du Leïla Khaled, avec six autres personnes, dont l’eurodéputée écologiste Mélissa Camara, que Mediapart a interviewée le 3 octobre. Le bateau faisait partie d’une flottille affrétée par le mouvement citoyen Thousand Madleens Together, qui se donne pour mission de « briser le blocus illégal de Gaza en place depuis 2004 » de manière pacifique.
Nous dénonçons l’arrestation illégale de notre confrère, ainsi que du reporter Andreï Manivit (Le Média) et du journaliste indépendant Charles Villa, et de tou·tes les journalistes qui ont, avant eux, connu le même sort, et notamment Émilien Urbach (L’Humanité) et Yanis Mhamdi (Blast).

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Nous exigeons leur libération immédiate : leur arrestation constitue une entrave inacceptable au droit de savoir, qui ne saurait toutefois nous étonner de la part d’un gouvernement qui bafoue systématiquement la liberté d’informer depuis le 7-Octobre. Dans la guerre génocidaire menée contre Gaza, plus de 200 journalistes palestinien·nes ont été tué·es, pour certain·es après avoir été expressément ciblé·es. Aux côtés de Reporters sans frontières, nous dénonçons ce massacre, demandons la protection de nos consoeurs et confrères palestiniens et exigeons l’accès de la presse internationale à la bande de Gaza.
Tulyppe, photojournaliste au sein de l’agence Encrage, a navigué à bord du Leïla Khaled pour faire son métier : témoigner de ce qu’il observe afin d’informer le public. Des manifestations contre les violences policières en France aux commémorations du Bloody Sunday en Irlande du Nord, du mouvement des Gilets jaunes aux mobilisations étudiantes, il s’attache à proposer un regard singulier, au plus près de celles et ceux qu’il photographie. Son approche privilégie la proximité et la confiance, faisant émerger une photographie populaire et incarnée.
En parallèle, il consacre une partie de son travail à l’univers des tribunes de football – comme celles du Paris Saint-Germain – qu’il documente avec la même attention aux détails et aux élans collectifs.
« Vingt-sept civils français se trouvant à bord de ces convois humanitaires ont été arrêtés arbitrairement par les forces armées d’occupation israéliennes et sont, à ce jour, illégalement détenus par l’État d’Israël », dénoncent les avocats de ces passagers dans un communiqué. « Les menaces proférées par le ministre israélien Itamar Ben Gvir, de même que la propagande du gouvernement israélien visant à les désigner comme “terroristes”, indiquent qu’ils sont exposés à d’importants risques de mauvais traitements. En ce sens, il est désormais avéré que des militants ont été victimes de menaces, de violences physiques et d’humiliations, dans le cadre de simulacres de procédures contradictoires », ajoutent-ils, dénonçant des violations du droit international humanitaire et du droit maritime international.
Jusqu’à présent, les autorités françaises sont restées silencieuses à l’égard de ces arrestations de civils. Alors que la France vient de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, on ne peut que regretter le manque de soutien aux initiatives de la société civile, y compris de ses ressortissant·es.