Le document de Paris Match , l'affaire Boulin, un crime d'état ? a aussi le mérite de donner la parole à deux témoins dont le parquet refuse obstinément l'audition.
L'ancien ministre du Général de Gaulle Jean Charbonnel avait déjà pris la peine de s'exprimer début 2010 au micro de France-Inter et dans une conférence de presse pour expliquer comment il avait acquis la certitude de l'assassinat de son collègue Boulin. Pour la journaliste Sylvie Matton, Jean Charbonnel revient sur les confidences que lui avait faites Alexandre Sanguinetti, ancien ministre gaulliste et co-fondateur du SAC. "C'est Alexandre Sanguinetti qui m'a donné les noms des deux responsables de l'assassinat de Boulin . Il y a eu deux SAC, celui de Foccart et le deuxième avec notamment Pasqua (...) Aprés 68, on a été débordés par une marée de barbouzards que nous ne controlions plus. J'attends donc que l'instruction soit rouverte pour pouvoir donner les noms à un juge d'instruction. (...)". M. Charbonnel annonce qu'il a pris une précaution : " J'ai bien entendu déposé une lettre dans un coffre avec le nom des deux assassins "
Laetitia Sanguinetti, la fille d'Alexandre, avait elle aussi, en 2010, au micro de france-inter et face à la caméra de France 2, fait part de sa volonté de donner les noms des assassins à un magistrat instructeur. A sylvie Matton, elle précise : "Je donnerai le nom des commanditaires du meurtre de Robert Boulin et de l'organisation responsable au juge d'instruction qui m'interrogera" (...)
Quinze jours avant sa mort, déclare Laetitia, Boulin est venu déjeûner à la maison avec sa femme, il prit mon père à part, mais j'ai entendu ce qu'il lui disait : "Alexandre, je compte sur toi. Je suis menacé, ce ne sont pas des tendres et je compte sur toi pour prendre soin de Colette et des enfants".
LA SURDITE DU PARQUET GENERAL
France- Inter, Dans son dossier mis en ligne le 5 janvier 2011 Affaire Boulin : un haut magistrat veut des analyses ADN , Benoit Collombat inclut l'argumentaire écrit du procureur général Faletti, en date du 25 juin 2010, pour rejeter la demande de réouverture de l'instruction. Le paragraphe sur Jean Charbonnel et Laetitia Sanguinetti est symptomatique :
Force est de constater que ces témoignages (ceux de J. Charbonnel et L. Sanguinetti ) qui évoquent une nouvelle fois la piste de l'assassinat politique, longuement analysée lors de l'information*, ne constitue pas des éléments nouveaux; l'auteur de ces révélations non étayées étant décédé il y a maintenant trente ans, on voit mal quel crédit attacher à la relation de ces faits par des personnes n'ayant eu connaissance de ces éléments qu'indirectement.
*Il convient de souligner que ni Jean Charbonnel, ni Laetitia Sanguinetti n'ont été entendus par aucun des 4 juges qui se sont succédés à l'instruction du dossier Boulin, ce qui pour le moins relativise la piste de l'assassinat politique prétendûment longuement analysée lors de l'information...
A suivre
PS L'auteure du dossier de Paris-Match, Sylvie Matton, a l'obligeance confraternelle de faire bénéficier ce blog d'importants éléments qu'elle a récemment recueillis. Ceux-ci figureront prochainement en bonne place sur ce blog.