Commentaires séquence 1

La modification des conditions d'accès  à l'AME et le renforcement des contrôles sont des mesures gravissimes! Gravissimes! Une des rares choses que vous nous avions "pour nous", dans ce pays, c'était la possibilité de soigner tous ceux qui se présentaient devant nous. J'ai terminé ma carrière de médecin hospitalier, j'ai eu cette chance. Je m'occupais des gens atteints du VIH, j'ai pu les mettre tous sous antiviraux dès le diagnostic fait. Les mesures actuelles veulent juste dire que ce ne sera plus le cas. Je salue la formidable expression de "tourisme médical"!!!! Vous avez vu quelles pathologies étaient citées: cancers, leucémies, insuffisances rénales terminales! Que doit faire quelqu'un qui est atteint d'une telle maladie? Attendre gentiment de crever ou essayer de se faire soigner quelque part, s'il a la chance d'avoir quelqu'un de sa famille dans un pays où existe la possibilité de se soigner. Vous appelez ça du tourisme??? J'ai été très touchée aussi par les remarques sur les prothèses de hanche ou la cataracte. Sont-ce des opérations qu'on fait pour motif esthétique???  Oui, il y avait parmi les commentateurs de Mediapart un type qui se disait médecin et qui en avait particulièrement contre les prothèses de hanche, qu'ils trouvaient scandaleuses! Ce type mérite-t-il de s'appeler un médecin? Un médecin ne devrati-il pas être content que quelqu'un qui ne peut plus marcher puisse reprendre la marche, quelle que soit la couleur de sa peau et de ses papiers? Oui, on le sait, le corps médical, ce n'est pas d'aujourd'hui, comprend nombre d'ordures patentées qui aiment assez se faire remplir les poches et qui n'ont jamais craint de trahir pour les plus sales besognes les règles les plus minimales de la déontologie. Mais les autres, la grande masse des autres, il est largement temps qu'on les entende, largement temps.

Et parlons argent puisque certains prétendent mettre en avant les coûts. Les coûts des soins aux bénéficiaires de l'AME ne sont rien, epsilon zero, à côté de l'argent dépensé en corruption et en vol de la sécurité sociale par l'Etat lui-même. je renvoie là-dessus à mon article "urgences" sur mon blog, et j'ai aussi envie de terminer par une anecdote croustillante. Quand les labos vendeurs des antiviraux pour l'hépatite C ont fixé leur prix à environ 60.000 euros le coût d'un traitement (le prix de revient étant d'environ 150 euros), il y a eu des négociations entre laboratoires et services gouvernementaux. L'une des clauses était que au-delà d'un certain nombre de patients traités - donc au-delà d'un très substantiel bénéfice fait par le labo - celui-ci reverserait une partie des bénéfices à l'état, mais à qui , à quel service de l'Etat? En tout cas pas à la Sécurité Sociale qui elle continue de paie les 60.000 euros. Quand j'ai proposé au collègue, par ailleurs fort sympathique, de dévoiler cette histoire qu'il me racontait, il m'a dit, tu comprends, on ne peut pas... Je comprends très bien pourquoi il ne peut pas, et l'objet de mon intervention n'est pas de pourchasser le scandale, car le scandale est le principe même de notre société. Je veux juste dire que l'argument d'argent est totalement bidon, que toucher à quoi que ce soit de l'AME est par contre un scandale et un abaissement moral sans fond qui atteint ce pays en son entier, dont nous sommes tous comptables, et qu'il faut arrêter de jouer aux billes, prendre la mesure de ce qui est essentiel et de ce qui ne l'est pas. Toucher à l'AME est un pas de plus, un pas très important, vers une dégradation morale absolue qui touche le pays en son entier et il s'agit que chacun le comprenne.

On s'en moque de qui a appelé à voter Macron. La question, c'est qu'est-ce qu'on fait par rapport à la question posée?

Je trouve ce billet significatif et intelligent, c'est-à-dire aussi honnête, ce qui n'est pas fréquent. Anti-capitalisme en soi ne veut pas dire grand-chose: pas rien, mais pas grand chose, comme tous les "antis", car il n'affronte pas la question du "pour" quoi on est. Comme votre article le suggère, cela permet entre autres de maintenir la fable du 1% versus les 99%. Si cette fable était vraie, la question serait résolue , ou nettement en voie de résolution. La réalité est plutôt qu'il y a les 1%, puis, collés à eux même s'ils râlent, quelques 40% de "classes moyennes" qui ne veulent surtout pas perdre les avantages que leur apporte le capitalisme, et qui veulent surtout garder leurs avantages par rapport aux quelques 50 à 60% qui n'ont rien. Ceci à échelle mondiale, mais un des points d'aujourd'hui est qu'il faut nécessairement voir les choses à échelle du monde ( notamment quand on s'interroge sur "le climat" ou "la planète"). Mais on peut très bien voir "à échelle du monde" en étant dans un lieu précis. Cela signifie seulement que, en ce lieu précis, on englobe le point de vue, voire même on part du point de vue, des 50% à 60% qui n'ont rien, versus le point de vue de la "classe moyenne" qui veut préserver son "environnement" ( mot qui en dit long) et ses avantages contre ceux qui n'ont rien. Moyennant quoi, comme vous le suggérez, tout se joue sur les mots d'ordre et les enjeux que l'on se donne. "Monsieur climat", on ne connait pas bien, mais la multinationale x et son projet y, on peut connaitre. Et à partir de là, engager une lutte z et nouer, effectivement, des alliances.

Par ailleurs, il faut bien sûr non seulement la très pertinente analyse de Marx, mais en y incluant l'orientation communiste et donc l'histoire réelle de ses avatars au 20è siècle. Car il y a beaucoup à en apprendre. Notamment par exemple de la révolution chinoise et du projet des communes communes populaires - contre lesquelles la petite bourgeoisie née de la révolution chinoise s'est mobilisée avec une rare violence - d'où les résultats que l'on sait, le départ forcé de millions de paysans vers les villes, la précarisation des ouvriers obligés de travailler sous contrat de courte durée - mais avec une durée journalière de travail de dix à douze heures, mais aussi la naissance ,  grâce à cela, d'une formidable "classe moyenne". Qui veut aller travailler à la campagne? Comme vous le savez, en France, on ne trouve pas de médecins volontaires ne serait-ce que pour aller bosser... à Châteauroux. Ne parlons pas d'un hôpital de brousse!  L'anti-communisme radical et absolu qui règne dans les classes moyennes - et par exemple à Mediapart - doublé d'une ignorance choisie et radicale - a de fortes raisons qui méritent d'être analysées.

Dernier point , je me permets de vous renvoyer à mon dernier billet de blog: des brèves très brèves, car j'essayais d'y attirer l'attention sur une "brève" vite supprimée qui me semble aller dans le sens des mobilisations que vous souhaitez, et qui n'ont pas toujours lieu là où on s'y attend: en l’occurrence, la modeste mobilisation qui a récemment opposé quelques associations à l'OMS concernant "la transparence sur le prix des médicaments". Derrière cette modeste question d'allure technique, rien moins que le droit aux soins pour tous, autrement dit: le médicament doit-il devenir un bien public mondial, ou doit-il rester la source de profits gigantesques - et de dépenses inutiles gigantesques en corruption, billets d'avions, marketing etc... - pour quelques multinationales. La France s'étant signalée par sa farouche opposition à toute évolution dans le sens de ladite "transparence".

Mais on pourrait prendre bien d'autres exemples, et populariser bien d'autres initiatives qui, si elles n'influent pas directement sur "le temps qu'il fera demain", ont cependant beaucoup à voir avec le sujet.

• LE 26/10/2019, 13:06, À PROPOS DU ARTICLE D'ÉDITION À l’Assemblée, A. Buzyn et la majorité refusent la transparence

  Voici un lien intéressant qui explique le débat sur la question:

  
  https://www.cairn.info/revue-vacarme-2019-3-page-60.htm?WT.tsrc=cairnEmailAlert&WT.mc_id=VACA_088.

  Pour info supplémentaire lié à l'article, la France ( avec Sanofi), la Grande Bretagne (avec Gilead) et l'Allemagne ( MSD) sont intéressées dans les trois plus grandes firmes mondiales du médicament, qui engagent des profits colossaux.

  Pour info aussi, il n'est pas étonnant que les "activistes" mentionnés par l'article soient indiens, thailandais et brésiliens. N'oublions pas que c'est le gouvernement brésilien de l'époque (Lula) qui a engagé la fabrication des antiviraux anti VIH ( plus un labo indien et un labo thailandais) permettant ainsi de mettre sous contrôle l'épidémie mondiale du Sida. A la même époque, le journal français "Le Monde" écrivait dans son éditorial: "que les africains comprennent que, étant donné le prix des médicaments, ils devront se contenter de préservatifs". La fabrication des génériques par les labos susmentionnés avaient permis de faire baisser le coût d'un traitement mensuel de 5000 euros à 150 euros par mois.

  Je renvoie aussi à l'article de mon blog sur le prix des traitements de l'hépatite C, article que Mediapart n'a pas voulu publier à l'époque. Je posais la question: les médicaments doivent-ils être déclarés biens publics d'intérêt mondial ou préférons nous qu'ils continuent à servir à emplir les poches des actionnaires?

  Chacun sait que des médicaments même fondamentaux, comme la cortisone ou les anti-parkinsoniens, en viennent aujourd'hui à manquer même chez nous! n'est-ce pas, du fait de la politique de "flux tendus" des firmes, qui dépensent environ 80% de leurs profits à leur marketing, à la concurrence entre elles, et bien sûr à la corruption effrénée des médecins et des agents de l'Etat. Pour info aussi, un hôpital comme l'hôpital Mama Yemo de Kinshasa, le plus grand hopital de Congo, ne dispose quant à lui ni de morphine ni d'antibiotiques, et les pénuries de médicaments indispensables, comme les anti-hypertenseurs, sont le lot quotidien de tous les pays d'Afrique, d'où des milliers et milliers d'invalidités et de morts qui seraient facilement évitables.

  D'où la question: se mobiliser pour que les médicaments soient déclarés biens publics de nécessité vitale dont la fabrication, le contrôle et la distribution soient retirées des firmes privées et mises sous contrôle international - avec une supervision comportant les ONG mondiales, les usagers etc.. - me parait être une question urgente et dépassant les intérêts particuliers et nationaux

  Accéder au commentaire
• LE 15/10/2019, 00:06, À PROPOS DE L' ARTICLE Voile et école: cette obsession française

  Le nombre, mais aussi l'évolution des commentaires sur ce sujet est notable. Vous êtes très très sensibles à la propagande, mesdames et messieurs des commentaires de Mediapart. Et vous prétendez défendre la liberté de pensée! 

  "Vous voulez des maîtres? Vous les aurez", comme disait Lacan en 68. Oui, vous voilà mûrs pour le fascisme.

  Le fascisme des trouillards bien sûr! Pétain aussi défendait la noble culture française, le fascisme des trouillards.

   

  Accéder au commentaire
• LE 11/10/2019, 21:22, À PROPOS DE L' ARTICLE Les «signaux faibles», outil de contrôle des populations

  Monsieur le Procureur

  J'ai l'honneur de vous dénoncer mon voisin qui ne dénonce jamais rien ni personne.

  Signé Ladislav dénonciateur 

  ( oui, c'est une blague originaire d'Europe centrale)

  Accéder au commentaire
• LE 11/10/2019, 17:50, À PROPOS DU BILLET DE BLOG Le sang tache tes mains, ton front ne rougit point.

  Merci pour ce billet

  Accéder au commentaire
• LE 24/09/2019, 20:41, À PROPOS DU PARTI PRIS Derrière l’idéologie du «racisme anti-Blancs», la persistance française de la question coloniale

  Tous ces discours et commentaires sont impressionnants!

  Ma question: Ou et quand est-il question?

  des événements des dernières années en Centrafrique et du rôle qu'y a joué et y joue la France

  de la situation au Togo

  de l'enlèvement de président de la Côte d'ivoire Gbagbo et de ses conséquences

  du processus qui a conduit à la destruction de la Lybie

  de ce qui se passe actuellement au Mali

  Quelques analyses structurées et détaillées et quelques informations sur ce qui se passe réellement sur le continent africain seraient les bienvenues. Elles sont extrêmement rares, en général prises par le petit bout de la lorgnette - en général "humanitaire" - et ne suscitent , en général, que des très rares commentaires ( 5 ou 6 versus près de 200 ici)

  Deuxième remarque. Quelqu'un s'interroge sur la différence entre les jeunes "issus de l'immigration" et leurs parents. Pour mémoire, on est allé chercher leurs parents chez eux pour travailler dans les usines françaises . Plutôt en général leurs père tout seuls: des représentants des DRH étaient par exemple en poste au Maroc pour faire monter des jeunes gens dans des cars les conduisant tout droit vers les usines automobiles de la région parisienne. Ils étaient logés dans des foyers où il n'y avait pas de droit de visite, et des gérants en bas chargés d'y veiller . Je vous renvoie à quelques lectures sur la grève des foyers Sonacotra des années 70. Qu'est-ce qui a changé? Certains ont pu faire venir leur femme, d'autres se sont mariés ici et ils ont eu des enfants. Entre temps, toutes les usines en question ont été détruites. Résultat: leurs enfants qui ont très peu de perspectives de travail sont considérés comme des suspects ou gêneurs en puissance. Puisqu'il s'agit de racisme, parlons aussi des plus âgés et de ceux qui vivent encore dans des foyers rebaptisés "résidences sociales". A nouveau une chambre dont le gérant a la clef, mais par contre on a supprimé les cuisines collectives et les salles de réunion ( pour en savoir plus, allez sur le site COPAF). Quid des retraites? Les vieux ouvriers ne peuvent pas vivre tranquillement leurs retraites dans leur pays d'origine pourquoi? Parce que s'ils omettent de revenir au moins une fois par an en France, leur retraite est diminuée drastiquement car "indexée sur le coût de la vie du pays en question". Pourtant ils ont bien cotisé à taux plein en France. Question: les français qui vont vivre leur retraite sur les plages du Maroc ou de Madagascar subissent-ils le même traitement? De quoi s'agit-il en l'occurrence?

  Dernier point: de quoi doit vivre un pays qui a laissé et laisse détruire son potentiel industriel? J'ai été très frappée par les commentaires à propos de l'usage des armes françaises au Yemen et ailleurs, du style: ben oui, faut bien qu'on vende nos armes.. Vous voulez continuer à vivre sur le dos des autres, tant pis pour les dégâts, tant pis pour les pays détruits, et tan pis si nos armes servent à des massacres, et à part ça vous voulez qu'on vous aime?

  Agrandir quelque peu la lunette de vue, et savoir un peu mieux qui on est, où on est dans le monde,  ce qu'on veut et ce qu'on fait. Parce que on est très loin du "ici chacun sait ce qu'il veut ce qu'il fait quand il passe". Mais pour déblatérer les yeux fixés sur son nombril, chapeau!