De la même façon qu’Israël, dans le pire mode orwellien, a tenté de faire disparaître les 75 années d’oppression coloniale, d’apartheid, de meurtres sur commande, de répression permanente, de vols exponentiels des terres, de tortures d’homme, de femmes et d’enfants, de manifestations pacifiques réprimées dans le sang, d’attaques gratuites aériennes, pour semer la panique, comme Chomsky le décrit ici, Israël a entrepris après le 7 octobre, une campagne de crimes de l’humanité sans fin, détruisant abris, écoles, mosquées, refuges de tentes, et au moins 1000 attaques sur des bâtiments hospitaliers, une monstruosité devenu aujourd’hui, génocide, sur une population enfermée à triple tour.
Cet Etat actuel, pleinement pathologique, essaiera peut-être d’ici quelques années, s’il survit à sa mémoire de criminel proto-nazi, de se persuader que les Palestiniens ont tenté une invasion touristique armée sur le territoire sacré d’Eretz-Israël, sans même demander la permission.
Et pourtant, malgré ces ras-du-front, malgré leurs abominations, j’affirme que l’Etat Israélien n’est que second dans ce mode d’horreurs et de bourrage de crâne permanent, y compris envers les enfants et les soldats.
Car, qui sert qui, dans ce monde de tyrannosaures en voie d’extinction ?
Les plus barbares sont toujours les plus armés. Et ce n’est pas seulement Israël qui s’obstine à copuler avec l’innommable, ce sont plus encore ceux qui ne risquant rien, ne font rien pour arrêter REELLEMENT cette boucherie inhumaine.
L’avenir appartiendrait-il définitivement aux bourreaux en cravate propres sur eux, à cette extrême droite internationale inculte, parfaitement inculte, parfaitement sans limites, aragnes accrochées aux sociétés de conseils, persuadées qu’Israël est encore une danseuse utile ? Ce pays est devenu un boulet supplémentaire pour le monde, pour les Juifs en particulier, pas tous évidemment, et l'incapacité des « GRANDES DEMOCRATIES MARTIALES ET BELLIQUEUSES » à résoudre quoi que ce soit au Moyen Orient, augure du reste, montrant que le présent a fui définitivement leur horizon de calculateurs morbides, momies précaires sur lesquels nos mômes cracheront leur malheur et leurs joies.
L’angle mort d’Israël est strictement, sous des conditions particulières, et à des âges multiples, le même que celui de tout Etat se proclamant démocratie et prétendant en même temps relever d'un modèle militaire expansionniste. Que ces Etats se fassent valoir comme étant conscient de l’existence de leurs voisins ou presque, qu’ils soient romain ou westphalien, deux guerres mondiales nous ont déniaisés quant aux modèles prétendus.
Un modèle d’Etat est toujours défensif/conquérant et paranoïaque par mythe interposé, celui de l’auto-enfermement le plus souvent, celui de Romulus cassant son double de nature hors d’un cercle d’exclusion, arrachement fatal qui est encore l’archétype le plus signifiant aujourd’hui.
Tout juste pouvons-nous concéder que les Etats sont, ou devrait être parfois, pour les peuples spoliés et brutalisés, un abri précaire, pour un temps.
A la fin de l’holocauste du vingtième siècle, qui aurait dû véritablement prendre soin des victimes ? A voix haute et à visée définitive, au cœur de chaque instance internationale ou nationale ? En France, via le programme du CNR ou la Déclaration des Droits de l’homme par exemple, afin que l'on prenne soin à jamais des Juif, des Roms, comme de toute minorité stigmatisée, n’est-ce pas ?
Qui va croire que devant les alliés vainqueurs, il n’était pas possible, outre d’inscrire dans les constitutions nationales, l’obligation inaliénable de protection de toute minorité ethnique ou sociale, et qui va croire qu’il n’était pas obligatoire également de se donner les moyens politiques, médiatiques, sociaux d’un débat international ? Un débat où chacun aurait pu se faire entendre, en particulier les survivants des camps de la mort, dont nous savons aujourd’hui que la réception de leurs martyrs ne trouvait, au-delà de leurs propres indicibles, que si rarement les conditions minimales pour se dire ?
Je rêve bien sûr. Surtout lorsqu’on découvre le véritable pot aux roses si formidablement tu. Je rêve et aujourd’hui, pas seulement pour les Juifs certes. Qu’en était-il du projet étasunien ? Etait-ce le la de la musique de l’époque, celle à venir ? Cette époque aveuglée par les atrocités et les ruses, et reparti pour un tour dans l’entertainment capitalo-guerrier des USA, ou le glacis en voie lente de décongélation d’une URSS « qui refuse de rendre des comptes" et a "oublié le sel de la vérité" des débuts de la révolution comme le dénonçait Adorno ?
Dans une vision essentialiste, être ou se couper du monde, végéter sous protection létale, devenir complice, accepter à contrecœur un donnant/donnant dégoûtant, une qualité particulière d’un peuple nécessiterait/mériterait-elle un tel vase clos dépendant, et sous quel prétexte ?
Qu’une tribu étendue, un clan, un peuple massifié, devenu trop important pour se contenter d’une forêt, d’une hauteur; ou de tout Etat faillible, nécessitant alors une pureté à visée centrifuge, chassant toute exogénéité, s’affirmant violemment en semant autour de lui, murs d’acier, tours de guet ou forteresses volantes, qui peut croire à une telle fantaisie macabre ?
Un piège implacable, double enfermement, et des Juifs et des Palestiniens, s’agrégeant au cauchemar le plus ancien de la condition humaine, comme guerre obligée, les premiers transportés manu militari dans un territoire vendu comme un camp de vacances et ouvert aussitôt comme un terrain militaire à conquérir ? Quelle diablerie totale. Qui plus est, sous l’égide de forces juives prétendument socialistes, et procédant d’entrée à de terribles nettoyages ethniques, sans parler de la Légion juive, revendiquée fasciste, voire pire avec le Lehi, et dont il s’avèrera que tous possédaient, et l’expérience militaire, et l’aide massive des alliés.
Peut-on faire plus dément ? Et roué ?
Aux valeurs écolo-conservatrices des chasseurs-cueilleurs d’avant le néolithique, développés par Pierre Clastres, ces tribus sans classe, mais pratiquant des mini-conflits réguliers pour éviter précisément les phénomènes de massification, verront s’agréger au cours du néolithique les délires de plus en plus grandiose de l’enfermement, où comment, peu à peu au cours des siècles, une autre version biblique, voit les jardins d’Eden s’écraser de façon exponentielle sous les gros labours des canassons militaires, puis des chars de combat et enfin de l’aviation, métaphore des « Dieux véritables », semant la mort avec ou sans pilote. Ce nouveau paradigme démentiel, lui-même centrifugé dans les limbes, tel un work in progress diabolique de la modernité, qui nous fera passer par deux boucheries mondiales, au moins cinq génocides, deux explosions nucléaires et des Etats voyous ou criminels à la pelle, modélisant aux cinq coins du monde leurs duplications létales, et craquant aujourd’hui en direct intégral sur l’écran noir de l’histoire.
Quels que soient les modes de séquestration et de conscription des puissances humaines, le cercle est toujours trop petit. Qu’il se nomme Lebensraum chez les Nazis, Grand Israël en Palestine, ou espace vital de manière plus général, pour n’importe quel va-t-en-guerre décidé à respirer plus large à coup de canon et de ruses politiques, les territoires conquis ou à conquérir, relèvent tous de la paranoïa étatique, voire, dans ses dévorations coloniales, de la règle à tirer les frontières au carré, laquelle vaut bien le délire de la Terre plate.
Dans une de ses très importantes interventions filmées récentes, Ilan Pappé décrit en quoi les Etats et leurs modèles de contrôles, de divisions, et de planifications coloniales à férocité aggravée, ont été le terreau fertile de l’avènement du sionisme, de ses déclinaisons fatales, et partant, de leur inadéquation aux modes de vies interculturels et inter-ethniques anciens des peuples du Machrek, lesquels constituent des formes beaucoup plus aimables et au long cours, du vivre-ensemble, dans une grande partie du Proche-Orient.
L’anomie, qu’aborde le collectif Chronik dans ce billet récent : Israël : autopsie du suicide d’une Nation, cette anomie, dans sa version la plus classique, est la plainte impalpable de l’ordre de surface fondant soudain sous le magma. Le plus souvent celui d'un vivant indigène privé d'oxygène et que rien ne peut réfréner désormais. Les ordres nazi, stalinien, sioniste, capitaliste, etc. auraient aimé que leurs projets psychiatriques intenables continuent encore un peu, quel qu’en soit le prix. Mais il se trouve que deux forces antagonistes, absolues, sont requises aujourd’hui à l’aune d’un risque d’embrasement nucléaire qui n’est plus seulement une blague de potaches. Le calcul. Ou l’intelligence collective.
Laquelle ne se calcule pas. Elle se crée et se secrète. De qui devrait-elle alors relever principalement ? De vieux tyrannosaures fatigués au bord du monde et de la tombe, fascinés par leurs impuissances génocidaires ?
« La pensée coloniale se permet d’imposer le modèle européen westphalien d’un Etat-nation, à une région qui était auparavant une mosaïque de coexistence sous l’Empire ottoman. Au lieu de respecter les identités collectives qui savent coexister, on les remplace par des Etats-nations. Ce grand projet s’effondrera. Il s’effondre déjà. (...) Tous ces Etats se désintègrent car ils sont basés sur un modèle d’Etats-nations qui n’est pas pertinent pour la Méditerranée orientale, le Machrek. Ils devraient s’inspirer des pays arabes auparavant, dans le Proche-Orient, qui serviraient d’exemple pour créer un vivre-ensemble qui respecte l’identité collective. »
« Il existe un capital humain, avec le potentiel nécessaire, pour guider le monde arabe vers des moyens politiques et sociaux non occidentaux. Ce sont les Palestiniens. Ils disposent d’un capital humain considérable, pour une raison, l’absence d’un Etat les rend incorruptibles par celui-ci. Ils n’ont jamais eu d’Etat. Ainsi, ils ont le potentiel de créer une réalité postcoloniale qui crédibiliserait le processus de décolonisation. »
Ilan Pappé : historien, juif et antisioniste
https://crowdbunker.com/v/42GTq5Xqbn
ou, si problème
https://odysee.com/@Investig'Action:c/ilan-pappé-historien,-juif-et:8