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Billet de blog 13 décembre 2020

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Urgence. La poésie ou la guerre (2)

Poésie musique et angles morts dans le jardin des théories de Theodor Adorno et Federico Garcia Lorca. Une incursion vitale, oh combien d'actualité. (2)

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Suite de Urgence. La poésie ou la guerre  (1)  

Federico Garcia Lorca lui, n'aura pas le temps de s'épancher sur ce buisson de questions éthiques et esthétiques qui pouvaient déjà sourdre des décombres de la seconde guerre mondiale à venir. Revenu en 1936 en Andalousie auprès de sa famille alors que se déclenche le putsch franquiste, son assassinat éclair par un escadron de la mort local l'empêchera de vivre la seconde boucherie mondiale et ses ondes de choc exponentielles.

L'éthique artistique de Lorca, son parcours fulgurant et foudroyé dessine néanmoins dans ce même siècle naissant une problématique tout aussi essentielle concernant la poésie, bien que d'une nature quasi intempo­relle, proprement inverse à celle posée par Adorno.

Lorca est un poète magnétique et paradoxal, plongé dans la mystique populaire gitane et andalouse, autant que dans la grande culture classique hispanique. Egalement compositeur, musicien, écrivain de théâtre, médium de mondes vibrants et magiques, habité de puissances orphiques et surréalistes qui perfusent toute sa poésie, il est une sorte d'épistémologue en sciences poétiques et hermétiques, appellation non contrôlée en effet, mais pleinement incarnée dans un texte majeur, génial et pitoyable, qui dépasse et déborde tout cadre historique, « Jeu et théorie du duende ».

Pourquoi est-il nécessaire pour toute personne engagée sur les chemins escarpés et inédits de l'art, comme de l'art de vivre, de lire ce court texte problématique, si contradictoire, et pour partie, si exogène et puissant ? 
C'est dans le tourbillon de la poésie de Lorca que se précipitent le mieux, sans retour possible et de façons invisible et indivisible, les éléments constitutifs de son entreprise d'enchantement. Peu de poètes ont la capacité de faire s'évanouir les mots à ce point, à l'instant où ils sont lus ou prononcés, dans la substance même qu'ils désignent et avec une économie d'expression qui confine au don d'éclipse. (8)

" La lune vint à la forge avec son jupon de lys. L'enfant la regarde la regarde, oh comme il la regarde. Dans l'air stupéfait la lune balance ses bras, montrant lubrique et pur, ses seins de dur étain. 
Sauve-toi lune lune lune, si les Gitans venaient, ils feraient de ton cœur, colliers et anneaux blancs " (Romance de la luna, luna)

" Ecoute mon fils, le silence. C'est un silence ondulé, un silence où glissent les vallées et les échos et qui incline les fronts vers le sol." (El silencio)

Dans Théorie et jeu du duende, il y a l'énigme duende. Mot et concept surnaturel, peu connu. On peut dire tout autant, qu'il y a d'abord jeu. Quel est ce jeu, le jeu de ce démon ou de ce demi-dieu, absolument ignoré hors des mondes hispanique et flamenco ? Pour les Gitans, le duende, c'est le chien dans le jeu de quilles, l'irruption du SAMU explosant sa bombonne d'oxygène dans une assemblée chantante qui s'endort. Car les Gitans ne sont pas sur terre pour bercer le monde, et eux-mêmes encore moins. Danseuses, chanteurs et guitaristes flamencos ne rêvent pas en dormant, ils dansent, ils chantent, ils jouent éveillés dans leurs rêves et le rêve nouveau, le rêve jamais songé ne naît qu'à l'instant où les forces du cosmos intérieures et extérieures, se rejoignent pour que leur danse quotidiennement conçue et accouchée, maintienne l'équilibre de la joie et de l'amour, triomphant du mal et de la futilité. 

" Alors, la Niña de los Peines se leva comme une folle, cassée en deux telle une pleureuse médiévale, elle but d'un seul trait le feu d'un grand verre d'eau-de-vie, et se rassit pour chanter, sans voix, sans souffle, sans nuances, la gorge embrasée, mais... avec duende. Elle était parvenue à détruire tout l'échafaudage de la chanson pour laisser passer un duende furieux et incendiaire, ami des vents chargés de sable, qui poussait les auditeurs à lacérer leurs vêtements comme les déchirent les noirs antillais, et presque sur le même rythme, lorsque dans leur rite, ils s'entassent devant l'image de Sainte Barbara.
La Niña de los Peines dut déchirer sa voix parce qu'elle se savait écoutée par une élite qui ne demandait pas les formes, mais la moelle des formes, une musique pure avec un corps ténu qui pouvait se maintenir dans l'espace."

Lorca met ici en scène magnifiquement dans Théorie et jeu du duende, Pastora Pavón, la Niña de los Peines, chanteuse flamenca iconique de son époque. Sous une lumière aussi tragique et noire que jubilatoire, elle fut certainement pour lui, l'instrument d'une révélation ou d'une confirmation de ses sentiments les plus intenses et profonds quant au monde gitan. 
Mais si tous les artistes gitans sont susceptibles d'évoquer cet agent provocateur caché sous l'appellation énigmatique du duende, vivre sa rencontre sans artifice sur la ligne de crête de l'inconnu, c'est autre chose. Le monde du chant gitan auquel Lorca fait référence, c'est celui du Cante jondo, le Chant profond. Il se trouve que dans les années vingt, dans l'univers déjà assez florissant des cafés cantantes, ce chant intime et non calibré, risque aux yeux de Lorca de disparaître au profit d'un flamenco dirigé vers le public, abusant des effets roucoulants du bel canto italien, tandis que le Cante jondo lui, est d'abord un chant authentique, sauvage, d'essence spirituelle, venant des profondeurs historiques de la diaspora gitane, c'est-à-dire de l'Inde. Ce trésor archaïque qui n'a perduré jusque-là que dans un espace rural et familial mais aussi de façon un peu illusoire et contradictoire dans les premières conceptions de Lorca, au cœur d'un temps devenu éternellement et purement hispanique, risque alors le suicide ethnocidaire. Pour empêcher ce drame, il crée, en compagnie du compositeur Manuel de Falla, le premier Concurso de Cante Jondo, inauguré en 1922 à Grenade. 

Duende est un mot très ancien, d'origine probablement indienne, sanscrite, à l'image des Gitans venus du Rajasthan, un mot qui incarnerait une des appellations du divin. Mais pour Lorca, le concept ou l'origine, ce n'est pas ce qui compte. 
" Ainsi, le duende est un pouvoir et non un faire, c'est une lutte et non une pensée. J'ai entendu un vieux maître guitariste affirmer : "le duende n'est pas dans la gorge ; le duende monte en dedans depuis la plante des pieds. C'est-à-dire qu'il n'est pas question de moyens, mais de véritable style de vie ; c'est-à-dire de sang ; c'est-à-dire de très vieille culture, de création active."

Dans le langage populaire andalou, le duende c'est également un petit démon familier de la maison, un lutin qui met le souk quand ça lui prend et sur qui l'on jure quand tout vous échappe des mains. Chez les Gitans, vivant assez souvent dans la précarité et les emmerdements, ça n'est pas vraiment là qu'il surgit. Non, ici les dégâts familiaux se font presque tout seul. Mais quand après une journée de malices bien remplie chez les bourgeois, le duende rapplique dans le soir brûlant du monde flamenco, c'est pour passer aux choses sérieuses si l'on peut dire. Et selon Lorca, ça fait possiblement de la très grande musique. 
" Dans toute l'Andalousie, roche de Jaén et coquillage de Cadix, tout le monde parle constamment de duende et sait le découvrir dès qu'il apparaît, avec un instinct très sûr. Le Lebrijano, merveilleux chanteur, créateur de la Debla, disait : Les jours où je chante avec du duende, je ne crains personne ; et la vieille danseuse gitane La Malena, un jour ou elle entendait jouer un fragment de Bach par Braïlowsky, s'exclama : "0lé ! Là, il y a du duende !"  Ensuite, elle s'ennuya avec Glück, avec Brahms et avec Darius Milhaud. 
Et Manuel Torres, - je n'ai connu aucun homme avec autant de culture dans le sang, - dit, en écoutant Manuel de Falla jouer lui-même son Nocturne du Generalife, cette phrase splendide : "Tout ce qui a des sonorités noires a du duende ". Et il n'y a rien de plus vrai."

Une question matérielle s'ouvre alors, tout aussi mystérieuse. Que sont ces sonorités noires ? Sont-elles seulement des accords singuliers, des expres­sions harmoniques liés à une chaîne de sentiments particuliers ?
La mère du jeune Federico est une institutrice mariée à un riche propriétaire terrien aux convictions libérales, membre de la bonne société de Grenade, la pire d'Espagne selon Lorca. Elle lit le soir Victor Hugo aux employés de la ferme, mais pour le juvénile et génial touche-à-tout, c'est la rencontre avec l'univers douloureux, combatif et festif des Gitans et leur cosmogonie étoilée, qui lui ouvre un horizon de non-conformisme, de liberté et d'authenticité, qui lui faisait si fortement défaut. Dans une Espagne confite en religion, d'une extrême violence sociale, violence exacerbée par la perte de ses dernières colonies et du sentiment de sa superbe nationale, tout peut-être source d'inquiétude pour Lorca. Son homosexualité, ses activités de dramaturge dans la Barraca, un théâtre ambulant, fruit en 1931 de la fragile et toute jeune, seconde république, ses sympathies de gauche comme son excentricité et sa sensibilité d'extralucide, oui, tout ça ne peut que le remplir d'un sentiment de péril tragique et fatal.
Au zénith de sa courte vie, c'est non seulement chez les Gitans, mais plus encore sans doute, dans l'arène des corridas, que va se résoudre le nœud gordien de sa condition psychique et sociale. Une autre énigme fondamentale qui laisse entrevoir la faille principale régissant le rapport du poète à l'exaltation flamenca.
" Dans tout pays, la mort est une fin. Elle arrive et on ferme les rideaux. En Espagne, non. En Espagne, on les ouvre. Beaucoup vivent là-bas entre quatre murs jusqu'au jour de leur mort, et on les sort au soleil. En Espagne, un mort est plus vivant comme mort qu'en nul autre point du globe, son profil blesse comme le fil d'un rasoir. (...) L'Espagne est l'unique pays où la mort soit le spectacle national, où la mort fait longuement sonner ses clarines à l'entrée des printemps, et son art est toujours régi par un duende incisif, qui a créé sa différence et sa qualité d'invention."

C'est vrai que l'on sacrifie avec beaucoup d'imagination et de constance dans l'histoire espagnole. Au début du vingtième siècle, outre la corrida taurine, ce "drame religieux authentique où comme à la messe, on adore et sacrifie un Dieu" (sic) l'ombre d'anciennes festivités menace encore. La chasse aux Maures et aux Gitans, la Sainte Inquisition, le pillage des Amériques et autres gratitudes colonisatrices, sans oublier les guerres napoléoniennes, et garant de toute cette dramaturgie implacable, le pouvoir sans partage d'une oligarchie politique et religieuse éternellement cynique et dominante. 
Pour un artiste funambule dansant sur des cordes de pendu comme l'est Lorca, il s'agit d'abord de survivre dans un état de guerre sociale et psychologique perpétuel. Un état psychotique et hypnotique où l'invisibilité et la verticalité d'une supposée omnipotence divine s'inscrit de plus en plus chez une majorité de déclassés, comme l'expression d'une malédiction et d'une monstruosité qu'il va falloir abattre dans la colère et la rage. Dans le sang, inévitablement. Pour Lorca, plus hanté d'un fatum inexorable, plus éduqué, plus habitué à composer intellectuellement avec les ingrédients de cette domination implacable, ne serait-ce que par protection et par défaut, l'arène oui, peut se présenter comme le lieu idéal et flou d'une compensation sacrificielle. 

Le taureau, animal puissant et libre jusqu'à son entrée dans les coulisses de l'arène, incarne alors, tel Remus, le frère jumeau de Romulus, la part non asservie, heureuse et courageuse de l'humain, à laquelle il faut renoncer pour entrer dans le cercle maudit des remparts et des pulsions morbides.
" ll semble que tout le duende du monde classique se retrouve à cette fête parfaite, manifestation de la culture et de la grande sensibilité d'un peuple qui découvre dans I'homme ses meilleures colères, ses meilleurs accès de bile et ses larmes les meilleures. Dans la corrida comme dans la danse espagnole, personne ne se divertit ; le duende se charge à travers le drame de faire souffrir des formes vivantes, et il prépare les échelles pour permettre à la réalité de s'évader."

Il y a évidemment quelque chose de répugnant dans cette escroquerie intellectuelle de Lorca, mais peut-être plus encore, quelque chose à comprendre derrière cet aveu d'évasion de la réalité. Lequel pourrait être un renoncement instinctif, mécanique et paradoxalement vital, face aux signaux d'une intuition inéluctable et désespérée. Cette faiblesse entraînera certainement un désamour douloureux chez beaucoup de ses lecteurs ou spectateurs, jusque-là enthousiastes. Associer dans le même processus, un chant ou une danse capables de dire la douleur et la fragilité de l'être humain devant ses propres limites, et en cela de les transcender en toute plénitude, associer cette puissance résiliente avec le sort d'une bête emprisonnée, manipulée, aveuglée, torturée et finalement mise à mort, est d'abord pathétique. Au sens plein du terme. Mais pour Lorca, qui ne cessait d'arrêter les pendules et les horloges du domicile familial, n'est-ce pas précisément la preuve d'un sentiment puissant et inconscient de son propre enfermement ?
Car l'arène taurine est l'ombre d'un cirque plus vaste, l'ombre d'une auréole flottante plus insatiable que la cour du Roi et qu'aucun Rubicon ne borne. Dans le déferlement de la piétaille aux crânes de plomb (dixit Lorca) remontant des profondeurs historiques pour abattre le poète le plus en vue d'Espagne comme signe premier de leur angoisse d'insectes, de leur angoisse devant un monde en voie de libération, sa poésie géniale pèsera moins lourd que le souffle d'un taureau se battant pour survivre. 
Non, Lorca le visionnaire n'a pas su voir là, dans l'angle mort de sa propre destinée, dans son incapacité à s'arracher des lieux fermés du drame espagnol, la duplication et la multiplication des forces d'attraction sacrificielles et sadiques, qui deviendront avec la guerre civile totale, et aussitôt après, avec la seconde guerre mondiale, un rituel généralisé.
(...) le duende n'arrive que s'il voit la possibilité de la mort, s'il est certain d'errer dans la maison, s'il est assuré de bercer ces branches que nous portons tous et qui n'apportent pas, qui n'apporteront jamais de consolation.

A l'écoute de celle chez qui les fleurs, les montagnes, les vers de terre, Luciano Pavarotti, le Gulf Stream, Nina Simone, Joan Baez, Victor Jarra et l'ensemble des malheureux, des résistants, des martyrs, des éléphants, des baleines, des cachalots et des minotaures encore en vie, dansent et respirent dans sa voix, la tenant pour celle du siècle, à l'écoute du chant miraculeux de la bien nommée la Negra, de son vrai nom, Mercedes Sosa, on se dit que Federico s'est trompé de peu. 
Car Mercedes, qui n'a pas écrit un seul couplet des splendides chants-poèmes qu'elle a magnifiés sa vie durant, incarne au centuple ce don de recréation perpétuelle et de puissance aimante et intrépide dont il a cherché sans cesse à s'approcher.
Dans une rencontre improbable entre lumière et matière noires, enveloppé de la voix lactée de cette géante de retour dans une Argentine encore sous la botte fasciste, et alors qu'elle reprend Gracias a la vida, la sublime chanson de la Chilienne Violeta Parra (9) on peut entendre, là où les fruits de leurs univers magiquement mêlées seraient producteurs d'une conscience plus vaste, ce que porte la poésie la plus clairvoyante de cette conférence, et que ce jeune homme offrait sans calcul au monde, "une brise à l'odeur de salive d'enfant, d'herbe foulée et de voiles de méduse qui annonce le baptême sans cesse renouvelé des choses qui viennent de naître." 

             Cham Baya  © Décembre 2020

  .


(8)  Romance de la luna, luna 
(Romancero gitano)

La luna vino a la fragua
La lune vint à la forge
con su polisón de nardos
avec son jupon de lys
El niño la mira, mira. 
L’enfant la regarde la regarde
El niño la está mirando. 
Oh comme il la regarde
En el aire conmovido 
Dans l’air stupéfait
mueve la luna sus brazos
la lune balance ses bras
y enseña, lúbrica y pura,
montrant lubrique et pure
sus senos de duro estaño. 
ses seins de dur étain.

Huye luna, luna, luna.
sauve-toi lune, lune, lune,
Si vinieran los gitanos,
Si les Gitans venaient
harían con tu corazón
ils feraient de ton cœur
collares y anillos blancos.
colliers et anneaux blancs.

(...)

PACO IBÁÑEZ: ROMANCE DE LA LUNA LUNA. VERSIÓN 1964 Y VERSIÓN 2008 © Miguel Angel Alcedo Letran


Paco Ibáñez Romance de la luna luna 1964

https://www.youtube.com/watch?v=HwJKOsY_dw0
C'est à Paco Ibáñez que l'on devait de partir le matin au boulot ou au collège, en chantant la poésie de Lorca, de Gongora, et de tant d'autres poètes hispaniques. Comme l'avait fait Brassens, avec la poésie francophone.
Brassens dont il était un ami, et qu'il a bien sûr traduit et chanté en espagnol.

(9) Merci à la vie
(Gracias a la vida - Violetta Parra.  Chanté par Mercedes Sosa)

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné deux étoiles et quand je les ouvre
je distingue parfaitement le noir du blanc
et en haut du ciel son fond étoilé
et parmi la multitude l'homme que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné l'ouïe qui dans toute sa portée
enregistre nuit et jour grillons et canaris
marteaux, turbines, aboiements et averses
et la voix si tendre de mon bien-aimé.

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné le son et l'alphabet
avec lui les mots que je pense et déclare
mère, ami, frère et la lumière qui éclaire
le chemin de l'âme de celui que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné la marche de mes pieds fatigués
avec eux j'ai parcouru les villes et les flaques 
les plages et les déserts, les montagnes et les plaines
et ta maison, et ta rue, et ta cour.

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné un coeur qui vibre
quand je regarde le fruit du cerveau humain
quand je regarde le bien, si éloigné du mal
quand je regarde le fond de tes yeux si clairs.

Merci à la vie qui m'a tant donné
elle m'a donné le rire elle m'a donné les pleurs,
ainsi je distingue bonheur et déchirement
les deux matériaux qui composent mon chant
et votre chant à vous qui est le même chant
et le chant de tous qui est mon propre chant.

Merci à la vie 
Merci à la vie
Merci à la vie
Merci à la vie

Mercedes Sosa en Argentina - 06- Gracias a la vida © santicatalan

Mercedes Sosa  Gracias a la Vida de Violetta Parra 1982
https://www.youtube.com/watch?v=oo386eCD_ko
Grâce, courage, magnétisme et culture poétique totale.
Une voix qui rend le monde plus vaste.


La poésie ou la guerre. De Bidinte à Alana Sinkëy, le chant profond du monde (3)

https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/151124/la-poesie-ou-la-guerre-de-bidinte-alana-sinkey-le-chant-profond-du-monde-3
C'est un chant humain irrépressible sans frontières qui nait où il veut, quand il veut et tous les jours chez certains. Sans patrie, sans État, cette conjonction stellaire surgie des racines de la terre et si souvent de la poitrine des femmes, s’empare du cœur de ceux qui l'entendent, faisant exploser d’un battement d’aile les lourdes portes de Rome l'ancienne, arène déchirée aux confins du monde

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