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Billet de blog 15 novembre 2024

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La poésie ou la guerre. De Bidinte à Alana Sinkëy, le chant profond du monde (3)

C'est un chant humain irrépressible sans frontières, qui nait où il veut, quand il veut et tous les jours chez certains. Sans patrie, sans État, cette voix surgie des racines de la terre, du ciel, et si souvent de la poitrine des femmes, s’empare du cœur de ceux qui l'entendent, faisant exploser d’un battement d’ailes les lourdes portes de Rome l’ancienne, cette arène déchirée aux confins du monde

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Aquí, la versión española :

poesia-o-guerra-de-bidinte-a-alana-sinkey-el-cante-jondo-del-mundo-3-1 (pdf, 142.5 kB)

Les Gitans, fils du vent, fruits des amours du chant et de la danse, viennent en dansant depuis plus de 1000 ans, du Rajasthan. 
Où le monde commence-t-il ? Dans les yeux des femmes et des hommes qui ouvrent leur portes à l’horizon en souriant. Et partout où la bonté et la beauté font tourner les cœurs.

Indian Rajasthan Banjaras Gypsy dance
https://www.youtube.com/watch?v=w8cZL37Y_Wk&list=RDw8cZL37Y_Wk&start_radio=1

Banjaras - Sand, Sensuality and Color © pqumar

Au nom de la démocratie, au nom du Père, au nom de l'Etat, ça vole, ça torture, ça génocide et dans leurs bruits mécaniques, les aliénés du pouvoir jurent que chacun de leurs crimes est juste. Petits maîtres de colonie, petits voleurs de terre, terreur de vivre et d’aimer déguisées en suicide de l’horizon, leurs calculs sans fin sont juste des crimes en effet. Mais la planète respire, la planète voit, la planète entend et partout où s’offre la vie, partout où s’élèvent les voix libres, s’élève le chant du monde.

J’ai eu le bonheur de présenter lors de plusieurs billets, de nombreux artistes vocaux et intrumentaux exceptionnels, de Palestine, d’Ukraine, d’Argentine, du Brésil, du Maghreb, d’Espagne, d’Egypte, de France, des jazzmen de toutes les couleurs, dont Jim Pepper,  Native American et véritable génie du Nouveau Monde.
Faut-il dire pour ceux que ce chant tient en vie, pour ceux chez qui il incarne la respiration et le banquet humain de chaque jour, que ce repas est aussi précieux que le pain, le vin ou les fruits ?
Aujourd’hui, je voudrais vous faire connaître quelque chose de particulier de cette Afrique de la mer, de cette Afrique de l’Ouest, Afrique de sève, de poésie et de courage, immense réserve de couleurs et de profondeur, Afrique du voyage ou de l’exil, et tout autant, de cette part du soleil blanc ibérique, ce feu de joie de ceux qui savent autant recevoir que donner.

Mais que se passe-t-il soudain ? Quel doute m’assaille ? Est-il seulement possible d’entendre et de faire entendre autre chose que des cris de douleur, de pleurs et de mort ? Et comment puiser des forces de vie quotidiennes et lutter contre la tentation du néant quand un pli du monde robotisé en écrase tant d’autres, si parfaitement démunis ?
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BIDINTE - Ke cu minino na tchora [Official Video] © promonubenegra

BIDINTE - Ke cu minino na tchora
Pourquoi l'enfant pleure-t-il ?

Pourquoi l'enfant pleure-t-il ?
Trop de douleurs dans son corps.
Pourquoi l'enfant pleure-t-il ?
Doit être dégoûté de voir autant de sang.
Les gros oiseaux sont venus
avec leurs corps de feu,
les gros oiseaux sont venus
avec leurs œufs de mort.
Chasseurs inconnus,
par erreur disent-ils
ils ont tiré sur les villages.
Chasseurs noirs comme nous,
se sont trompés
et ont tiré dans les champs.
Les champs ont brûlé
et les villages aussi.
Et ça nous fait mal
notre âme souffre.

Parole et musique de Jose Carlos Schwarz

Arrangement et interprétation de Bidinte
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Aux mille coins de l’humanité, le monde nous parle, le monde nous chante, le grand monde et ses immenses oreilles d’éléphant nous souffle dans les bronches, nous réveille en chuchotant : non, ici, pas de races ! pas de murs d’acier ! pas de calculs d’apothicaire ! Pas de chien de guerre et de tas d’or dur, l’avenir est dans nos yeux, celui des vivants sachant élever la voix et le débat, si près, si loin, derrière les champs asphyxiés, le sable, le vent, les roseaux et les mégapoles débordantes.
Ici oui, artisanat multipiste et traceurs de voies libres, ici enfin, le monde peut s’entendre.

Nos questionnements, nos éclairages, nos dénonciations, nos enquêtes, nos alertes, nos textes politiques, philosophiques, écologiques et nos propositions alternatives, demandent de l’air ! tout autant que du feu. Chantons donc, enchantons-nous ! Au travers de ce billet musical qui sera suivi d’autres, je voudrais faire résonner le grand chant de vie des révoltés, des curieux et des éveillés. Alors avec votre aide, continuons à nous offrir des pistes rares.

El cante jondo, c’est d’abord le chant profond des Gitans, celui du monde hispanique, mais pas n’importe quel chant. Seules les voix qui ne trichent pas. Car il s’agit d’un chant sacré, sacré parce que profond, profond parce que lié à ce qui vibre sous nos pieds, depuis nos plantes dénudées à nos gorges sans peur, depuis nos fronts rêvant à nos yeux ouverts, dans la douleur ou dans la joie des chemins âpres, pas un spectacle ou un concours d’emphase, mais le feu d’une prière indocile adressée à nous-mêmes, qui cloue les notes mortes sur les gradins du vieil herbier.

" Alors, la Niña de los Peines se leva comme une folle, cassée en deux telle une pleureuse médiévale, elle but d'un seul trait le feu d'un grand verre d'eau-de-vie, et se rassit pour chanter, sans voix, sans souffle, sans nuances, la gorge embrasée, mais... avec duende. Elle était parvenue à détruire tout l'échafaudage de la chanson pour laisser passer un duende furieux et incendiaire, ami des vents chargés de sable, qui poussait les auditeurs à lacérer leurs vêtements comme les déchirent les noirs antillais, et presque sur le même rythme, lorsque dans leur rite, ils s'entassent devant l'image de Sainte Barbara.
La Niña de los Peines dut déchirer sa voix parce qu'elle se savait écoutée par une élite qui ne demandait pas les formes, mais la moelle des formes, une musique pure avec un corps ténu qui pouvait se maintenir dans l'espace."
Federico Garcia Lorca   Juego y teoria del duende

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Concha Buika - Nostalgias © Osorio Barbosa


Concha Buika- Nostalgias
https://www.youtube.com/watch?v=6OY-E3KvooA

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Il existe des ferveurs collectives qui sont pour autant des fleuves de grâce et de conscience à 300.000 volt. Sel de la fête, tendresse ou énormité de la voix, sublime, rauque, caustique, salace, érotique ou moqueuse, patience, la brûlure du vent habillera le roi nu. Nos voix acceptées sont les feux les plus éloignés des crimes aveugles de la cité borgne. Feux de joie qui ne drainent jamais les foules machinales, qui ne courent jamais en hordes blindées écraser la parole des enfants et des mourants, car ils sont le souffle même de la vie libre, celle qui vaut pour tous, celle qui danse au milieu du monde. Parfois millions par centaines, étranges et semblables, fêtant toute l’année le retour du printemps, parfois deux inconnus aux yeux brûlants trinquant à la même source, s’offrant tout le jour et toute la nuit pour chanter l’accablement du si long chemin, la si longue marche vers l’océan des possibles.

Fernando Jorge Da Silva Bidinte, né en 1963 sur l’île de Bolama en Guinée-Bissau, n’est certes pas un Gitan d’appellation contrôlée, mais dans ses chants sans limites d’origine, sans autorisation, il est lui aussi un fils du vent. Depuis l’ex-petite colonie portugaise où en 1959 une grève sur le port de Bissau est matée dans le sang, brisant le rêve d’une indépendance que nombreux croyaient possible de gagner pacifiquement, il fallut souvent voler l’horizon du grand large en prenant la mer.
L’indépendance, obtenue néanmoins lors de la révolution portugaise des Œillets, où la résistance de la Guinée-Bissau, un petit pays de 2 millions d’habitants, joua à distance, en compagnie des îles du Cap-Vert, un rôle important, cette indépendance ne fut pas suivie, hélas, à l'image de nombre d’émancipations soudaines, d’une nouvelle donne suffisamment puissante et autonome permettant rapidement et au long cours, une créativité politique et sociale à la hauteur des aspirations de la jeunesse guinéenne.
Vous trouverez un doc France 24, dans les premiers commentaires, avec le Super Mama Djombo, la bande-son de l’indépendance de Guinée-Bissau.

Considéré comme un des chanteurs africains les plus authentiques de la fin du 20e et le début du 21e siècle, Bidinte, c’est son nom de scène, après quelques années passées à Lisbonne, découvre à l’occasion d’un concert qu’il donne à Madrid, la présence de la riche diaspora musicale africaine, en même temps que la capacité exceptionnelle du monde hispanique à générer une autre créolisation, celle de son propre chant. Bidinte s’arrache alors du monde lusophone pour s’installer, difficilement, mais avec enthousiasme en Espagne, au début des années 90.

Sous l’influence de musiciens contemporains du flamenco, un univers qui l’enthousiasme, au cœur d’un pays capable d’absorber impétueusement le monde du jazz et les musiques du monde, il se fait connaître et apprécier d’artistes talentueux et grave de nombreux bijoux, entre profondeur allégorique et joie solaire. Auteur-compositeur, chanteur, percussionniste, guitariste et mélodiste subtil, cet homme éveillé au sourire désarmant, crée une musique éclatante, plus encore dansée que dansante. Entouré de musiciens souvent géniaux, Bidinte sème la joie et la parole libre sans peur. Et décède à cinquante-deux ans d’une attaque cardiaque.
Demasiado corazón.

Mais il y a les pays que l’on quitte et il y a ceux qu’on invente.
Le second miracle de Fernando Jorge Da Silva Bidinte, son héritage au plus profond de la culture musicale populaire espagnole, va s’avérer sans doute celui d’un autre prodige.

Bidinte - Cantiga Pa Alana © Renato Tavares

Cantiga Pa'Alana
https://www.youtube.com/watch?v=lVpgUuzQ3zQ 

L'amour de Nanucha
est déguisé en vent subtil
Et dans sa peau d'ébène
Toutes les couleurs de la lumière s'arrêtent
L'amour de ma fille
quand elle déploiera ses ailes pour voler
sera comme le soleil qui irradie les mers.
L'amour de ma fille
sera comme le grand arc-en-ciel
qui traverse le ciel fraîchement arrosé
Pardonne-moi, pardonne-moi, ma fille !
Jour après jour, je te révélerai
tous les secrets que je porte
au fond de mon cœur
Pardonne-moi, pardonne-moi, ma fille !
Jour après jour, je te dévoilerai
tout l'amour que j'ai pour toi
Cherche-moi, cherche-moi dans le monde !
et je te montrerai tous les chemins
où j'ai marché
Attention à la chance qui est hidalgo
Attention à ta chance qui est offrande
Quelles que soient les manœuvres du monde
oui le monde peut essayer de nous séparer
mais j'ai déjà pris la lune
derrière les morts de mes péchés
pour qu'Alana ait la gloire 
Fille d'ébène
Fais attention au vent
Fille d'ébène
regarde ton destin

Bidinte
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Ce texte est à la fois fort et énigmatique. Une chanson dédiée à sa première fille, Alana, une prophétie affirmant sa protection, mais aussi les dangers du système, et prévoyant néanmoins sa pleine réussite ; un texte mystérieux tout autant, comme si Bidinte pressentait ce qui allait lui arriver. Savait-il quelque chose de sa santé cardiaque ? Je l’ignore pour l’instant.
Bidinte est le père de trois filles, nées de deux unions. Lua la petite dernière, Awini et Alana. Alana est l’ainée. Alana chante. Presque tout. Gracieusement, somptueusement, on pourrait croire, sans effort, souverainement. Depuis plusieurs années, la soul, le flamenco, le jazz, le funk, les ballades, les Beatles, le folk, la bossa-nova ou le gumbe guinéen, rien ne lui est étranger, tout lui semble facile. Avec une voix qui était encore il y a quelques années, un peu haute, juvénile, mais déjà impeccable et inspirée, Alana est devenue célèbre, pour ne pas dire célébrée, dans un pays où le chant est un mode de vie qui vaut tous les sésame. 
« C’est-à-dire qu'il n'est pas question de moyens, mais de véritable style de vie ; c'est-à-dire de sang ; c'est-à-dire de très vieille culture, de création active » dit Lorca.

Au-delà de la problématique sanguine très particulière de Lorca, la fin de presque quarante ans de pouvoir fasciste en Espagne, suivi d’un demi-siècle ouvert sans le terrible plafond de verre fumé du franquisme, laisse enfin respirer autre chose que le morbide viva la muerte. Tout ça étant peut-être au départ, loin des préoccupations d’une jeune femme d’origine bissau-guinéenne, même venue au monde dans un Portugal, lui aussi, post-colonial fasciste. Ce Portugal, qu'Alana finit par quitter, comme Bidinte, pour tenter elle aussi sa chance à Madrid.
Mais la vraie magie, comme l’amour ou la solidarité, ne sont que preuves. Et Bidinte a jeté une bénédiction sur les pas d’Alana. Quelque chose aussi léger qu’une montagne portée par un oiseau.
Pèseront-ils sur son épaule ?

https://www.youtube.com/watch?v=speWvBbq-ss © RecoletosJazz Madrid

Sa maîtrise du chant si précoce, ses premières années de vie madrilène difficiles, entre travail de serveuse et chant dans le métro, tout comme ses racines africaines, ou comme l’héritage artistique et philosophique de Bidinte, ont sûrement rapproché Alana du monde social, culturel et magique de ce chant gitan le plus sincère, le plus essentiel, qu’est le cante jondo. Cette voyageuse née qui parle et chante en portugais, en espagnol, en anglais et dans l’un des plus sublimes créoles au monde, le kriol, celui de la Guinée-Bissau, très proche dans sa forme et dans l’histoire, de celui du Cap-Vert, oui cet esprit libre est un véritable galet lancé en ricochets inarêtables. 
Lyriques, océaniques, mélancoliques, comme pour son père, les voies les plus naturelles, les plus reconnues, ne vont pas lui suffire. Chanteuse et compositrice de Cosmosoul, son premier amour, groupe de soul madrilène réputé, elle l’est également de PATAX, une super ingénierie flamenca, latin-jazz, pop, soul, funk, etc. où elle devient rapidement une étoile multicarte. 

PATAX EN SAN JAVIER - YESTERDAY (LIVE) © Patax

Disons-le simplement, Alana, au-delà de ses dons, de sa sérénité, de son calme océanique, on pourrait dire, de son détachement apparent, est un mystère hors catégorie. Sa présence est impressionnante. Ample, directe, puissante et sans effort, Alana est surement une des plus étranges et radieuses statues vivantes au monde. Quelque chose presque aussi impavide que le hiératisme de Paco de Lucia, l’expression d’une économie dont on peut se dire qu’elle est elle-même son propre Pygmalion. Dans ce charme si terrestre et paradoxalement presque inhumain, les ingrédients de la psyché d’Alana seraient-ils ce messager, cette « brise à l'odeur de salive d'enfant, d'herbe foulée et de voiles de méduse qui annonce le baptême sans cesse renouvelé des choses qui viennent de naître. » 
Federico Garcia Lorca Juego y teoria del duende

En 2022, en pleine régression Covid, Alana enregistrera une performance exceptionnelle qui dépassera en profondeur et en sincérité tout ce qu'elle a offert précédamment en termes d'art authentique. Un concert qui restera dans l'histoire des filiations les plus heureuses et des syncrétismes les plus novateurs de la galaxie flamenca.
Au cœur de la folie tendre et allègre de cet événement qui fera date, quelques mots sur les trois complices qui entouraient Alana Sinkëy. Ce sont trois musiciens espagnols majeurs, qui savent tout jouer, jazz ou flamenco, et qui ici, dans une fusion intimiste échappant certes aux canons les plus classiques du cante jondo - ni palmas, ni danseuse, ni dolorisme - offrent un univers de balades, qui par la grâce poétique et vocale d’Alana et du miraculeux créole guinéen, rejoint le génie du plus authentique cante jondo qui soit.

Bandolero, percussionniste, Juan Sebastián Vázquez, piano, Josemi Carmona, guitare, l’exultation malicieuse avec laquelle ils accompagnent la révolution intérieure perpétuelle d’une chanteuse de cette intensité et de cette sincérité, la tendresse et l’amitié qui habitent le jeu de ces quatre artistes délicats et enjoués, est si exceptionnellement visible que l’on comprend alors ce que signifie réellement l'un des mystères du cante jondo. Ce moment où le duende lui-même reste ébahi sur son nuage de foudre, devant la bonté radieuse et l’amour que ces quatre artistes ont dispensés aux heureux présents et à eux-mêmes tout autant. Quant à Alana, elle réalise ce soir de décembre, le saut interne le plus important. Descendre dans la joie la plus profonde de son humanité, dans un lieu visible et audible pour chacun, où la totalité de ses sentiments vitaux et intimes, fondue au cœur d'une musique si parfaitement accueillante et chaleureuse, ne laisse plus de choix à quiconque, ni aux musiciens, ni au public. Il faut brûler. 

ALANA SINKËY - AC Recoletos Jazz - 22.12.22
https://www.youtube.com/watch?v=PxAlW9az36w

ALANA SINKËY - AC Recoletos Jazz - 22.12.22 © RecoletosJazz Madrid

Vous ne parlez pas espagnol ? Pensez à mettre les sous-titre et à chercher votre langue de traduction à partir de la roue dentée. Ça vaut surtout pour les intermèdes. La poésie des chansons elles-mêmes, n’est pas le fort de Google.

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Dans les commentaires qui suivent ce billet, vous trouverez de nombreuses autres vidéos d’artistes exceptionnels du Cante jondo, ou découverts récemment à l’occasion de ce billet, comme l’enthousiasmant et particulièrement inventif Jorge Drexler, médecin, poète-philosophe, artiste majeur d’Uruguay et partenaire privilégié d’Alana Sinkëy. De même, le chorégraphe Ángel Rojas, tirant sa révérence en faisant voler les frontières barbelées dans les air. Avec Bandolero à la percussion et Alana Sinkëy en maître de choeur. Ou encore le chant sans limite d’expression, d’intensité et de singularité, de cette autre immense chanteuse-poème, Sílvia Pérez Cruz, en fin des commentaires.

Et bien d’autres créateurs de la même trempe, comme le bassiste Richard Bona, les guitaristes et compositeurs Lin Cortés, la voix splendide de Miryam Latrece, le trompétiste cool et lyrique Manuel Machado, la cantaora de pur flamenco, Marina Heredia, avec le grand José Quevedo El Bola à la guitare. Mayte Martín, chantant une superbe milonga dans le même esprit exigeant et subtil de son auteur, Atahualpa Yupanqui. Le contrebassiste Javier Colina et le flûtiste Jorge Pardo, accompagnant avec Josemi Carmona et Bandolero, le regretté virtuose et poète absolu de la kora africaine, Toumani Diabaté. Accompagné dans un autre célèbre accompagnement, par son alter-ego et ami depuis toujours, Ballake Sissoko.

Hesham Essam joueur de oud égyptien, en compagnie du guitariste Paco Soto dans un autre concert totalement envoûtant avec Alana Sinkëy. Egalement une magistrale joueuse d’alto, Vinciane Vinckenbosch. La danseuse toujours novatrice, et ici réellement prodigieuse, Sara Jiménez. Les solaires violoncellistes et chanteurs Nesrine Belmokh et Mathieu Saglio, l'Argentin Calequi et Las Panteras, devenus un instant avec Alana, l’âme révoltée du vieux Madrid. Le déchirant et magnifique chanteur palestinien Mohammed Assaf, ou le duo stratosphérique de Nai Barghouti et Tony Roe au piano. 
Sans oublier, la voix immense de Mercedes Sosa, la Negra, conscience poétique et politique majeure de l’Amérique du Sud en particulier.

Urgence. La poésie ou la guerre. 1 / 2
Poésie musique et angles morts dans le jardin des théories de Theodor Adorno et Federico Garcia Lorca. Une incursion vitale, oh combien d'actualité.
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/131220/urgence-la-poesie-ou-la-guerre-1
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/131220/urgence-la-poesie-ou-la-guerre-2

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