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Billet de blog 18 juillet 2022

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LA GUERRE, LA RUSE, LE CORPS SOUS LES ETOILES (5) Ôte toi de mon soleil !

Où sont les Fanon, Dolto, Deleuze, Foucault, Derrida, Debord, Bourdieux, Weill, Tillion, Leclerc, Halimi, Bloch, Lecoin, Londres, Camus ? Aucun de celles et de ceux-là, n’est mort pourtant, n’est-ce pas ? Qui est mort ici, alors ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Temps de lecture 10 / 15 mn

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Un siècle plus tard, qu’en est-il de l’émancipation des horizons sur l’orange bleue d’Eluard ?
Qu’en est-il de la conjugaison de nos rêves et de nos volontés dans l’édification d’une vie intense et bonne pour tous, alors que semble s'ouvrir en grand les failles d’un effondrement des ressources, pas seulement naturelles, et n’ayons pas peur d’énoncer certains doutes taraudants, tout autant semble-t-il des ressources psychiques, culturelles, et plus inquiétant encore, manipulation et terreurs du jour aidant, affaiblissement des valeurs et des compétences éthiques ? Que se passe-t-il, avec ce qui nourrit d’ordinaire le tréfonds de l’identité humaine, sa relative confiance dans la capacité de l’espèce, à force d’efforts, de compréhension, de sagesse, voire de sacrifices, à sortir de l’arbitraire et à en finir avec les conflits archaïques et le chaos de l’histoire, alors même que nos modes de gouvernances s’apparentent encore au royaume des tyrannosaures, plutôt qu’à l’âge d’or de la philosophie et de la connaissance pour tous ?

Une fois qu’on a dit ça, accordons-nous néanmoins, un temps de suspens, et examinons le principe même de toute déclaration de « catastrophe naturelle ». Et méfions-nous tout autant de ce réflexe intellectuel, assez courant chez les cérébraux bruts de caisse ou volontairement incultes, et qui consiste sous un regard définitif, à établir un diagnostique de baisse de niveau intégral. D’abord parce que le cerveau n’est pas seulement un producteur de sens, de concepts et autres prodiges ingénieux, mais au moins autant, un capteur. Capteur d’ambiance, de tension, de passions, soumis sur le plan psychologique, en particulier dans une période de crise et de manipulations majeures, à l’intertexte du moment, dont nous savons aujourd’hui que ce n’est plus Fanon, Foucault ou Dolto qui l'instillent, mais Véran, Faucci et Drosten. Autrement dit, spasme des fonctions critiques, lorsque Homo gregarius, traversant la rue et sommé de rester dans les clous vu que le feu est rouge, constate que tout s’effondre autour de lui.

Certaines chose capitales s'effondrent d’un coup évidemment, après une longue préparation culinaire ça va sans dire, comme dans toute crise systémique. Ou se sont déjà écroulées parce que trop peu de personne averties y portaient attention. Je ne reviens pas sur le compte des fléaux attendus, que vous trouverez épars dans les volets précédents, et ici même dans un des paragraphes suivants, et qu’à peu près tout le monde agréera comme avérés, je suppose, tandis que d’autres calamités, plus utiles pour certains, mieux considérées, mieux protégées, resteront encore un certain temps accrochées au plafond, cauchemars humains compris, vu que leurs ascendants leur ont appris judicieusement à voler.

Quant à nous, les jardiniers et autres vers de terre, nous continuerons à creuser obstinément la question terrestre, afin d’oxygéner le débat. Et nul ne sait ce qu’il en sortira, nul ne peut prédire l’effet du clonage des benêts qui se voient perpétuellement augmentés et stockés at vitam aeternam dans le cloud pisseux. D'abord, parce que rien n’est stable dans le vivant, à l’image des amours entre le magma et le pergélisol (ça veut dire à peu près la même chose aujourd’hui et leur union est loin d’être un marriage blanc), ou encore dans les constructions humaines les plus planifiées, non, rien n’est totalement et éternellement horizontal, linéaire dans un seul sens et droit comme un poteau d’arrivée planté à la sortie de l'ENA ou d’HEC.
Le foutu poison, c’est l’incapacité définitive des tyrannosaures à se prendre pour des êtres humains, et chez ces derniers, l’inaptitude à guider les météorites. Et ça urge. Car nous sommes en droit, dans un zoo où tant d’entre nous vivent encore dans une précarité abjecte, un monde où la crème de la crème des nantis, 45 personnes, possèdent autant de richesses que la moitié la moins riche de l’humanité, oui, nous sommes en droit vital, de nous renseigner !

Nous survivons dans un asile d’aliénés dirigé par des gloutons décérébrés qui font baver d’envie le moindre alpiniste de bureau, mais qui savent parfaitement la hauteur des désastres exponentiels dont ils sont la cause. Des nantis terrés dans une navette spatiale en papier mâché, nommée crédit social, et à qui il serait temps de rappeler, au-delà la grenade de la guerre en Ukraine ou du Covid sur le gâteau, quelques archétypes d’un eugénisme structurel qui ne dit pas son nom : empoisonnement de l’eau douce, eutrophisation des océans, ruine de l’agriculture vivrière, bouffe industrielle, pollutions chimiques croisées, OGM partout, addiction à Big Pharma, détérioration de l’immunité naturelle, épidémies de suicides, emplois crétins, boulots tueurs, décès précoces, emprise des mafias, violences militaires et policières, suicides professionnels, chômage organisé, licenciements abusifs, clochardisation, enfants et femmes battues, comorbidités, guerres programmatiques, soins palliatifs télévisuels.

Entre ces super prédateurs, ces trous noirs planqués qui tiennent le monde en otage, et les classes moyennes supérieures ou simplement encore préservées, en particulier dans les quelques pays qui contrairement à la France en ont fini avec la bouffonnerie des droits de l’homme payants, afin de les mettre en pratique plus ou moins au mieux, on peut faire illusion certes. Oh, ils ne sont pas nombreux et pas nombreux à être pleinement en paix ces pays où l’on respire et où l’on manifeste sans craindre pour sa vie (1) Et on peut toujours se masquer les yeux sous une focale réduite en se disant, et c’est loin d’être vrai sur tout désormais, que c’était pire avant. C’est la rengaine des béatifiés et des oligarchies financières, ces dernières avouant juste que leurs ancêtres faisaient pire qu’eux. Et que si on les asticote trop, leurs gènes sociaux pourraient bien remonter le niveau.

Depuis vingt ans, nous avons droit à un enchaînement de guerres multiples dans les marges de l’Europe, et aujourd’hui à une mascarade sanitaire mondiale, que d’instinct ou de façon parfaitement cynique, l’essentiel des classes supérieures, dans une alliance plus que trouble, ou au choix, tout à fait attendue, les nostalgiques aveugles des grands soirs et de la pensée magique, ne veulent surtout pas voir s’éclairer. La manipulation incessante du consentement social dans le cadre du suicide schizophrène d’un quatrième pouvoir totalement implosé, ne les a pas troublés d’un iota. Si après ça, vous ne comprenez pas la colère, quand ça n’est pas la haine, que beaucoup de personnes des classes populaires expriment lors des manifestations vis-à-vis des médias mainstream, c’est que vous en êtes, ou que la télé a absorbé ce qu’il vous restait de neurones libres. Pour une partie des désespérés sociaux, épuisés, ballotés, matraqués, énucléés et abandonnés par presque tous, ou, de même paradoxalement, pour la bourgeoisie repue et pour des raisons strictement opposées, faut-il s’avouer que la tentation devient grande d’aller aveugles et sourds au bout de ce cauchemar, sans bouger ?
Ou bien, et ça n’est pas une consolation, tout juste une condition de faisabilité : la place est libre pour créer avec presque tous, non ?

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BALKANIC DANCE © DFAS 2018

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De la même façon qu’entre les deux conflits mondiaux du vingtième siècle, un sentiment apocalyptique a propulsé les caractères les plus inquiets vers une accélération des pulsions morbides et fatidiques, les mêmes évènements, en déchirant les voiles de la condition humaine, ont permis à d’autres, dans tous les domaines, arts, sciences, pédagogie, sciences humaines, conquêtes sociales, etc. de mettre en jeu toutes les puissances de vie en réserve. 
Mais ne soyons pas ingénus pour autant. Une partie de celles-ci, dans le domaine de l’énergie par exemple et de la fuite en avant des modèles scientistes, qu’ils soient capitalistes ou communistes, ont d'abord servi la part la plus insatiable de nos emballements modernes. Plus nous bénéficions d’énergie à l’échelle individuelle ou industrielle, que ce soit en termes de finance, de capacité de production, d’engloutissement de la concurrence, d’entregent social, d’audience médiatique, plus nous en voulons. Idem à l’échelle des grandes communautés, plus nous développons d’infrastructures économiques, de parts de marché, de forces militaires, de sources d’approvisionnement, en particulier de carburants, plus il nous en faut. Jusqu’à toucher les limites entropiques de tout système.

Aujourd’hui, des agents ou des réseaux parmi les plus voraces, émergent à la tête de puissances dépassant en moyens tout ce que l’humanité a connu, dépassant surtout la maîtrise que pourraient en avoir des collectifs conscients de la hiérarchie des urgences vitales. La frénésie des conquêtes coloniales (2) source majeure elle-même des deux guerres mondiales, source de ce sentiment de toute puissance quasi divine devant lequel la vie d’une personne ou d’une communauté, ne pèse rien, nada, ou de même, comme je l’ai traité ici (3) l’expérimentation animale sans limites depuis un siècle, aux chiffres de consommations exponentiels et à l’exact opposé des résultats espérés en termes de découvertes majeures, et qui signalent une constante fondamentale du mal humain. On pourrait d’ailleurs dire du mâle. Du mâle et de son angoisse grégaire, sédentaire, moderne, depuis dix siècles, angoisse du corps de l’autre, angoisse d’un territoire sexuel, spéciste, sexiste, géographique, religieux, philosophique, sociétal, soudain à nouveau potentiellement et mondialement métissé, donc de plus en plus immaîtrisable à ses yeux. Un territoire de vie devenu inexorablement trop grand, trop colossal pour toute prétention de domination, pour toute démence de contrôle. Lesquelles sont fatalement, ironiquement, à l’origine de la mondialisation telle qu’elle s’est déployée de façon martiale et financière.

Qu’en est-il de l’historique guerrier plus ancien ?
On assiste depuis le début néolithique, depuis environ dix mille ans, depuis la maîtrise des pierres dures, puis des métaux, puis de l’architecture de fortification et la maîtrise du cheval, à la création d’un fantôme totémique supplémentaire et généralisé, où le guerrier, loin de se sentir protégé, n’aura de cesse, sous le regard protubérant de ses dieux courroucés, et sans aucune rupture historique décisive à ce jour, de surmultiplier les enfermements, les armes, les conquêtes et les violences tous azimuts, afin de parer au pire. Ce qui, dans une contagiosité élémentaire, n’aura de cesse de le faire advenir en miroir, évidemment. Un processus paranoïaque qui annonce des siècles plus tard, d’horreurs en impostures savantes, outre toute sorte de calamités sur-armées au-dessus de nos têtes, dans la veine des apprentis sorciers qui se la pètent, le gain de fonction débile et sa suprême folie de prévention militaire de la concurrence bactériologique.
En fait, le trivial et bestial marquage du territoire, que décrit Michel Serres dans le Le Mal propre, polluer pour s’approprier. (4)

Un autre corps que celui que nous sommes individuellement, s’ajoute évidemment à nos consciences inquiètes, tout aussi réel, tout aussi capital, terrestre au sens premier et global du terme, et qui, sous l’ambition hilarante d’un quadrillage scientifique à mener à terme, est soumis à une fourberie généralisé de contrôle prétendument responsable, supervision morbide et désopilante quand on sait les ravages en cours ruisselant de la pyramide des gloutons, et depuis si longtemps. Il devient alors urgent de se déniaiser tout de suite et au galop, mais cet organisme sommé d’accepter sa propre altérité dans un système-Terre saturé, tragique, compétitif, c’est nous. Chacun de nous, pas la figure totem d’un être nommé Gaïa, ou Pachamama qu’on peut toujours prier ou brandir dans la nuit du moment. La Terre et ses merveilles ne veillent pas sur nous, elles feraient bien sans, c’est à chacun, à l’échelle de l’espèce, et je parle d’abord des citoyens privilégiés évidemment, de savoir ce qu’il veut, Eros ou Thanatos. Mais si sur certains points majeurs - l’eau, la pollution, le réchauffement, la compétition, la guerre - il faut agir tout de suite, radicalement, en sommant l’ensemble des dirigeants et des dominants, de choisir, eux aussi, entre la vie et la mort, la conscience de ce corps total ne peut se déployer elle, qu’accompagnée par des mouvements patients, radicaux et surtout perpétuels. Autrement dit, vive le gai savoir sous les étoiles, sans soumission, ni terreur, ni rage.
Si nous n’échappons pas fondamentalement aux dingueries grégaires ou aux délires de conquêtes tous azimuts, nous ne résoudrons rien, car nos capacités de destruction sont équivalentes à nos capacités créatives, qui sont paradoxalement, énormes.

Cette réification si criante, incommensurable, immonde dans de multiples domaines, à laquelle il faut ajouter en matière de crimes routiniers et de catastrophe sanitaire au long cours, la consommation délirante de produits carnés, qui, sans parler de la vie atroce que nous faisons vivre à nos alter-animés, en les traitant juste comme de la viande, nous enfonce dans une prolifération de maladies cardio-vasculaires et de cancers en tout genre. Sans oublier la catastrophe écologique des élevages intensifs industriels, qui, à protéines égales, nécessitent 10 fois plus d’énergie fossile que pour leur équivalent végétal et 100 fois plus d’eau. L’élevage bovin étant responsable par ailleurs de 18% des gaz à effet de serre mondial. Tout ça faisant objectivement de nous, des monstres absurdes, des monstres de bonne conscience qui n’ont très souvent, plus aucun ressort critique pour se voir comme ils sont, mais qui votent sagement pour leurs maîtres.

Alors c’est quoi l’antidote ? me demande le corbeau qui loge dans la petite clairière bordant ma masure. Oh, oh, oh... comment il me parle celui-là ? J’observe les mésanges charbonnières lanceuses d’alertes s’inquiéter pour l’intrépide rouge-gorge, ou pour les cavalcades bondissantes des chevreuils. Quel antidote ? Eh, tu déprimes Diogène ? Comment ça l’antidote ? C’est fou ça... J’en sais rien ! Y'a pas de réponse toute prête aux malheurs d’un organisme qui se marche sur la queue ! A une inondation qui trouve pas le robinet, à une civilisation qui se paume dans les égouts, à un cauchemar de grenouille, à un rêve endormi ! 
Oh, quel idiot... T’as raison corps-back.
Allez, debout. Houlahop, un litre de café !

Le défaut de parole, lorsqu'il s'agit d’une énigme, d’une controverse, voire d’une grave incompréhension, en l’occurrence celle dont je vais parler pour finir, et qui, se présentant comme particulièrement sinistre si ce n’est fatale, montre en réalité un défaut d’assurance, un défaut d’articulation, qui me laissent à la fois faussement calme et férocement questionnant. Voilà, je suis toujours sidéré par le renoncement de Mediapart à débattre avec Laurent Muchielli. Qui le proposait aimablement. Faussement ingénu et au dernier degré, je tente encore de comprendre. Vous aviez là un type de gauche, beaucoup plus à gauche et au long cours, que tous les mercenaires masqués que Mediapart a laissé s’installer peu à peu entre nous, ce gars qui a œuvré des années sur les violences faites aux classes populaires, ce type qui ne la ramène pas, ce modeste tranquille, directeur de recherche d’une officine canonique en matière de valeur scientifique, le CNRS, entouré d’une équipe pluridisciplinaire qui comportait tout ce qu’il faut pour aborder sereinement les nombreuses questions imposées par cet étrange visiteur viral, qu’était le Wuhan 1, et de même, le Marseille 4, n’est-ce pas ? Et bien non, il n’y a pas eu débat. Et Muchielli s’est par ailleurs fait, déprogrammer, biffer, dépublier plusieurs fois. Censuré ? Ah non, jamais ! Et d’autres abonnés du blog ont suivi, parmi les plus sérieux. Enzo Lolo, Basic Blog, l’historien Peter Bu, moi-même dans un billet qui traitait, c’est étrange, des conflits d’intérêts dans le monde des médias. Et pour chacun de ces collapses, pas une fois une raison, une raison détaillée, pas un seul argumentaire élaboré pour le justifier. C’est dingue, non ? Pourquoi refuser le débat ? Pas assez scientifique le Muchielli ? Pas assez à gauche ? Mais qui peut se targuer alors et sans fard, d’être à gauche ici ?

Il me revient cette invitation à débattre dans les locaux de Mediapart, avant les élections de 2017, faite à un quidam mielleux, hâbleur, aussi légitime en science que Machiavel, aussi à gauche que Bonaparte, en la personne d’Emmanuel Macron. Lequel allait liquéfier à peu près toutes les institutions de la république française, du Conseil d’Etat au Conseil Constitutionnel, en passant aujourd’hui par le Parlement, et rapidos n’est-ce pas ? Dans les quatre ans qui ont suivi l’invitation.
Et la science politique alors ? Que MDP n’ait eu aucune compétence particulière en matière de santé, de médecine, de recherche médicale, à l’occasion du surgissement de ce machin tout ce qu’il y avait de plus énigmatique à ce moment, soit. Dans un premier temps, c’est dommage et ça n’avait rien de honteux, surtout quand on connait l’inculture volontaire de tant de médecins-dealer n’est-ce pas ? Mais en politique pure et dure, nom de Dieu ! L’élection du Roi de France !

Sur un sujet de santé comme celui-là, un ovni viral, un artefact nasal, il était tout à fait possible de faire appel à contributions auprès de quelques partenaires scientifiques, épidémiologues, virologues, biologistes, connus pour leurs qualités transdisciplinaires, pour leur comportement éthique, et leur indépendance en termes de conflits d’intérêts, n’est-ce pas ? Et puisque Mediapart semble perdurer dans l’idée que la médecine est une véritable science - ce qui est un gag épistémologique que l’immense majorité des médecins non étêtés, contestent sagement, mais passons - une des propriétés canoniques de la science justement, n’est-elle pas que toute propriété, proposition, interprétation, théorème, état des lieux, est justement contestable, n'est-ce pas ?

Depuis deux ans et demi, le débat mondial lui, s’est extrêmement enrichi, bien au-delà de la bonne ville de Marseille, que notre rédaction semble chérir particulièrement. L’avocat Reiner Fuellmich par exemple, organise depuis des mois un très riche symposium de type juridique, réunissant des centaines de juristes, des milliers de scientifiques de plusieurs disciplines, dont de nombreuses sommités reconnues mondialement, et qui ne sont pas toutes d’atroces vipères sataniques nées dans le sous-sol du Berghof de Berchtesgaden que je sache. Ce qui me fait dire que les portes de la connaissance sont désormais grandes ouvertes pour qui veut entendre autre chose que la messe. La porte mondiale des cultures et des sciences qui nourrissent généreusement l’art de soigner ces êtres complexes et riches de ressources multiples, que sont les êtres animés.
Pourquoi alors continuer à scruter par le petit trou de la serrure, une porte grande ouverte ?

Cela dit, je ne sous-estime pas Mediapart au point de supposer que sa partielle ignorance, s’étende également à toutes les questions non strictement médicales, bordant et contextualisant ce fait planétaire et sanitaire majeur. C’est que celui-là marquera forcément une rupture de perception radicale chez l’immense majorité des citoyens, contraints de vivre soudain un entre-deux inhabité, un espace vide, entre ce qui fait d’habitude sens et ce qui fait autorité. Lequel lieu est bien le vortex archétypal où le courage, la culture et le sens critique, dévolus historiquement au journalisme, s’est manifesté cette fois par l’absence totale d’une investigation libre.

Alors si vous voulez comprendre dans les détails comment le monde intellectuel post-seconde guerre mondiale, que ce soit dans les arcanes des pouvoirs politiques et culturels, ou au cœur des organes de vulgarisation grand public, s’est peu à peu affranchi de toute légitimité par la recherche, comment il s’est débarrassé de toute imperméabilité contre la séduction des milieux d’affaire et de leurs collaborateurs politiques, voici ce qu’il faut lire.  Le Manifeste conspirationniste.   

PDF sous l’extrait en dessous

Dans le Manifeste, c’est comme dans le chapo, mais à l’envers. Vous découvrirez toute sorte de personnages capitaux dans la préparation de ce monde muséal, au ventre duquel une équipe de conservateurs, ou de néocons si vous préférez, a décidé gentiment de nous « conserver ». Ou pas. Or, de ces augustes agents de l’ordre vertical, qui n’ont jamais pris le risque mortel de vivre en plein soleil, nous ne savons rien, ou presque, ou peu. La plupart du temps, parce que leur fonction n’est pas de délivrer l’horizon, mais de nous ramener dans la boîte de Pandore, afin d’y mourir, tout simplement. Eternellement. A leur place.
Et c’est implacable. C’est ce que le meilleur du journalisme pourrait offrir aux résistances en cours, aux personnes valeureuses qui sont à la recherche de compréhension des véritables constructions, des véritables ruptures culturelles à l’œuvre dans ces coups d’Etat permanents. Le comité d’écriture anonyme qui signe ce document majeur, offre un ouvrage qui restera dans l’histoire, si histoire il y a encore. Un collectif d’écriture qui fait preuve d’une culture politique, anthropologique et transdisciplinaire d’une très grande richesse, précise, caustique et joyeuse pour autant. Vous trouverez dans les médias grand public, quelques critiques, dont la plupart sont des levés de boucliers en cartons d’opérette. En général, rien, aucune critique de fond élaborée, aucune controverse assumée dans les détails, on ne vous parle que du style. Exactement comme les fact-checkers font avec les publications médicales qui les ramènent sur terre. Ils ne répondent jamais dans les détails, jamais sur le fond. Bullshit jobs. Ils commèrent sur commande, quant à la légitimité putative douteuse de chaque cible qu’ils agressent, omettant ingénument de traiter de la leur, abyssale. Petits mercenaires occultes et incultes, qui se pensent partout.
Lisez trois ou quatre pages du Manifeste, allez chercher n’importe quel de ces article à charge, et faites de même. Vous comprendrez un peu mieux ce que veut dire niveau de compétences.

Il existe au moins une critique élaborée à la hauteur, sur le pertinent Reporterre
Et si conspirer était une bonne idée ?
https://reporterre.net/Et-si-conspirer-etait-une-bonne-idee#nb1
Voici l’introduction de cet article.

« On étouffe ! On étouffe sous les ordres absurdes, les amendes à répétition, les contradictions et les oukases, les pseudo-experts, les mensonges et les vérités qui se transforment au cours du temps, l’impossibilité de discuter et de réfléchir. On étouffe après deux ans d’infantilisation, de déni de l’intelligence collective, d’injures de président, d’enrichissement des milliardaires. Alors qu’on agit face à la pandémie, parce que nous sommes des citoyens et non pas des sujets, nous étouffons sous la morgue de tous ces gens.
Et c’est parce qu’on étouffe que cela fait un grand bien de lire le Manifeste conspirationniste. De même qu’ouvrir la fenêtre est la méthode efficace pour évacuer le virus possiblement flottant dans la respiration commune, de même ce livre est une porte ouverte pour aérer le débat et sortir de l’hébétude collective.
Mais… « conspirationniste », quand même ! Les auteurs anonymes ne sont-ils pas des complotistes de bas étage, comme le prétendent les journaux des milliardaires ? Non, parce que le complot est partout, démontrent les auteurs du Manifeste, la conspiration est inhérente à la vie sociale, et ce sont d’abord les puissants qui complotent : « Il serait saugrenu de se demander s’ils conspirent, les 1 % qui détiennent 48 % de la richesse mondiale, qui fréquentent partout le même type d’écoles, de lieux et de gens, qui lisent les mêmes journaux, succombent aux mêmes modes, baignent dans les mêmes discours et dans le même sentiment de leur supériorité héréditaire. Évidemment qu’ils respirent le même air. Évidemment qu’ils conspirent. Ils n’ont même pas besoin de comploter pour cela. Et de décrire quelques conspirations des puissants qui ont marqué l’époque récente, tel l’essor du néolibéralisme, préparé dès les années 1940 au sein de la Société du Mont-Pèlerin avec Friedrich Hayek et Milton Friedmann, ou la politique des compagnies pétrolières dès les années 1970 pour propager le climatoscepticisme. Il faut sortir de l’image à la Tintin de comploteurs masqués se réunissant en secret pour préparer un abominable forfait. « La conspiration n’a aucun besoin de réunir ses membres. Elle flotte. Son élément est aérien. L’entente, ici, peut rester tacite, diffuse, aussi insaisissable qu’une idée. »

Un extrait du Manifeste.

"Pour que la mystification soit reine, il faut que l’aveuglement soit roi. Pas une seconde de ce monde ne serait possible, si l’on pouvait y exister et voir ce que Kafka y voyait. « Nous vivons tous comme si nous étions des despotes. Cela fait de nous des mendiants. [...] L’angoisse de la mort est seulement le résultat d’une vie qui n’est pas accomplie. C’est l’expression d’une trahison. […] » (Gustav Janouch, Conversations avec Kafka, 1968) (…)
Un mal qui vient de loin et dont on pouvait déjà sentir le souffle mauvais quand, en 1933, l’Exposition universelle de Chicago intitulée Un siècle de progrès adoptait pour slogan : « La science découvre, l’industrie applique, l’homme se conforme. » 
(...) Au fond, toute leur réussite aura consisté à faire passer leur malignité pour de l’intelligence. (…) Ce qui leur donne des airs d’extraterrestres ne provient pas d’une supériorité, mais d’un défaut intime. S’il leur faut à toute force « augmenter l’humain », c’est qu’ils ne le connaissent qu’amputé, et pour rendre cette amputation définitive. S’ils s’activent tant, c’est qu’ils croient leur manque ainsi insoupçonnable, et afin de le retourner, en pouvoir. Le vide qu’ils ont au cœur les rend insatiables. Rien ne parvient à leur procurer la sensation d’être vraiment en vie. D’où leur obsession de régir celle des autres. Ce sont des insecure over-achievers, des surperformants qui ne savent pas où ils habitent – et l’un du fait de l’autre. (…) En cela, leur malignité s’est développée à la mesure de leur manque. Toute leur obsession autour du cerveau, de la cognition et des neurones n’y peut rien : l’intelligence a son siège dans le cœur – cela s’est toujours su. L’intelligence passe par le cerveau, comme elle passe par le ventre, mais sa demeure est le cœur. Car le cœur est le siège de la participation au monde, de la disposition à être affecté par lui et à l’affecter en retour.
Leur rage de détruire le monde sous prétexte de le reconstruire de pied en cap provient de là : de l’amputation qu’ils ont au cœur.
Il ne leur suffit pas de s’être accaparé toute richesse, il faut encore que l’insouciance de ceux qu’ils ont dépossédés les révulse.
Leur ressentiment envers les pauvres est infini. Que les pauvres osent encore vivre, se retrouver voire festoyer suffit à leur gâcher la possession du monde. Ils vivent dans la terreur de leurs propres forfaits. Jamais ils ne nous pardonneront ce qu’ils nous ont fait. »

« La logique semble figurer désormais au nombre des délits. Ne pas se plier aux remèdes d’une civilisation qui rend visiblement malade, quand elle n’invente pas directement les maladies. Refuser d’avaler l’ultime arnaque d’une « croissance verte » qui se commercialise sous les mêmes marques qui ont jusqu’ici tout saccagé. Refuser d’être en paix avec l’existence de Monsanto, car chacun a bien compris qu’il n’y aura jamais d’alternative à Monsanto tant qu’il y aura Monsanto. Refuser de se laisser entraîner, entre deux apéros et un rail de coke, dans le flot suicidaire de cette civilisation. Ne plus rien attendre de la masse hargneuse des adeptes du Grand Sommeil. Bref : prendre au sérieux le fait d’être au monde, vivant, ici et maintenant, et partir de là. Voilà qui vous qualifie d’emblée comme conspirationniste-survivaliste-mystique-sectaire-d’extrême-droite. Et appelle sans tarder l’ouverture d’une enquête préliminaire. Par moments, il nous vient le soupçon que toute cette entreprise d’effroi planétaire planifié autour du Covid vise d’abord à un immense dérèglement de l’instinct de survie, au moment même où celui-ci se réveille, et où tout lui indique qu’il y a urgence à quitter le navire, à arrêter sa course par tous les moyens nécessaires. »

Le document complet en téléchargement ici

anonymous-manifeste-conspirationniste-seuil (pdf, 4.6 MB)

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Schindler's List - The Django Allstars - Official Clip © DFAS 2018

Dernier volet de la série :

La guerre, la ruse, le corps sous les étoiles (6)
Alertez les bébés !
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/180722/la-guerre-la-ruse-le-corps-sous-les-etoiles-6-alertez-les-bebes
Comprendre en sortant des rails dans lesquels nous marchons accablés, d’où nous vient cette incapacité à créer puissamment de la joie et du goût pour l’intelligence de l’autre, plutôt que la guerre, est une chose. Visiter les expériences humaines que ni le présent ni le futur ne limitent, particulièrement celles qui libèrent l’enfance des traumas adultes, voilà sans doute un chemin libre.

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Notes et liens

1) Global Peace Index. Classement 2022
https://www.visionofhumanity.org/maps/#/
GLOBAL PEACE INDEX 2022 - Measuring peace in a complex world
https://www.visionofhumanity.org/wp-content/uploads/2022/06/GPI-2022-web.pdf

« Produit par l'Institute for Economics and Peace (IEP), le Global Peace Index (GPI) est la principale mesure de la paix dans le monde. Ce rapport présente l'analyse la plus complète à ce jour sur les tendances de la paix, sa valeur économique et la manière de développer des sociétés pacifiques. Le GPI couvre 99,7 % de la population mondiale, utilise 23 indicateurs qualitatifs et quantitatifs provenant de sources très respectées et mesure l'état de la paix dans trois domaines, à savoir

- le niveau de sûreté et de sécurité de la société,
- l'étendue des conflits nationaux et internationaux en cours,
- le degré de militarisation. »

En 2016 le même indice, indiquait que seuls 10 pays dans le monde étaient totalement en paix.
Ça s’est tellement arrangé, que la couverture médiatique de ce classement ne parle plus que des dix pays les plus dangereux.
Le classement de la France, le pays des droits de l’Or est tout sauf surprenant. Au 65e rang. Sans considération sérieuse pour les ventes d’armes française à de grandes démocraties comme l’Egypte et l’Arabie Saoudite qui ont tant de mal à faire régner l’ordre et la paix, ces ONG nous veulent vraiment du mal ! Snif...

2) EXTERMINER TOUTES CES BRUTES ! UN VOYAGE À LA SOURCE DES GÉNOCIDE
https://halldulivre.com/livre/9782352043218-exterminer-toutes-ces-brutes-un-voyage-a-la-source-des-genocides-sven-lindqvist/#targetDetail

3) Pulsions de mort ou réveil des consciences ?
https://blogs.mediapart.fr/edition/covid-19-penser-notre-monde-covide/article/191221/pulsions-de-mort-ou-reveil-des-consciences

4) Le Mal propre, polluer pour s’approrier, par Michel Serres
https://www.enviscope.com/serres-polluer-mal-propre/

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