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Fin 2013, proche du défaut de paiement, l’Ukraine est quasiment en faillite. L’Europe, laissant alors le chant libre sur le plan financier à la Russie, décide de ne pas en faire davantage et refuse un prêt de vingt milliards d’euros aux autorités de Kiev. C’est dans ce contexte que Viktor Ianoukovitch, président en exercice, et après moult tâtonnements, décline un Accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne.
Comprendre les éléments-clefs de ce qui va être dénommé Euromaïdan, au-delà des griefs anciens, historiques et considérables que l’Ukraine peut adresser à l’empire russe (1), au-delà de la probité personnelle de Ianoukovitch, n’est pas si simple. L’Ukraine, quatre ans après ces faits, en tant que territoire historique de défoulement international, en tant que zone tampon entre blocs, de terrain de jeu pour services de renseignement et autres OPA exponentielles, sera encore classé par Transparency International, au 120e rang mondial en termes de corruption.
Mais est-ce l’essentiel ? Appréhender ce mouvement social éruptif, implique surtout, de nombreuses années après la perestroïka, de prendre en compte la part des USA dans l’opposition au long cours, extrêmement élaborée, systématique et obtuse, envers la Russie post-soviétique, et en totale contradiction avec les promesses faites à Gorbatchev. Cette dissonance initiée dès la présidence de Georges W. Bush et des néo-conservateurs, illustre le fond idéologique martial d’une nouvelle présidence étasunienne, taxée selon le canular sémantique habituel, de messianique. Contrairement à Georges Bush père, ainsi qu’à plusieurs chefs d’États européens, l’esprit de ce gouvernement et sa politique internationale, qualifiés également de wilsonisme botté, pléonasme signifiant le droit d’envahir tout ce qui relève d’une affiliation magique au 11 septembre, les néocons vont donc rejeter in fine les offres russes issues du démantèlement en grande partie volontaire de nombre d'acteurs économiques et politiques de l’URSS, en particulier celles avancées par son dirigeant d’alors, Mikhaïl Gorbatchev. Trahissant toutes les promesses occidentales de normalisation faites à la Russie et surtout ce que ce changement d’échelle impliquait comme mesures réalistes et désirables aux yeux d’à peu près de tout le monde, les USA en particulier, vont donc refuser tragiquement, compulsivement, d'en finir avec la guerre froide.
Quand la Russie rêvait d’Europe
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/RICHARD/59048
Les évènements sinistres et complexes dits de l’Euromaïdan, qui auront lieu pour l'essentiel sur la Place de l’Indépendance, dite maïdan Nezalejnosti, et qui vont faire une centaine de morts côtés manifestants, 1130 policiers blessés, dont 200 par balle et 17 morts, vont s’avérer, sous l’action des marges de l’opposition, en particulier Secteur droit, groupe ouvertement néonazi, et contrairement à la légende occidentale encore prédominante, un coup d’Etat armé extrêmement violent. Réalisé avec l’aide de paramilitaires nostalgiques du Troisième Reich, parfaitement déterminer à tuer, ce coup d’Etat aura des conséquences désastreuses pour l’Ukraine. Alors que l’enquête débute, le nouveau procureur général ukrainien, Oleg Machnitzki, issu de même d’une de ces mouvances d’extrême droite, Svoboda, déclare que les décès de manifestants ne peuvent provenir que des tireurs d’élite du gouvernement de Ianoukovitch.
Hélas pour cette manipulation supplémentaire, deux documents indépendants extrêmement convaincants, une enquête vidéo allemande très élaborée (1bis) et un appel intercepté entre Catherine Ashton, représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, et Urmas Paet, ministre estonien, documents dont les médias de l’Ouest se garderont bien de dire quoi que ce soit, prouvent de façon concordante que l’essentiel des meurtres par balles de policiers comme de manifestants, sont de façon quasi certaine, le fait de ces mêmes groupes néonazis. (1bis)
A qui vont profiter ces crimes ?
Ces paramilitaires néonazis, ancienne composante de l’histoire ukrainienne, les pays affiliés à l’OTAN, que ce soit les services secrets ou les diplomaties en place, ne les ont « évidement » jamais vu s’installer aux commandes de cette contestation. Etrange angle mort, quand on pense aux milliards de dollars versés durant des années pour soutenir une révolution présentée comme démocratique, qu’elle était plus que sûrement dans la tête d’une majorité d’Ukrainiens de l’Ouest, mais dans un pays aux arrières plans explosifs, déchiré structurellement et historiquement en de multiples composantes idéologiques et plus encore, communautaires. Ce pays qui a subi depuis la fin de l’URSS, un pillage interne de ses ressources du même genre de ce que la Russie a connu, est devenu depuis lors, un des pays les plus pauvres d’Europe, dans le même temps où les oligarques les plus cyniques ont pu jouer tranquillement au Monopoly avec le feu. En finançant entre autres, certains de ces groupes paramilitaires, tel Igor Kolomoïski avec le bataillon Azov.
Sur les évènements du Maïdan, je conseille avant tout, outre une série d’articles du Monde diplomatique, présentés plus bas, (3) l’article paru dans les Temps Modernes, du philosophe et écrivain Marc Sagnol, en poste à l’Institut français de Kiev lors de ces évènements. (2). Ses propos très circonstanciés compléteront utilement l’article de Wikipédia, cette encyclopédie vivante étant désormais aussi peu lissée et manipulée, libre et désintéressée, que Google ou Meta/Facebook.
Et pour un regard plus récent, extrêmement vivifiant :
"Comment l'Occident a apporté la guerre en Ukraine". Et comment en sortir.
https://blogs.mediapart.fr/prades-cie/blog/100623/comment-loccident-apporte-la-guerre-en-ukraine-et-comment-en-sortir
« Benjamin Abelow est un Américain, médecin et historien de l'Europe moderne. Il écrit sur les politiques militaires nucléaires et les traumatismes de guerre. Il est l'auteur de "Comment l'Occident a apporté la guerre en Ukraine : comprendre comment les États-Unis et les politiques de l'OTAN ont conduit à la crise, à la guerre et au risque de catastrophe nucléaire ».
Par PRADES & Cie, sur Mediapart.
Qu’en est-il par ailleurs, de la Crimée ? Cette péninsule au climat quasi méditerranéen ? Sa profondeur historique et culturelle s’avère elle aussi, forgée de très nombreuses influences. Pour les plus récentes, tatar à partir du 13e siècle, ottomane au 15e siècle, puis russe au 18ᵉ siècle. Là aussi, j’ai aujourd’hui un point de vue bien différent de celui que la presse occidentale n’a pas cessé de promouvoir sans états d’âme à l’occasion de la sécession de la Crimée. Envahissement ? Coup de force de la Russie ? Quel que soit l’avis que l’on porte sur le régime poutinien, et vous pouvez imaginer sans peine ce qu’est le mien si vous avez lu les deux billets précédents, pouvons-nous faire preuve d’un minimum de cohérence historique ? Il n’est pas nécessaire à ce point de visibilité de l’agression actuelle de la Russie, d’approximations supplémentaires pour dénoncer la nature impériale et à ce titre, extrêmement néfaste pour le monde de sa gouvernance d'aujourd’hui. Comme le sont, à hauteurs et à titres divers, d’autres hégémonies impériales, telles les USA, la Chine, le Royaume-Uni ou la France. Mais non, la Crimée n’est pas une entité au passé particulièrement ukrainien, c’est peu de le dire. Après des peuplements aussi variés que scythes, grecs, romains, byzantins, génois, arméniens, mongoles, turcs (tatars et ottomans), puis russes, la Crimée a été rattachée volontairement par le gouvernement Kroutchev, à l’Ukraine, en 1954, alors que l’une et l’autre faisaient partie du bloc soviétique. En 1991, elle obtient un statut de république autonome de Crimée.
Au bout d’une histoire très compliquée qui évoque d’autres associations forcées d’après-guerre, telle la Yougoslavie, la sculpture de l’Ukraine, à la hussarde, pour ne pas dire à la tatare ou à la cosaque, montre aujourd’hui à quel point certains espaces trop désirés, et pour des raisons multiples, parfois parce qu’imprenables, deviennent alors des bombes à retardement.
Seuls 15 % des Criméens se considèrent de nationalité ukrainienne, et 96,77 % des votants du référendum d’autodétermination, ont choisi d’être rattachés à la Russie. Un référendum organisé à la suite du coup de force du Maïdan, qui a rapidement amené au pouvoir à Kiev, cinq ministres, dont le vice premier ministre et plusieurs gouverneurs, sans oublier le procureur général ukrainien, tous issus de mouvements ou de bataillons d’extrême-droite ou ouvertement pro-nazis (Svoboda, Pravy Sektor, Régiment Azov). Avec à la clef des menaces d’interdiction de la langue Russe, langue parlée par tout le pays, quand ce ne sont pas, venant de certaines personnalités de cette même obédience, des menaces proférées contre les partis de gauche, ou d’eugénisme contre la population russophone d’Ukraine. (1). Alors oui, la Crimée a voté clairement pour être rattachée à la fédération de Russie, c’est indiscutable et c’est leur droit.
Pour finir sur les éléments majeurs, ayant précédé, structuré, favorisé l’envahissement de l’Ukraine, et il s’agit je pense, de considérations capitales, aux conséquences mondiales, je rappelle et conseille donc plus que vivement, le dossier complet qu’y consacre le Monde diplo. (3) Tout en affirmant que « l’attaque de l’armée russe contre l’Ukraine représente une violation caractérisée du droit international et de la Charte des Nations unies », le Monde diplomatique rappelle que « la crainte de voir l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) camper à ses frontières, contrairement aux engagements pris par les États-Unis au moment du démantèlement de l’Union soviétique » constitue, depuis plus de trois décennies, une politique de reniements des engagements précis, hélas pas strictement, toujours écrits, mais aujourd’hui déclassifiés, et dont le but principal fut d’empêcher à tout prix la Russie, de rejoindre pleinement l’Europe.
Dans un article de David Teurtrie, Ukraine, pourquoi la crise, publié en février juste avant l’envahissement, le Monde diplomatique rappelle « qu’au-delà des facteurs conjoncturels à l’origine des tensions actuelles, force est de constater que la Russie ne fait que réactualiser des demandes qu’elle ne cesse de formuler depuis la fin de la guerre froide sans que l’Occident les considère comme acceptables, ou même légitimes.» (3)
« En toute logique, la disparition du pacte de Varsovie aurait dû conduire à la dissolution de l’OTAN, créée pour faire face à la « menace soviétique ». Il convenait de proposer de nouveaux formats d’intégration pour cette « autre Europe » qui aspirait à se rapprocher de l’Occident. Le moment paraissait d’autant plus opportun que les élites russes, qui n’avaient sans doute jamais été aussi pro-occidentales, avaient accepté la liquidation de leur empire sans combattre. »
Où l’on découvre que la Russie de Gorbatchev, et pas davantage en fait, la Russie des débuts de Poutine, n’ont refusé les premiers pas et les engagements forts pour sortir de la guerre froide. Basés entre autres, sur des documents déclassifiés, ces éléments montrent preuves à l’appui que malgré l’aura et la sincérité de Gorbatchev pour sortir à la fois d’une crise économique endémique, pour en finir avec la terreur nucléaire et les ressentiments mutuels entre les deux blocs, pour signer des partenariats ambitieux avec l’Europe et les USA, et malgré les nombreuses personnalités occidentales qui annonçaient clairement à ce moment-là, vouloir en finir avec cette course à l’échalotte atomique, dont Kohl, Mitterrand, Bush père, et même sous condition, Thatcher, ce sont les forces les plus bellicistes, les plus à courte vue, qui ont finalement donné le la. En particulier Georges W. Bush et toute sa bande de néocons., dans une optique messianique publicitaire aux soubassements parfaitement triviaux, comme la guerre en Irak l’a montré, et surtout dans leur volonté devenue sans objet, mais clairement affichée, d’obtenir une victoire définitive sur la Russie.
A part ça, seuls les complotistes complotent.
Profitons-en d’ailleurs pour rappeler que le concept central des énigmatiques humoristes noirs de la Bande des quatre, malgré son tropisme chinois (complot, comploteur, complotisme et complotiste) a largement bénéficié des agissements foldingues des deux états les plus concernés encore aujourd’hui, les USA et L’URSS, en particulier tout au long de la prétendue guerre froide, jusqu’à son moment le plus chaud : right now.
Mais ne rions pas tout seul. Voici tombant des nues, au cœur de mes recherches les plus intraterrestres, un article d’un quotidien de la préhistoire française, qui malgré sa réputation de canard pour grands bobos, avait encore... des lecteurs, et du coup, quelques précieux bijoux de famille. Comme celui-là.
Et si la guerre froide n'avait été qu'un complot américain ? Par Patrice de Beer
https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/04/25/et-si-la-guerre-froide-n-avait-ete-qu-un-complot-americain_4238390_1819218.html
« Et si la guerre froide n'avait été qu'un complot américain pour contrer une Russie exsangue après la fin de la seconde guerre mondiale ? Cette thèse, fort à l'honneur dans les milieux communistes de l'après-guerre, a été reprise, dans l'hebdomadaire britannique de droite The Spectator, par Andrew Alexander, éditorialiste au quotidien conservateur Daily Mail. Son argumentation paraît convaincante, venant de quelqu'un qui, comme il l'écrit, « n'a jamais été accusé de sympathies socialistes ». Aficionado du film Docteur Folamour, qui « l'a conduit avec réticence sur un long chemin de Damas », le journaliste a été convaincu que ses « vues d'une guerre froide représentant la lutte à mort entre le Bien (les Etats-Unis et l'Angleterre) et le Mal (l'URSS) étaient gravement erronées. L'histoire jugera certainement ce conflit comme un des conflits les moins nécessaires de tous les temps, et sans aucun doute le plus dangereux ». Rappelant les propos du président Truman, qui voulait répliquer « avec une poigne de fer » aux visées « expansionnistes » de Staline, et ceux de Churchill, qui avait repris à Goebbels l'expression « rideau de fer », il explique que la conquête de l'Europe par l'Armée rouge « n'était pas plausible », et celle de la Grande-Bretagne impossible, vu l'état de la marine soviétique. « Même si les Soviets, ignorant la menace de la bombe A, avaient conquis contre toute attente l'Europe de la Norvège à l'Espagne, ils auraient eu à faire à l'implacable adversaire américain ; une guerre ingagnable. En bref, il n'y avait pas de danger militaire. Staline n'était pas fou. Il n'était pas non plus un idéologue communiste dévoué au communisme international. Ce n'était qu'un cruel tyran oriental » qui voulait protéger ses frontières par un glacis d'Etats-tampons et « avait rompu avec Trotski pour proclamer l'idéal du socialisme dans un seul pays ».
La preuve, c'est que le Kremlin s'est brouillé avec les Etats communistes nationaux qu'étaient la Chine et la Yougoslavie. « En Grande-Bretagne, beaucoup regardaient l'âpre conflit entre trotskistes et communistes locaux comme une attraction amusante, une sorte de querelle absurde entre deux groupes de fanatiques sur des points de purisme idéologique. Mais les trotskistes avaient, eux, compris que Moscou avait trahi la révolution mondiale. » (La suite de l’article du Monde, est réservée au abonnés.)
Certes, le Monde ne fait que reprendre ici un article de Andrew Alexander, « probable futur conspirationiste de 2022, fatal repenti de droite en pleine crise angélique, ivre d’auto-reconnaissance éthique, et rare papillon à ranger dans une boîte. »
Ouvrons les suivantes.
A la suite des événements de 2014, sur le Maïdan, de ceux d’Odessa, de la guerre du Donbass (10 000 morts entre 2014 et 2018), et dans le cadre de la sécession de la Crimée, les protocoles de Minsk, puis le second, Minsk 2, vont finalement échouer, Kiev continuant de refuser l’octroi d’une autonomie au Donbass comme le prévoyait le texte. Voués à l’établissement d’un cessé-le-feu et surtout l’établissement temporaire d’une autonomie de ces deux régions administratives, Donetsk et Lougansk,via l’instauration de nombreuses dispositions pour sortir de la guerre, ces protocoles ne seront donc jamais mis en place. Et cela malgré ce que l’actuel président, Volodymyr Zelensky, qui avait obtenu lors de l’élection présidentielle ses meilleurs scores dans les régions russophones, semblait vouloir et pouvoir réussir. L’Ukraine, avec sa majorité politiquement et philosophiquement hétéroclite, pour ne pas dire disparate, et sous la férule des USA, toujours aussi manipulateurs, le voulait-elle vraiment de son côté ? Pouvait-elle seulement le vouloir ?
Qu’est-ce qu’un pays en réalité ? Une histoire taillée dans le marbre ? Dans la chair et la douleur ? Un fantasme ? Une forteresse ? Une utopie ? Une construction belliciste ? Quant un pays accède-t-il à autre-chose qu’à une entité surplombante de domination intérieure en même temps qu’une crainte exogène ? Que peut être un pays, qui ne soit ni une problématique insoluble pour lui-même, ni pour le monde. Est-ce seulement possible ?
L’Ukraine est un vaste territoire, le plus grand Etat strictement européen, un pays majoritairement composé de steppes et de plaines fertiles, aux richesses agricoles et culturelles exceptionnelles, mais aux contours historiques mutants à l’extrême. Coincé, convoité, déchiré, submergé selon les mouvements violents de l’histoire européenne, entre les Mogol-Tatars au sud, l’empire austro-hongrois au sud-ouest, la Pologne à l’ouest, la Lituanie et la Biélorussie au nord, plus tard l’Allemagne, et de tout temps, l’immense Russie, sans oublier avant tous ceux-là, les Vikings Varègues créateur de la Rus' de Kiev, laquelle sera dévastée par un des fils du toujours célébré quelque-part « Grand Exterminateur » Gengis Kan.
Son histoire moderne s’avère de même aussi compliquée que meurtrie, balançant entre le régime du Hetmanat cosaque, et le pouvoir impérial russe, qui impose l’émiettement en gouvernements provinciaux, ou en régions de peuplement libre, comme au sud, la dite, Nouvelle Russie.
En 1917 l’Ukraine se proclame République populaire ukrainienne, une opportunité en écho à la révolution Russe. Une souveraineté néanmoins chaotique et formelle, vécue sous la pression des puissances étrangères, allemande et russe en particulier, et dévorée à l’intérieur par une guerre civile entre bolcheviks ukrainiens et Rada sociale-démocrate (gouvernement Vynnytchenko), puis cosaque (Pavlo Skoropadsky), puis à nouveau sociale démocrate (Symon Petliura) sans oublier l’insurection paysanne d'inspiration libertaire sous l’impulsion de Nestor Makhno. (volet 4)
Une guerre civile comme baptème internationnal en 1917 ?
Là aussi, ça démarrait fort.
La grande famine ukrainienne de 1932/33, va faire elle, entre trois et cinq millions de morts. Fruit crétinisant du premier crime authentiquement scientiste, plus précisément, cadeau du matérialisme dialectique des origines sous forme de prélèvements ultra sévères de la part du grand-frère soviétique, occasion pour en finir avec des structures rurales passéistes n’est-ce pas, qui empêchaient c’est bien connu, l’avènement d’un paradis scientifique sans classe, initié par des prolétaires dictateurs bossant vingt quatre heures par jour, forcément guidés par la police politique la plus intègre au monde, sous l’impulsion éclairée de l’ex-séminariste rangé des croix et des dogmes obscurs, Joseph Staline.
Et encore, les fact-checkers et autres mercenaires infiltrés à MDP, ne sévissaient pas.
Lorsqu’un despote, un tyran, un père de la nation, déclare sa flamme à tel peuple, dont il s’arroge le droit d'affirmer qu’il est son peuple, comme tous les peuples qui l’entourent déjà, à quoi reconnait-on qu’il le fait par amour et totale sincérité ? Dans sa capacité à le traiter aussi cruellement que ses peuples frères.
L’amour de tout démagogue pour ses ouailles devrait être puni d’un orage de sarcasmes immédiat avant tout départ de feu. Les pratiques de la contrainte guerrière sans limites comme soumission idéologique des peuples, sous couvert de doxas religieuses, nationalistes, philosophiques, politiques, etc. sont le lot commun de ce que nous appelons sans rire civilisation. Paravents auxquels on peut ajouter aujourd’hui, les prétextes techno-scientifiques, médiatiques, proto-sanitaires, toutes stratégies criminelles plus fumeuses et funestes les unes que les autres. Qu’elles aient pu perdurer jusqu’à ce jour, qu’elles puissent sévir de façon comparable au cœur de tant d’Etats se proclamant vertueux et exemplaires en démocratie, montre que l’horizon revendiqué d’un futur imprescriptible, qu’il s’incarne dans la figure absente de Dieu ou de son double prométhéen industrieux, ne sont que la pièce maudite, le Joker magique, pour tyrans et peuples opprimés, appelés à demeurer dans l’épuisement, sans qualité.
Quand on examine attentivement et sincèrement cet ensemble dystopique en train d’émerger, avec tout ce que ces cauchemars impliquent de souffrances abominables et d’impasses à l’échèle planétaire, comme le furent la seconde guerre de Tchétchénie, manipulée par les USA, de la même manière qu’ils avaient provoqué la guerre d’Afghanistan (déclaration Brezinsky/Carter), et plus récemment, en compagnie d’autres entités, comme la France en Libye, toujours prête à faire le bonheur de ses intérêts, comment ne pas hurler à la mort ? Les révolutions dites arabes, se sont révélées à l’exception précaire de la Tunisie, héroïques mais vaines, car provoquées et pilotées à distance elles aussi, que ce soit en Egypte, en Libye, en Syrie, au Yémen ou au Bahreïn. Oui, dans ce temps abominable d’involution, les peuples ont eu à payer un prix cataclysmique pour un gain inexistant.
Ecrasement des mouvements civiques, arrestation de masse, tortures systématiques, assassinats, casse des droits, couronnés parfois, pour remercier l’un de nos clients tyrans-démocrates haut de gamme que nous chérissons depuis des lustres, d’une visite officielle dans le Pays des Droits de l’Or. Avec à la clef, une décoration pompeuse de la légion d’horreur digne d’Ubu roi. (4)
Lequel s’est donc enfin trouvé un rôle théâtral à sa mesure.
Loin, très loin de ces pitres saignants et irresponsables que sont nos possédés du pouvoir, passant leurs temps de morts-vivants à diviser le monde, il reste à découvrir ses richesses humaines dans toutes ses variétés hors contrôle, dans toutes ses fantaisies novatrices, ses nuances profondes et ses résistances. Dans mes pérégrinations ukrainiennes, j’ai commencé à découvrir plus qu’une nation au sens classique du terme, un univers. Un univers d’une richesse captivante, intense, à travers justement, son melting-pot ethnique et culturel permanent, et sa sensibilité si particulière. Outre la langue ukrainienne, interdite par la Russie entre 1863 et 1905 ( ça me rappelle quelque chose de bien françois ) et qui, pour un non locuteur, est d’abord un chant, une musique, celle-ci s’est avérée pour moi l’une des plus splendides qu’il m’ait été donnée d’entendre. Vous pouvez en goûter plusieurs aspects savants, ludiques et insolents via deux groupes vocaux contemporains exceptionnels et un cabaret punk féminin joyeusement et radicalement délirant. (5)
Présentation de ces deux ensembles en fin de Notes
avec d’autres liens musicaux
Volet 4
La guerre, la ruse, le corps sous les étoiles. (4) La liberté, ça se donne ?
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/180722/la-guerre-la-ruse-le-corps-sous-les-etoiles-4-la-liberte-ca-se-donne-0 L'anarchisme espagnol et ukrainien du 20e siècle naissant, incarnaient-ils une forme de guerre à la guerre ? Que représentaient-ils de différent des belligérances de conquêtes, de terreur et de spoliation, qu’ils affrontaient ? Auraient-ils pu faire autrement pour défendre et étendre un modèle humain novateur, s’affirmant sur presque tous les plans de la cité et de la ruralité ?
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Notes et liens
1) "Il m'est pénible d'écrire ceci, car l'Ukraine et la Russie se confondent dans mon sang, dans mon coeur et dans mes pensées. Mais une longue expérience de contacts amicaux avec les Ukrainiens dans les camps m'a montré à quel point ils ont une rancune douloureuse. Notre génération n'échappera pas au paiement des erreurs de nos pères. » Soljenitsyne. Cité par Wawa
1 bis) Ukraine : Qui est responsable du carnage de Maïdan ? Une enquête balistique indépendante allemande.
https://www.les-crises.fr/ard-qui-est-responsable-du-carnage-de-maidan/
(ou si la vidéo ne s’ouvre pas) ARD : Qui est responsable du carnage de Maïdan ? Une enquête indépendante allemande.
https://www.dailymotion.com/video/x1qnu74
Ukraine, Appel intercepté Catherine Ashton/Urmas Paet (26/02/14) VOSTFR
https://www.dailymotion.com/video/x1hlm01
Un appel intercepté entre Catherine Ashton, représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et Urmas Paet, ministre estonien, qui montre que trois jours après les massacres sur le Maïdan, ils savent déjà l’essentiel, en l’occurrence, qui a tiré.
Un tribunal de Kiev confirme que les snipers de Maidan ont ouvert le feu depuis l’hôtel Ukraina
https://www.oval.media/fr/tribunal-de-kiev-confirme-les-snipers-ouvert-le-feu-hotel-ukraina/
2) A Kiev en 2014, le philosophe Marc Sagnol a vu venir la guerre de 2022 en Ukraine.
Il livre les clés essentielles du conflit.
https://dudroitdespeuplesadisposerdeuxmemes.wordpress.com/2022/03/21/a-kiev-en-2014-le-philosophe-marc-sagnol-a-vu-venir-la-guerre-de-2022-en-ukraine-il-livre-les-cles-essentielles-du-conflit/
3) Le Monde diplomatique. Ukraine, pourquoi la crise
https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/TEURTRIE/64373
Depuis l’article du Monde Diplo. :
« L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est »
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/DESCAMPS/59053
Quand la Russie rêvait d’Europe
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/RICHARD/59048
« NATO expansion : What Gorbachev heard », National Security Archive, 12 décembre 2017. Sauf mention contraire, toutes les citations sont issues de ces documents.
https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2017-12-12/nato-expansion-what-gorbachev-heard-western-leaders-early
Et plus récemment :
"Comment l'Occident a apporté la guerre en Ukraine". Et comment en sortir.
https://blogs.mediapart.fr/prades-cie/blog/100623/comment-loccident-apporte-la-guerre-en-ukraine-et-comment-en-sortir
« Benjamin Abelow est un Américain, médecin et historien de l'Europe moderne. Il écrit sur les politiques militaires nucléaires et les traumatismes de guerre. Il est l'auteur de "Comment l'Occident a apporté la guerre en Ukraine : comprendre comment les États-Unis et les politiques de l'OTAN ont conduit à la crise, à la guerre et au risque de catastrophe nucléaire ».
Par PRADES & Cie
4) Légion d'honneur au président égyptien: une personnalité italienne rend la sienne
https://www.lorientlejour.com/article/1244703/legion-dhonneur-au-president-egyptien-une-personnalite-italienne-rend-la-sienne.html
Emmanuel Macron décore en douce le dictateur égyptien Sissi
https://www.mediapart.fr/journal/international/101220/emmanuel-macron-decore-en-douce-le-dictateur-egyptien-sissi
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5) GANNA - Spivanka - Live at Theater in Delphi Berlin
Recorded for «Ethnonym» with NGO ALEM
https://www.youtube.com/watch?v=mvIifzXuRI0
GANNA Ensemble – Changes (LIVE at the A-Trane Jazz Club Berlin)
https://www.youtube.com/watch?v=Bc6Qpns8vw8
Ganna Gryvina - SoundCloud
https://soundcloud.com/ganna-gryniva/sets/dyki-lys
Ganna, est un groupe de jazz ethnique internationnal créé par la chanteuse, pianiste et philosophe ukrainienne, Ganna Gryniva. Autrice-compositrice de la plupart de titres jouées, et à l’image de l’Ukraine créatrice et afranchie de ses traumas historiques, son univers musical sent le grand large. Ganna, qui vit en Allemagne, chante essentiellement en ukrainien et joue (ainsi qu’avec d’autres groupes internationaux) en compagnie de plusieurs musiciens particulièrement talentueux, venant de cinq pays différents. Elle est aujourd’hui à mon avis, une des chanteuses de ce courant de jazz lyrique et sophistiqué, les plus inventive et poétique au monde.
Ganna Gryniva - voix, compositions(Ukraine)
Musina Ebobissé - saxophone ténor (France)
Povel Widestrand - piano(Suède)
Tom Berkmann - contrebasse (Allemagne)
Mathias Ruppnig - batterie (Autriche)
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DakhaBrakha: Tiny Desk (Home) Concert
https://www.youtube.com/watch?v=cX8dyBKGGD4
DakhaBrakha Performs « Sonnet »
https://www.youtube.com/watch?v=vF8rurq8P2E
DakhaBrakha - Full Performance (Live on KEXP)
https://www.youtube.com/watch?v=Hxg1dL_x0gw
DakhaBrakha (Ukraine) - Porta 2015 - Concert complet
https://www.youtube.com/watch?v=CaDZ81ikZkA
DakhaBrakha est un quatuor contemporain ukrainien rare. Trois femmes ethnomusicologues, multi-instrumentistes et musiciennes virtuoses, Olena Tsybulska, Iryna Kovalenko, Nina Garenetska, constituent ce groupe, réellement inclassable, en compagnie de Marko Halanevych, lui aussi multi-instrumentiste. Leurs créations mettent en valeur le folklore ukrainien, un fond musical immense, connu pour ses qualités exceptionnelles, mais dans un esprit totalement novateur, incorporant de nombreux autres univers ethniques, russe, orientaux, africains, balkaniques, voire shakespearien ! Ils sont géniaux.
DakhaBrakha est né d’un des projets du Centre d'art contemporain de Dakh, fondé à Kiev en 1994. Plusieurs des membres de DakhaBrakha participent notament au cabaret punk, avant-gardiste, féminin et super péchu, Dakh Daughters
Punk Dakh Daughters on Waves Vienna 2020
https://www.youtube.com/watch?v=e24KbD_nEeA