Le RN et le peuple-classe et ses acteurs de mobilisation
La mobilisation du peuple-classe peut-elle se faire en maintenant des pro-RN en son sein ? On est face à la question de la "conscience triangulaire» du citoyen RN et de sa réponse.
Un préliminaire est obligé sur qui mobilise ? Quel type d'acteur de mobilisation du peuple-classe 99% ?
On rappelle ici que le dit peuple-classe (1) est mobilisable soit par un leader dit populiste de gauche mais avec de possibles ambiguités soit par des syndicats de travailleurs et travailleuses des 99% du public et du privé ou à priori les éléments réactionnaires sont absents. Exemple : En 2023 les syndicats - soit des acteurs de mobilisation internes au peuple-classe et pas en surplomb de lui - ont durablement mobilisé l'immense majorité des classes sociales dominées contre une réforme classiste (2), très favorable à la classe dominante financiarisée et pas contre le voisin "chômeur-glandeur" , et pas plus le voisin islamiste violeur , etc des thèmes connus du RN ou de Zemmour.
Là il est temps d'évoquer la conscience «triangulaire» et RN avant de revenir au peuple-classe mobilisé.
La conscience «triangulaire» et RN
La conscience sociale des ouvriers est souvent opposée au «haut» (de niveau variable) mais aussi au «bas» de la société , à celles et ceux qui sont « assistés » , ce qui donne une conscience «triangulaire» (pour reprendre les termes d'Olivier Schwartz).
Une telle conscience sociale n’aide pas les mobilisations syndicales ou politiques à gauche qui montrent le "1% stratosphérique" (Th Picketty) comme classe sociale tout à la fois dominante et très riche en dividendes.
Par contre le RN comme parti y voit avantage car lui mobilise pas contre en-haut - il soutient les riches tout comme comme Macron - mais il stigmatise beaucoup les « bras cassés » de toute sorte, notamment étrangers mais aussi les chômeurs et précaires "assistés" français.
Le citoyen RN type fait aussi comme si les gauches ne voulaient pas, en matière d'insécurité, rendre justice aux délinquants et criminels, tous pas que le voisin du quartier populaire (QP) en mode chasse au faciès ! En matière de drogue - par exemple - une personne de gauche veut que l'on chasse et punisse les gros malfrats nationaux et internationaux, beaucoup plus sévèrement que le jeune lampiste à cagoule du quartier. La justice n'a pas être plus impitoyable pour les jeunes étrangers que pour les nationaux. En matière de viol idem . Il y a quand même quelques adeptes de la casse d'arabes et de gauchistes chez les gros bras RN à mentalité viriliste (le muscle remplace le coeur et le cerveau) : la police devrait aussi les "coffrer" !
Le RN, comme parti politique (et ses cadres aisés dans la sous-bourgeoisie), trouve en ce cas une écoute qu'il suscite, mais cela fonctionne jusqu’à un certain point, car peu à peu, apparait clairement le grand manipulateur idéologique, soit le riche qui s’engraisse constamment et visiblement, et qui te dit et répète partout "ce chômeur ou cet étranger te vole ton pain" : Là l’entourloupe finit par se voir et c'est heureux !
Certes certains plus enfoncés dans le déni n'en démordent pas : alors il reste à montrer tous les "assistés d'en-haut", tous les corrompus d'en-haut, tous ceux qui placent dans les paradis fiscaux, toutes les "méritocraties lucratives et abusives" ou il y trop d'argent versé pour peu d'apport à la société !
Nul n'est oblige de rester dans l'obscurantisme social du néolibéralisme face à d'autres arguments - que l'on ne voit pas sur C News et autre média droitier pro-MEDEF, pro-FNSEA , pro-1% !
Les "sans" doivent vivre, les gens de peu aussi et toute nation; cela s'appelle la civilisation et c'est le contraire de la barbarie communautariste nationale. Les gens riches doivent reverser le trop perçu à la société pour que ceux et celles d'en-bas vivent mieux. On peut même penser qu'avant de reverser ils devraient gagner moins : les revenus à 5 chiffres par mois posent problème de justice quand on a des revenus à 3 chiffres par mois. C'est une indécence sociale peu évoquée.
Retour aux syndicats et au leader populiste de gauche
Toutes les directions syndicales sont, momentanément au moins contre le classisme - plus ou moins selon le type de syndicat - entendu comme domination de classe, comme lutte de classe venant d'en-haut, mais aussi contre le sexisme et le racisme sous toutes ses formes. On peut certes repérer tel ou tel individu douteux sur tel ou tel aspect d'une oppression mais sur le plan dit sociétal les directions syndicales nationales, régionales, départementales, locales sont exemplaires et fonctionnent comme des avant-gardes qui montrent peu ou prou toutes les émancipations, autant que faire se peu dans une société ou nul n'est émancipé .
Les syndicats sont la vérité approchée du peuple-classe plus que le leader populiste de gauche fut-il très instruit, très expérimenté, mais ici plus soucieux d'une conquête institutionnelle dans le cadre de la démocratie représentative que d'une conquête sociale de l'ensemble de la classe. Nous cherchons à penser pas à accabler le leader de la FI ou un autre .
C'est ici qu'il peut y avoir des divergences sur les alliances : les syndicats cherchent à réduire les divisions internes aux classes dominées - cf oppositions : manuel ou intellectuel, public ou privé, national ou résident, blancs ou pas, hommes ou femmes, etc, etc. - pour "unifier la classe" alors que le leader populiste de gauche va lui, tôt ou tard, chercher une alliance avec un secteur progressiste de la bourgeoisie, bourgeoisie d'Etat ou classe capitaliste privée peu importe.
Ce genre d'alliance laisse du soupçon chez beaucoup de syndicalistes (3 ) et nul besoin qu'il soit marxiste-léniniste ! Un syndicaliste - il faut le rappeler - ne fait pas que mobiliser pour la grève et les manifestations contre le gouvernement, le MEDEF ou la FNSEA ou la bourgeoisie, il passe aussi du temps à négocier avec des directions publiques ou privées pour telle ou telle nouvelle mesure économique et sociale très souvent anti-sociale (donc classiste) et il ne cherche pas alliance avec celui "qui veut le plumer" lui et ses collègues de travail !
Test
Mobilisations prévues contre Macron: l'épreuve de force arrive à la fin des congés d'été : deux sortes à examiner.
- Il y a d'abord une mobilisation citoyenne de gauche pour la démocratie contre le césarisme et le trumpisme de Macron le 7 : on sort le 7 et peut-être le 8 (le Macron de l'été 2024 est non seulement césariste ou bonapartiste (pas nouveau) mais aussi trumpiste (anti respect des votes du suffrage )
- Il y a ensuite une mobilisation syndicale du monde du travail public et privé pour les revendications le 1 er octobre, celles dans le contrat NFP et d'autres.
Un mouvement de colère sociale est possible mais aussi nécessaire
Christian Delarue
Syndicaliste NFP et antifasciste (ni classisme, ni racisme, ni sexisme)
1) P comme Peuple-classe :
2) "C comme classisme" sur Abécédaire citoyen du club
https://blogs.mediapart.fr/edition/abecedaire-citoyen-du-club-2024/article/080824/c-comme-classisme
3) S comme syndicaliste