Néolibéralisme, pouvoirs, argent : quelle critique des « élites » ?
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Sous l’effet de la récente sanction pénale contre Nicolas SARKOZY le regard critique se porte massivement contre les élus de droite : il s’agit plus ici des hommes âgés bien « assis » dans les fauteuils de la République d’en-haut (avec quelques femmes) et qui n’est plus trop celle de la publicité de droite soulignant un peuple des « gens honnêtes » en appui. La droite historique depuis 1976 - RPR, UMP, LR - a produit à son sommet, au fil des décennies, une caste de corrompus. On dira « pas tous » ou même « pas autant qu’avant » (M Duhamel à Mme Royal) ! N’empêche ! On répondra surtout "pas qu’eux" hélas ! Et pas qu’en France !
Bref, un regard critique des élites s’impose. Mais il y a plusieurs élites, le plus souvent nettement érigées au-dessus du peuple sous l’effet de plusieurs décennies de néolibéralisme et d’une démocratie de plus en plus césariste (ou bonapartiste) favorisant une sorte de ploutocratie financière.
Il y a depuis 20 ans environ un autre phénomène à introduire soit une forte circulation des élites entre elles (par pantouflage et rétropantouflage entre trois secteurs) avec cumul des avantages et des réseaux, pratique qui génère des élites dite « priv-pub » (mélange du privé, du public et du politique) ce que rend un effet systémique au pouvoir a-démocratique (cf Thierry Brugvin - en note), voir ploutocratique qu’une certaine fausse polyarchie n’annule pas du fait d’un entre-soi des différentes élites (cf note de bas de page).
Elites, il y a :
1 - celles POLITIQUES : les élites sont ici les élu-es implanté-es durablement dans les institutions politiques et haut plus niveau. On a vu que derrière l’affaire Sarkozy, c’était les « pontes » de la droite RPR et LR - une dizaine (voire plus) - bien assis dans les fauteuils de la République d’en-haut et riche (double pouvoir de situation er d’argent) qui transgressaient les règles de l’Etat de droit.
Pour la défense et rénovation des Services publics et de la Sécurité sociale (qui a 80 ans là en octobre 2025) il y a besoin d'élites de gauche beaucoup plus liées au monde du travail et à un peuple-classe 99% revendicatif au plan social et démocratique qu'aux bourgeoisies du 1% qui veulent les corrompre pour que ces outils ne servent plus les besoins sociaux derrière l'intérêt général mais la dynamique du profit et de la finance ! Besoin d'élites politiques pour la justice qui s'auto-limitent dans la richesse financière acquise (gros revenus mensuels plus les dividendes). A défaut c'est au peuple démocratique de fixer un seuil plafond : X le SMIC (brut ou net ou revendiqué).
2 - celles ECONOMIQUES : les dirigeants et détenteurs du capital privé et les riches du 1% rentiers. Ces classes sociales bénéficient du ruissellement de la finance et des dividendes et ne paient pas les impôts et taxes à proportion des facultés contributives. Cela concerne les 4% d’en-haut (cf courbe en cloche) mais c’est surtout une large fraction du 1% , pas que le 0,1% mais pas tout le 1% qui place dans les paradis fiscaux, lieu de la criminalité financière, prostitutionnelle, militariste (vente d’armes) et de drogues : les 4 grands maux transnationaux.
2 bis : celles BANCAIRES : fraude Com-Ex (Fortis années 2000) et fraude CumCum plus récemment : Pas de la petite fraude anti-fisc d'un petit cadre aisé ! Du gros, du lourd : Ecoutez l'enquête sur ces milliards qui échappent au fisc | France Inter
3 - celles ADMINISTRATIVES, disposant depuis la réforme de fin 2022 d’une carrière avantageuse différente et en surplomb de la hiérarchie de base des trois FP : FPE, FPT, FPH. Si la critique de cet enrichissement de type néolibéral est légitime il convient de souligner qu’une déontologie empêche la corruption dans les administrations ou quand ce n’est pas le cas, elle est sanctionnée. Bemol : Elite de Bercy et les CumCum (renvoi à élite bancaire)
4 - celles MEDIATIQUES : bourgeoisie et sous-bourgeoisie médiatique peuvent servir l’abrutissement, la diversion et pas la citoyenneté critique . Il existe heureusement des journaux et médias indépendants et critiques.
5 - celles de JUSTICE qui défendent un Etat de droit : On peut certes critiquer la justice notamment en termes de sous-pénalisation des uns, sur-pénalisation des autres. Tous ne donnent pas le même contenu à cette distinction entre main légère et main lourde de la justice. Mais on ne saurait contester un jugement autrement que selon les formes requises, sans insultes ni menaces. La dérive actuelle issue du procès Sarkozy est grave et à repousser.
6 - celles INTELLECTUELLES sont soit de droite soit de gauche soit du centre et donc plutôt de droite. Le propos sera ici sommaire :
- Celles de droite glosent souvent contre le wokisme et l’islamogauchisme derrière le RN xénophobe et raciste mais défendent in fine le classisme soit la domination de classe dans et hors travail-emploi ce que conteste tout syndicat authentique. Face à la dette publique, elles sont pour réduire les dépenses de l’Etat social sans jamais faire intervenir l’impôt contre les très riches donc la justice fiscale appui de la justice sociale ou climatique, les riches devant d’abord faire un effort.
- Celles de gauches sont peu ou prou sociales, environnementales et démocratiques, féministes et antiracistes. Elles sont aussi solidaire à l’international sur une base de classe, de peuple-classe 99% .
Il existe un féminisme des 99% car à contenu altermondialiste issu du mouvement Occupy Wall-Street « Nous sommes les 99% » Les « féminocrates » dirigeantes, terme venu des trois féministes autrices du MANIFESTE des 99% exploitent les ouvriers et ouvrières, les employé-es hommes et femmes et ne sont nullement féministes !
On évoque aussi un « écosocialisme des 99% » pour la prise charge d’une perspective d’un socialisme démocratique à contenu écologique de respect de la nature, de la biodiversité.
Toutes les élites ne sont donc pas « stigmatisées » pareillement mais nombreuses sont celles qui ont confisqué ou trahi le pouvoir et la volonté du peuple. La référence au peuple n’a pas à être qualifié de populiste de façon systématique dès lors qu’on défend le peuple contre les élites : De quel peuple s’agit-il ? La critique peut manquer de contenu (en fonction du contexte) et faire le jeu soit du RN soit des droites pro-riches. Trois formes sont à distinguer : - la représentation de la communauté nationale - celle du peuple souverain qui s’exprime lors des consultations électorales dont procède la légitimité du pouvoir politique - celle de la représentation des seules couches populaires !
La fonction incantatoire n’est pas forcement mauvaise : le syndicalisme mobilise contre le classisme du capital et du 1% - plus la CGT que la CFDT (stratégie différente) - toutes les classes sociales dominées au sein du peuple-classe 99% sans biais identitariste, sexiste, raciste, ... sur des revendications sociales et fiscales, dans une perspective d’alternative systémique plus ou moins annoncée et précisée . Et en tenant compte du fait qu'en matière de protection de la nature et de la biodiversité que le 1% pollue nettement plus que le reste de la population (cf Reporterre).
Christian Delarue et Gilbert Guislain
Notes
L’entre-soi des élites fausse la polyarchie et renforce la gouvernance
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/140817/l-entre-soi-des-elites-fausse-la-polyarchie-renforce-la-gouvernance
La courbe en cloche est dans cet article et sur Mediapart
https://amitie-entre-les-peuples.org/Le-classisme-fiscal-est-contraire-a-la-democratie
au plus direct elle est là :
https://amitie-entre-les-peuples.org/IMG/pdf/courbe_fiscal_en_cloche.pdf ?
Le pouvoir illégal des élites
https://amitie-entre-les-peuples.org/Thierry-Brugvin-ou-Le-pouvoir-de
https://amitie-entre-les-peuples.org/Renforcer-les-conflits
Fraude
A voir et écouter :
https://www.youtube.com/watch?v=DX_D777vhL0
et
Les riches et l'écosocialisme des 99% :
Les riches européens polluent plus que les pauvres et de plus en plus.
https://reporterre.net/Les-riches-Europeens-polluent-plus-que-les-pauvres-et-de-plus-en-plus?