Quand j’entends « la France »
Encore sur le trajet allant des privilèges de classe au mépris de classe et variations du combat social d'en-bas contre combat classiste d'en-haut.
France manipulée : Tantôt l’expression reste floue et englobante, visant surtout un extérieur (les immigré-es ou la solidarité avec les palestiniens), cachant de fait une hiérarchie sociale qui reste non discutée (le 1% est alors protégé) et tantôt c’est en ciblant une fraction de la population et pas les plus riches lorsque le propos vient de droite.
Du classisme comme exploitation et domination d’une classe sociale à classisme comme haine et mépris de classe, voilà ce qu’il est possible de percevoir de nos jours en France de façon récurrente sur les réseaux sociaux du fait des discours des politiques, souvent de droite. Parfois en y ajoutant du racisme ou du sexisme. Il faut avoir en tête les deux sens du mot classisme pour saisir l’enjeu.
Quand j’entends le mot France, suivi ou non d’un complément du type « France du travail », je me demande d’emblée qui en parle et pour stigmatiser quelle fraction de la population en résidence sur le territoire national et aussi pour qui çà profite, quelle autre fraction de France tire bénéfice de cette charge accusatrice ? Quand ce n’est pas les « boomers » (les retraité-es, personnes âgées) , ce sont les chômeurs et chômeuses qui sont visées ! A défaut des migrant-es !
Précarité, galères, parents...
S’agissant des chômeur-ses, on semble ignorer, vu de haut (et de loin), que toute une jeune génération sur les 15-18 dernières années, de leur 20 ans à plus de 35 ans est passée de smicard-e à chômeur-se et retour à smicard-e, ce qu’on nomme ordinairement précarité mais en processus long et changeant . S’y ajoute bien souvent une insolvabilité récurrente (insolvabilité souvent compensée et aidée par les parents boomers qui laissent la chambre, le frigo et la voiture...) .
Ces passages du salariat à bas salaire à privé d’emploi sans allocation ou faible allocation du genre 3 chiffres par mois (quand d’autres en disposent de 5 chiffres de revenu) a comme point commun oublié ce qu’on nomme « la galère ». Cette galère n’est plus seulement de 20 à 23-25 ans, mais dure beaucoup plus longtemps. Ce qui me fait dire - pour être bref - que l’apologie d’un Ciotti (ou d’autres du même profil accusateur) pour la « France du travail » sonne comme « à côté du problème » et à la vérité comme très idéologique pour son profit personnel et pour sa classe sociale supérieure, celle précisément à 5 chiffres de revenu brut par mois.
Stigmatiser le 4000€ par mois qui doit se taire et accepter une société à 10 000, 15 000, 20 000€ par mois !
De même pour les boomers qui certes peuvent - pour certain-es - avoir plus de biens du type maison (effet de la carrière continue avec montée en qualification - du moins ce qui reste de ce système) que les jeunes mais sont néanmoins loin d’être riches : cela va du petit revenu à 3 chiffres par mois au cadre retraité aisé à 3000-4000 €, ce qui donne une amplitude fort raisonnable . Pourtant j’entends qu’on hausse le ton contre un cadre retraité qui dispose de 4000 € mensuel (brut ou net ?) surtout si il-elle est de gauche, alors que ce n’est pas exorbitant (moins que 3 X le SMIC net - 1400€) et en tout cas fort éloignée de l’écart élevé chez les actifs ou les revenus mensuels grimpent avec du 5 chiffres par mois plus les dividendes élevés dans le 1% riche. Là il y a un gap énorme ! On dépasse très nettement une hiérarchie de type SMIC brut (1800€) X 5 soit 9000 € ordinairement préconisé syndicalement.
Enfin, les mêmes dans le 1% riche ne paient pas, en plus d’être riche, à proportion de leur faculté contributive. C’est cette double actualité qui rend le régime macroniste insupportable . Renvoi ici à la courbe en cloche (lien ci-dessous) de progressivité puis dégressivité : il y a donc en quelque sorte « imposé et imposé » quand on parle d’impôts et taxes !
On aurait tort de lever les épaules face ces propos car nombreux et nombreuses sont celles que çà révulse !
Le seul argument qui tient venant des riches est que les ultra-riches passent à côté de l’imposition par divers moyens. C’est pour cela que l’accent a été mis contre eux depuis quelques mois afin qu’ils paient ce qu’ils doivent. Il en va après tout de l’idée de justice, d’humanisme, de République et de démocratie. Ce qui n’empêche pas de dire qu’il faut resserré la grille des revenus et des patrimoines. Il est simple à comprendre que quand certain-es pauvres ne perçoivent que 3 chiffres par mois, il n’est pas supportable que d’autres en reçoivent 5 sous prétexte qu’ils ont des responsabilités. Cela ne tient pas. Les qualifications comme les responsabilités n’ont pas à justifier ni misère ni sur-richesse surplombante. Cela clive en effet chaque nation en mettant les riches en surplomb au-dessus du peuple-classe 99%
Christian Delarue
La courbe elle-meme est là :
https://amitie-entre-les-peuples.org/IMG/pdf/courbe_fiscal_en_cloche.pdf ?
Classisme-domination et classisme-oppression
https://blogs.mediapart.fr/amitie-entre-les-peuples/blog/150425/classisme-domination-et-classisme-oppression
Source
https://amitie-entre-les-peuples.org/Quand-j-entends-la-France