Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

78 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 septembre 2024

Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

Tout cela a-t-il vraiment existé ?

Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Deuxième rentrée depuis ma "réintégration".

Les multiples affiches de mise en garde liées au covid sont toujours en place au CMPP, malgré ma demande qu'elles soient retirées.

Mais en dehors de cela, de ces signes qui semblent devenus invisibles pour les professionnels mais ne le sont certainement pas pour les nouveaux consultants, un silence total règne au sujet de la période si troublée que nous avons traversée au printemps 2020 et ensuite, et de ses effets. J'ai évoqué à plusieurs reprises ceux qu'il me semblait constater sur les enfants que je rencontre, avec très peu d'écho. Faire l'hypothèse d'un lien entre l'augmentation ou la modification des difficultés des enfants et ce qu'ils ont vécu parait ne pas effleurer mes collègues. Black out ? Déni ?
Le sujet des suspensions n'est jamais évoqué ouvertement.

Vendredi nous avons consacré plusieurs heures de réunion institutionnelle à réfléchir sur le thème de l'éthique. À aucun moment n'a été abordé ce qu'il s'est passé avec les suspensions, leurs effets pour les professionnelles et les patients concernés, et la manière de traiter cela dans l'institution. Il s'agissait uniquement d'une sorte de devoir à accomplir pour préparer l'évaluation externe prochaine. Il semblerait en effet que cette notion d'éthique soit importante aux yeux des évaluateurs, même si officiellement ils viendront évaluer l'organisation de notre travail, le maître mot étant les "éléments de preuve". Dans une structure où le travail est fondé sur la parole... Toujours est-il que vendredi, les participants qui se sont exprimés ont très rapidement mis l'accent sur nos réunions de synthèse pluridisciplinaires hebdomadaires, qui seraient garantes de notre éthique de travail.

Sauf que dans la circonstance exceptionnelle qu'a été l'irruption de la crise covid, l'éthique a volé en éclat ou a été dévoyée, comme je l'ai déjà évoqué à plusieurs reprises.

Comme s'il fallait quand même que l'oubli ne parvienne pas à faire son œuvre trop vite ou trop bien, la nature se rappelle à nous, la menace reste présente, la bête rôde toujours. Elle se déguise, elle s'appelle autrement : sigles divers, puis "mpox". Alors l'un ou l'autre écrit, et en particulier la semaine dernière un billet adressé par une soignante au "complotiste". Et cela suscite de très nombreux commentaires qui libèrent la parole, raniment les débats, apportent des informations, appellent à une évaluation de ce qui s'est passé et de la façon dont cela a été traité.

Cette évaluation et une véritable réflexion auront-elles lieu un jour ? Sans elles, absolument rien n'indique qu'une prochaine fois (qui ne manquera pas d'arriver, il faut nous attendre à d'autres pandémies) les mêmes aberrations ne se reproduiront pas, les contraintes absurdes et inutiles ne reviendront pas, les anciens, les enfants et les jeunes ne seront pas à nouveau gravement maltraités, avec pour ces derniers des conséquences à long terme.

Et les "suspendus", justice leur sera-t-elle un jour rendue pour l'ignominie qu'ils sont subie ?  

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.