Les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat pour l’aviation ont amplifié les discussions dans lesquelles se retrouvent des associations, des étudiants, des chercheurs, des scientifiques, des salariés, des syndicats, des riverains d’aéroports, d’autres citoyens et l’industrie elle-même. Le moins que l’on puisse dire est que le sujet est enfin débattu sur la place publique !
Le fait est que lorsque tout le monde s’empare d’un sujet il est beaucoup plus compliqué pour une minorité de le modeler comme il lui sied. C’est ce qui est en train de se passer pour le gouvernement qui pensait réaliser un bon coup en commandant à l’industrie « d’avant » de passer au vert. Mais non cela ne passe pas ! Madame la Ministre, Monsieur le Président vous ne pourrez plus vous présenter devant nous avec de belles phrases teintées de vert pour nous contenter. L’enjeu est tel et les forces en présence si nombreuses que vous entrerez toujours en zone de fortes turbulences.
Au sujet de l’avion vert tel qu’il est présenté aujourd’hui par Airbus & co, nous ne comptons plus les publications, études et contre-études qui montrent que l’hydrogène est très loin de pouvoir répondre à l’enjeu de l’aviation de demain. Est-il nécessaire de préciser que nous ne souhaitons pas l’arrêt des recherches ? ni l’arrêt de l’aviation ? Répétons-le, il est souhaitable de continuer à chercher des solutions, mais ne misons pas sur une seule solution qui est loin de faire consensus ! Misons sur plusieurs pistes et cessons de vouloir retrouver les niveaux d’avant crise qui iraient à l’encontre de nos objectifs communs ! Il est inconcevable qu’Airbus retrouve une cadence de production de 70 avions par mois[1] jusqu’à une hypothétique rupture technologique promise dans 15 ans[2] ! De leurs propres calculs, nous savons que chaque flotte produite sur un an dans les usines d’Airbus rejettera autant de CO2[1] que toute la population française[3] ! Et ce alors même que les émissions de GES des français doivent être divisés par 5 d’ici 2050[3] pour respecter les accords de Paris. Quelqu’un peut-il nous expliquer comment cela sera possible si l’industrie attend 15 ans avant de réagir ?
Pourtant des solutions existent, maintenant et sans casse sociale ! Bien sûr, il aurait été plus aisé de s’y préparer, comme certains l’avaient souligné dès 2008[4], mais des solutions sont sur la table pour transformer l’industrie maintenant[5] ! L’argent n’étant pas un problème, seule la volonté politique et entrepreneuriale est nécessaire pour cela.
Alors oui, au risque de choquer certains de nos collègues, nous soutenons l’action non violente de Greenpeace qui a repeint un avion en vert. Le choix d’un avion Air France est peut être discutable au vu de ses concurrentes lowcost, mais le message reste intact. Les solutions proposées par l’industrie et les mesures évoquées par le gouvernement étant largement insuffisantes, il était nécessaire de montrer au grand public que nous sommes loin d’être dupes.
Merci Greenpeace !
Le Collectif de salariés ICARE
Avec le soutien du Collectif PAD, Pensons l’Aéronautique pour Demain
Références:
[1] https://www.airbus.com/company/sustainability/reporting-and-performance-data/scope-3-disclosure.html
[2] https://www.airbus.com/company/sustainability/environment/decarbonisation.html
[3] https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/datalab-essentiel-204-l-empreinte-carbone-des-francais-reste-%20stable-janvier2020.pdf
[4] https://www.latribune.fr/journal/archives/entreprises/actualite-des-pme/20080707u7garmp/didier-cujives--nous-devons-nous-diversifier-en-dehors-dairbus.html
[5] https://blogs.mediapart.fr/pensons-laeronautique-pour-demain