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Stratégies unitaires face au bloc bourgeois et identitaire lors des prochaines présidentielles

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Billet de blog 1 novembre 2021

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Stratégies unitaires face au bloc bourgeois et identitaire lors des prochaines présidentielles

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APPEL : POUR UN PRINTEMPS DÉMOCRATIQUE ET UN GRAND MOUVEMENT DES PLACES !

Ni le libéralisme extrême de Macron, ni l'extrême libéralisme de Le Pen ! Ne tombons pas dans le piège de l'adversaire et restons concentré sur ce que nous sommes et ce que nous voulons ! Soyons à la hauteur de tout le travail réalisé ces dernières années et essayons de faire mieux, car cette lutte est la notre, et c'est celle du moment !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

L’arrivée d’internet a provoqué une révolution technologique qui s’est vite accompagnée de révolutions politiques un peu partout dans le monde. Si la démocratie s’était toujours heurtée à une impossibilité technique, celle de ne pas pouvoir réunir autant de monde comme on pouvait le faire dans l’agora athénienne, l’accès à l’information et à la communication internationale a permis l’émergence de nouvelles pratiques et exigences démocratiques, comme nous l’a prouvé l’effervescence générée en 2005 pendant le débat autour du projet de Constitution Européenne.  

Si cet épisode a créé une fracture entre le Peuple et la classe politique, affaibli la croyance en notre système électoral et démontré un manque incontestable de souveraineté de la population française sur l’avenir du pays, il est aussi la preuve qu’il existe un "Peuple" qui peut s’informer, réfléchir, débattre et arriver à formuler un "non majoritaire" envers et contre toute une classe dominante, politique et médiatique en faveur du "oui". Ce qui est le plus souvent considéré comme une défaite peut se convertir en un exemple de victoire populaire, celle de l’intelligence collective sur la machine de propagande des possédants.

Nous allons voir que nous cumulons beaucoup plus de victoires populaires que ce que nous pensons
 ces dernières années !

Vint ensuite la crise financière de 2008 avec de forts mouvements contre la dictature financière et par conséquent pro-démocratie. À Athènes, berceau (occidental) de cette pratique, sur la place occupée de Syntagma face au Parlement et dans une centaine de villes espagnoles avec les indignados de "Democracia Real Ya !", pour une "démocratie réelle maintenant", et finalement dans le monde entier avec Occupy et son slogan "This is what democracy looks like" (c’est à ça que ressemble la démocratie !).

En France, se furent les indignés/occupy qui prônaient déjà l’assembléarisme et qui ont décidé lors des présidentielles de 2012 d'organiser des marches à travers la France, notamment pour promouvoir la Constituante de ville en ville. Tous les soirs, ils occupaient la place du village et invitaient les habitants à venir les rencontrer, organisant des "assemblées et repas populaires", des projections de documentaires ou des débats...

Partis de Marseille, Toulouse, Bayonne, Lille et Angers, ils étaient étudiants, enseignants, coiffeurs, aide-soignants, sans emploi ou retraités, militants du mouvement des "Indignés" ou simples citoyens, et ont tous convergé vers Paris pour dénoncer "la mascarade" de la présidentielle.

Quand Nuit Debout a pris la place à son tour, la méthode était déjà bien rodée et si les Gilets Jaunes étaient au départ un peu déconnectés de la "tradition" militante de gauche, plus compromis dans l’action que dans la pratique décisionnelle, ils ont eu l’intelligence de rapidement poser la question démocratique au centre de leur combat. Le R.I.C s’est imposé comme la première des revendications du mouvement, ce qui d’ailleurs a eu raison de la droite et de l’extrême droite qui rodait dans ses rangs. 



À travers le monde ces deux dernières décennies, des millions de gens se sont r-assemblés sur les places pour repenser nos institutions, notre rapport au Pouvoir et nos pratiques démocratiques. Ces mouvements populaires, et très souvent multitudinaires, ont permis d’importants recueils de doléances auprès des populations, de profonds débats et des travaux qui ont abouti à la production de textes fondateurs définissant des principes universels et des revendications ou exigences "minimums" qui valent encore parfaitement aujourd’hui.

Au fil des époques et malgré la distance, malgré aussi le fait qu’aucun de ces mouvements n’ait voulu reprendre comme base de départ les avancées des mouvements précédents, voulant repartir de zéro à chaque fois, nous pouvons retrouver à travers ces textes les mêmes principes d'autonomie, de transparence, d'inclusivité, d'horizontalité, de pacifisme (au sein de nos structures), de recherche de consensus primant sur le vote, etc...

Les mêmes revendications y furent décidées et ont illustré de la même manière les pancartes que l’on soit au Chili ou au Liban, à Hong Kong ou en Islande : constituante et référendums, fin des privilèges et irréprochabilité des exécutants, limitation de la richesse et justice fiscale, services publics de qualité et socialisations, nécessité de remettre la question écologique au centre de nos décisions, d’encadrer la création de profits…



Face à l’arnaque du "Grand Débat" organisé par Macron, un "Vrai Débat" avait été lancé par les Gilets jaunes à travers une plateforme "ouverte à toutes les thématiques", contrairement aux quatre thèmes choisis par le gouvernement. Suite à 44 000 inscriptions, 25 000 propositions et 1 million de votes enregistrés, plusieurs propositions ont émergées dont voici les dix principales :

1. Suppression des rémunérations et privilèges de tous les élus (y compris le Président de la République) après la fin d'un mandat.

2. Référendum d'initiative citoyenne (RIC) dans la Constitution.

3. Casier vierge pour les élus.

4. Prise en compte du vote blanc ou nul en tant que suffrage exprimé et invalidation d'une élection, s'il est majoritaire.

5. Nationaliser les autoroutes amorties.

6. Indexation des salaires et des pensions, arrêt de l'augmentation de la CSG et hausse du seuil de pauvreté au niveau du SMIC afin de revaloriser les pensions et les retraites.

7. Pénaliser et lutter contre l'évasion et la fraude fiscale.

8. Supprimer le CICE ou le limiter aux petites entreprises et remboursement des sommes perçues s'il n'y a pas de création d’emplois.

9. Obliger les parlementaires à être présents lors des votes. En cas d'absence, retenues sur leurs indemnités

10. Interdiction du lobbyisme au Parlement et dans les institutions.

Sans surprise, quand on compare ces propositions très actuelles avec par exemple ces deux textes des indignados espagnols, consensuels entre des dizaines de milliers de personnes à Barcelone et à Madrid il y a plus de vingt ans, on retrouve quasiment les mêmes principes et revendications, sans parler des modes d’action. Tout cela nous amène à penser qu'il existe une grande vérité immuable dans toute cette recherche de réponses aux enjeux du vivre ensemble, une logique même que nous devrions nous efforcer de rechercher en osant assumer une certaine maturité de nos luttes, malgré notre "marginalité" prônée dans les médias traditionnels.

Ces thèmes sont NOS thèmes et sont ceux du moment, pas seulement notre petite lubie que nous voudrions imposer au reste du monde comme certains, mais des thèmes majoritairement soutenus par la population et d’autant plus légitimes qu’ils ont une portée universelle et historique.

Dans une précieuse enquête de Science Po sur la confiance de la population envers nos politiciens, l’idée que "des citoyens devraient pouvoir imposer un référendum sur une question à partir d'une pétition ayant rassemblé un nombre requis de signatures" recueille 72% d’approbation, 70% sur le fait qu’"il devrait y avoir des référendums sur la plupart des questions importantes", 60% soutiennent les Gilets jaunes, 72% pensent que ce mouvement porte les revendications d’une majorité de français. 

Les voilà nos préoccupations !

Ce sont ces thèmes, ces principes et exigences, ces revendications et mesures concrètes qui peuvent nous permettre de fédérer largement au sein de la population, ce sont aussi eux qui nous permettent de désarmer politiquement tous les candidats du système qui refuseront d’en faire des priorités. Voilà un autre terrain sur lequel nous pouvons nous retrouver et agir ensemble, peut importe la couleur de notre maillot !

La situation était sûrement différente il y a quelques décennies, ou il y a encore quelques jours, mais il est incontestable que nous disposons aujourd’hui de suffisamment d’éléments pour mettre clairement en évidence les failles de notre système politique. L'heure est venue d'imposer dans le débat public et dans l’agenda politique ces propositions abouties dont aucun des deux finalistes ne souhaite entendre parler !

Il est désormais possible pour le peuple d'intervenir directement dans les affaires publiques, voire de tout révolutionner s'il s'en donne réellement les moyens. Nous n’avons certes jamais été aussi désintéressés de la politique politicienne, par contre, nous n'avons jamais été aussi nombreux ces dernières années dans la rue, sur les blocages ou les ronds-points et sur les réseaux sociaux, à apprendre et pratiquer à notre échelle la vraie démocratie, celle qui est directe, locale, à taille humaine, et qui s'invente au jour le jour par la base et pour la base.

Soutenons-nos combats mutuels et inspirons-nous les uns les autres dans un même grand mouvement pour une refonte totale et démocratique de notre Constitution, une réécriture des règles du jeu forcément nécessaire que ce soit pour instaurer le RIC, la reconnaissance du vote blanc, la règle verte ou la suppression du monarchisme présidentiel. Chacun à notre manière, avec nos propres revendications "prioritaires", antifascistes, anticapitalistes, féministes, écologistes, démontrons surtout que ce "Maximum" démocratique est l'exigence d'une grande majorité de français !

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Autonomie et contre-pouvoir : repenser la question de l’organisation après le mouvement des Gilets Jaunes

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