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Billet de blog 1 mars 2020

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Danone, 1ère entreprise pour les femmes en Russie ?

Comme dans un précédent billet, une information ponctuelle, mais touchant à un aspect sensible des relations du travail en Russie : Danone, implantée en Russie depuis 1992, y a été classée par Forbes Woman Russia 1ère des « 25 entreprises où faire carrière pour une femme ».

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L’édition russe de Forbes a été lancée en 2004, les pages Woman datent d’il y a dix ans. Le classement des entreprises où faire carrière pour les femmes, reprend à l’occasion de cet anniversaire. un des concepts phare le groupe. Il n’est non plus sans ressemblance avec l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes développé en France.

Le classement a été fait sur la base de 16 indicateurs, regroupés dans 5 blocs : part des femmes dans les emplois de l’entreprise (25 %), écarts de rémunération (25 %), déroulements de carrières (25 %), actions engagées en faveur des femmes dans l’entreprise (15 %), autres critères (10 %). Sans balayer tous les critères du classement, citons quelques uns d’entre eux : la part des femmes dans la direction de l’entreprise, la part des femmes dans les 10 emplois les mieux payés, la part des femmes parmi les salariés ayant bénéficié d’une augmentation, la réalisation d’un audit sur les différences de rémunération entre les secteurs, l’existence d’un référent diversité et inclusion, etc.

150 sociétés ont vu leur situation analysée par un groupe d’experts, 25 ont été classées, dont trois françaises, Danone a été placée en première position, avec une note de 86,1, dont 21,7 pour sa structure d’emploi, 24,6 pour l’égalité salariale – le salaire moyen des femmes y serait plus élevé que celui des hommes –, 22,8 pour les possibilités de carrière, et 15 (le maximum) pour les actions en faveur de l’égalité, les programmes EVE et HeForShe.

Un bon point pour Danone. Il vivra ce que vivent les roses et les pages de magazine, mais, comme les retards de salaires des marins du Vassili Choukchine, il n'a pas à être considéré comme anecdotique. Les politiques d'entreprises se construisent dans la durée, il faut savoir anticiper, et répondre aux demandes.

La Russie a une longue tradition du travail des femmes, liés aux combats d'émancipation de la fin du XIXe siècle, à la place qu’elles ont prises dans les révolutions de 1905 et de février 1917, d’octobre aussi et aux acquis de la période soviétique, celui-là en est un. À la guerre aussi, et à l'atout que constitue un système éducatif et universitaire où la mixité est de fait depuis un siècle. Le recul des années 1990 a ensuite été fort, leur part, par exemple, dans les emplois d’ingénieurs où elles étaient majoritaires s’est considérablement réduite. Mais la légitimité de l'activité professionnelle des femmes n’a en aucun cas été remise en cause, elle va de soi dans les esprits, et elles sont présentes, souvent majoritaires, dans les entreprises, les associations ou les administrations, souvent aussi dans des positions de pouvoir, de n°1, ou, modèle patriarcal oblige, de n°2. Les attentes, bientôt les exigences, que cette situation engendre sont fortes. Elles s’exprimeront davantage, et il faudra y répondre. Elles seront aussi très probablement un des leviers de la modernisation des relations sociales dans les entreprises implantées en Russie. 

Illustration 1
© Forbes Russia

Forbes Russia (19 février 2020)

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