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Billet de blog 20 août 2021

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La perception du handicap par les Russes

Une enquête récente indique que 70 % des Russes sont favorables à l'inclusion scolaire et à l'accueil des enfants handicapés dans les établissements d'enseignement général.

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NAFI, un centre d’étude et de recherche sociales et économiques privé, vient de réaliser pour le Conseil de la fédération de Russie une enquête d’opinion sur l’attitude des Russes envers les personnes handicapées. Je n’ai pas connaissance de ses résultats détaillés mais juste d’un communiqué de presse, repris notamment par l'Agence de l'information sociale. Mais l’enquête semble avoir été faite dans les règles de l’art, avec un échantillon représentatif de 1611 personnes, dans 53 régions, j’en reprends donc ici les résultats, tels qu’ils ont été publiés. Rappelons qu’il y a en Russie, en 2021, 11,6 millions de personnes vivant avec un handicap, (5,1 millions d'hommes et 6,5 millions de femmes).

Les réponses montrent que la population russe est très majoritairement convaincue des difficultés que rencontrent les personnes handicapées dans leur vie quotidienne et leur intégration. Ils considèrent qu’elles ont de faibles revenus (77 % des réponses), qu’elles n’ont pas accès aux soins médicaux, aux médicaments et aux moyens de rééducation qui leur sont nécessaires (65 %). 87 % des Russes pensent que les personnes handicapées doivent faire plus d'efforts que les autres pour réussir, et 71% pensent que les personnes handicapées ont moins d'opportunités d’emploi.

Les aides publiques aux personnes handicapées ne leur semblent pas permettre de compenser le handicap. Seulement 16 % pensent que les aides de l’État sont suffisamment visibles. Un Russe sur trois (35%) aide régulièrement les personnes handicapées, directement ou au travers d’organisations caritatives. Et au final, 79% des Russes pensent qu'une personne handicapée dans une famille est une lourde charge pour les proches

Ils sont en revanche ouverts aux personnes handicapées, et prêts à communiquer avec elles (87%), à travailler ensemble dans un même collectif de travail (78%) et à emmener leurs enfants dans une école qui accueille aussi des enfants handicapés (70%). Mais 66% ne considèrent pas une personne handicapée comme un  partenaire pour fonder une famille.

Ces résultats sont un indicateur d’une société plus tolérante, d’autant plus qu’il font suite à plusieurs polémiques sur l’accueil des enfants handicapés dans l’enseignement scolaire général, entretenues par ceux-là, que je n’aime pas, qui ne sont jamais en panne d’une idée pour essayer d’exclure.

Comme le souligne Galina Karelova, vice-présidente du Conseil de la Fédération de la Fédération de Russie — qu'il me soit permis de citer un des piliers du pouvoir russe, mais c'est bien la chambre haute du Parlement russe et son comité du handicap, qui ont commandité cette étude —, cette évolution est rapide, et les jeunes y contribuent grandement : en 2019, 34 % de la classe d’âge 18-24 ans indiquaient éviter de communiquer avec des personnes handicapées, ils ne sont plus que 9 % en 2021. Parler ensemble, c'est bien inclure.

ASI (6 août 2021) - Nafi (6 août 2021)

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