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A genoux, nous avons mélangé nos larmes à l'eau des ruisseaux, et on les a reconnues.
Damien Murith, Le deuxième pas
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Emission RESF du 30 mars sur Radio Fréquence Paris Plurielle
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Les calamités s’abattent sur Mayotte !
Calamités sur calamités sans répit ni repos !
Sans que la nature n’y prenne sa part.
Sinon, le monde entier solidaire se porterait au secours des populations sinistrées.
Hélas quelle issue, quelle aide attendre d’un État coupable quand les calamités sont le fruit de décisions insensées ?
Une nation réputée celle de la déclaration des droits de l’homme, et
Oh quelle ironie !
La patrie des French doctors, appelés sur des théâtres extérieurs, se prévalant d’un droit d’ingérence humanitaire.
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Quand la France elle-même commet de telles brutalités, quelle justice espérer ?
Quel rappel à l’ordre international ?
Quelle résolution ? Quelle condamnation ?
Quelle consolation ?
Quelle parcelle d’humanité sauraient-elles attendre, ces familles dépouillées de leur repos, de leurs biens, de leur toit ?
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De quelle indignité parle le pouvoir lorsqu’il s’ELANce à l’assaut de l’habitat pauvre à Mayotte, en Guyane[1] ?
Le préfet, délégué du gouvernement, s’autorise d’une loi cousue sur mesure, une supercherie dont il s’affranchit des rares obligations qu’elle prescrit.
Aucun ELAN ne saurait être brisé.
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Des centaines de familles déjà se retrouvent ruinées faute d’habiter les beaux quartiers, pour avoir construit leur maison avec les seuls matériaux accessibles, du bois et des tôles.
Un type d’habitat indigne de la France.
Tel est le problème.
L’indignité frappe une nation orgueilleuse qui détruit la maison des pauvres sans souci des familles qui l’occupent.
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Que savent le gouvernement et le préfet de Mayotte ?
Que connaissent-ils de la créativité audacieuse qui permet de survivre dans le dénuement extrême ?
Songent-ils que leur brutalité ruine un écosystème de relations, d’entraide, de solidarité, de secours et de soutien ?
Ignorent-ils que les quatre-cinquièmes de la population de l’île vivent dans une pauvreté absolue ?
Savent-ils que les lois qu’ils ont promulguées privent la population de Mayotte des droits communs sur l'ensemble du territoire national ?
Se souviennent-ils des informations vérifiées que produit par exemple l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques que la Nation finance pour guider l’action politique ?
Oublient-ils que la moitié de la population vit avec moins de 260 euros par mois[2] ?
Que seulement 30% des habitants âgés de 15 à 64 ans accèdent à l’emploi ?
Se rappellent-ils des lois et règlements qu’ils rédigent ? Qu’ainsi aucun étranger en situation régulière ou non, ne perçoit les prestations servies par la Caisse des allocations familiales, pas davantage les minima sociaux[3] ?
Que dire enfin de l’accès au soin ?
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Savent-ils que l’économie informelle qu’ils combattent permet à l’ensemble de la population de survivre à la misère endémique sur ce territoire ?
Que la moitié des logements à Mayotte sont des habitations précaires construites à partir de matériaux de récupération et de quelques tôles neuves, entourant des cours collectives où les voisins se regroupent et se soutiennent ?
Que la majorité des maisons, dans les villages, furent bâties avec des parpaings et du béton, matériaux nobles, dignes sans doute d’un pays moderne, par des travailleurs exclus du marché du travail, payés à bas prix par des propriétaires souvent écartés eux-mêmes de l’emploi ?
Que sans cette main-d’œuvre disponible et bon marché, la plupart des Mahorais ne posséderaient pas leur maison ? Ils ne pourraient pas tirer leurs quelques revenus de la location de banga[4] dans leur cour, ou de pièces non finies à des familles que le statut administratif écarte du logement social, par ailleurs sous-dimensionné.
Ainsi s’enchevêtrent les dépendances.
Des arrangements multiples assurent le quotidien des uns et la relative aisance des autres sans qu’il soit pertinent d’y risquer un jugement moral.
Même si l’exploitation y trouve sa place.
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Qu’attend un pouvoir qui sape obstinément les modes de survie sur un territoire qu’il a toujours négligé ?
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Notes
[1] Le jeu graphique, « s’eLANce » renvoie bien-sûr à la loi ELAN qui dans son article 197 donne pouvoir aux préfets des deux départements d’Outre-mer de démanteler les quartiers pauvres. A Mayotte, le délégué du département s’est empressé de la mettre en œuvre. Qu’importe les drames humains que provoque sa résolution de détruire tous les « bidonvilles » de l’île !
[2] Ce niveau s’entend par unité de consommation. Voir à ce sujet dans ce blog : Mayotte, territoire hors-la-loi ou terre étrangère, 12 septembre 2020 en particulier le chapitre 4 : « Quatrième acte, appauvrir la population »
[4] En langue locale, le terme « banga » désigne la maison d’une seule pièce. Dans les cours des maisons dans les villes ou les villages, on trouve couramment ce type de logement en tôles destinés à la location.
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