Décidément, il y a bien des façons d'appréhender le fait que deux pages de publicité, payées par un mécène, sont parues dans l'édition du Monde daté du 16 décembre...
Voici ici ce qu'en pense un lecteur du quotidien:
extraits: "(...) Mais je tiens aujourd'hui à vous dire mon ...étonnement à propos d'une mention d'apparence tout à fait anodine voire insignifiante portée sur les deux pages 16 et 17 de votre numéro 20496 du 16 décembre dernier et consacrées à l'Espéranto.
Cette mention (en haut et à droite) est la suivante: "Publicité". "Publicité" dites-vous! "Publicité"! Alors quoi, selon vous, l'Espéranto serait donc une simple marchandise à vendre? (...)
Alors vraiment, publier ces deux pages sur l'Espéranto avec la mention" Publicité" n'est-ce pas faire preuve d'une certaine légéreté voire d'un certain mépris pour la valeur éminemment humaniste de cette langue?
N'aurait-il pas été plus judicieux et plus honnête de les placer parmi les pages "Culture" d'autant plus que vous précisez bien qu'elles sont proposées grâce à un annonceur privé, monsieur Etsuo Miyoshi dont la sensibilité ne peut qu'être froisée d'une telle catégorisation?
Je vous demanderai donc humblement de vouloir bien y réfléchir lors d'éventuelles prochaines parutions. (...)"
Francis Desmares a raison sur le fond ; l'espéranto mériterait d'être traité autrement, c'est à dire qu'il mériterait que des journalistes se penchent sur ce que je nomme "l'ordre linguistique", et qu'ils examinent honnêtement la possibilité d'une alternative.
Mais le mélange des genres ne sied pas à la vérité. Selon moi, et comme je l'écrivais avant-hier, il est tout aussi satisfaisant de voir la publication de cette double page, qu'irritant de devoir dire à la presse: "Honte sur vous, qui êtes mercantiles, mais surtout, qui ne faites pas votre travail d'information".
A partir du moment où M Etsuo Miyoshi paie, il est bien entendu indispensable de voir qu'il s'agit d'une publicité... Si le lecteur n'avait aucun moyen de faire la différence entre le travail journalistique et la "réclame", on serait vraiment mal barrés.
Je sais, je sais... On pourra me rétorquer que la frontière est parfois très perméable entre les deux "mondes"...
Quand la presse dit du bien d'Areva, ou des OGM, etc... peut-on vraiment être certain que tous les éléments ont été pris en compte? Certainement pas, et même au contraire... Car les puissants se débrouillent toujours pour donner la meilleure image d'eux-mêmes et de leurs entreprises... De même, certains articles en faveur d'un multilinguisme qui ne viendrait qu'accessoirement derrière le plebiscite de l'anglais unificateur, n'en sont pas moins le reflet de groupes puissants d'intérêt, de groupes qui vont à l'encontre des intérêts de 90% des habitants du globe. Et c'est là surtout qu'il faudrait protester...