Dans notre belle Start Up Nation, la santé psychique des enfants et des adolescents s’avère de plus en plus précaire, pour ne pas dire désastreuse… Dans le même temps, les soins pédopsychiatriques sombrent toujours davantage, malgré les rapports qui se succèdent pour dénoncer cette agonie : Sénat, IGAS, UNICEF et Samu Social, Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA), Cour des Comptes ....
Nonobstant, sur le terrain, les professionnels sont confrontés à des situations dramatiques, sans pouvoir mobiliser de moyens adéquats pour les prendre en charge. Ainsi, cette pénurie devient tout simplement maltraitante, et témoigne d’une démission abjecte des pouvoirs publics à l’égard de leur mission de protection de l’enfance.

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Le 2 juin dernier, toutes les associations représentatives de la pédopsychiatrie (AJPJA, AFFEP, SFPEADA, SIP, FDCMPP, ANMDA, API) ont lancé une nouvelle alerte, « l’Appel de Toulouse », afin de ne pas laisser l’indifférence et le silence recouvrir ces plaines de misère.
« Alors qu’en France 1,6 millions de mineurs (bébés, enfants et adolescents) présentent un trouble psychique caractérisé et les besoins de soins qui en découlent, seuls 750 000 à 850 000 bénéficient de soins, souvent dans des conditions dégradées et précaires au regard des recommandations de bonnes pratiques. L’accès de proximité est souvent entravé et les délais peuvent atteindre 18 mois ». Pour être tout à fait honnête, il faudrait reconnaitre que l’attente peut être bien plus longue, se décomptant en années, avant la mise en place de soins effectifs et que, dans un nombre de plus en plus important de situations, l’éjection dans les limbes est l’orientation privilégiée. Cessons d’édulcorer les faits…
« Nous savons que la moitié au moins des troubles psychiatriques à fort potentiel de chronicité débutent avant l’âge de 14 ans. Cette impossibilité actuelle de délivrance de soins présente donc de lourdes conséquences en termes de pronostic de santé mentale, et de perte de chances développementales ». Oui, c’est sûr que proposer des prises en charge éparpillées, temporaires, non coordonnées, cela finit par constituer un certain préjudice pour le devenir…
« Cette situation est contraire à l’engagement de l’état français à respecter la convention internationale des droits de l’enfant en matière de santé mentale », mais aussi contraire à l’éthique médicale de base, à la décence, aux valeurs d’accueil et de respect de la dignité…
« Nous alertons sur la carence de L’État français en matière de moyens donnés aux professionnels pour assurer les soins psychiques nécessaires à la santé, au développement et à la sécurité de ses bébés, enfants et adolescents. Nous alertons sur les besoins indispensables en recherche en en enseignement de la discipline. La situation actuelle de dégradation des soins expose les professionnels à un épuisement progressivement croissant et des prises de risques insoutenables pour les patients et leurs familles. L’absence d’investissement suffisant dans la recherche et l’attractivité universitaire comme non universitaire de la discipline engage l’avenir ». Alors oui, ce délitement des soins est un scandale, d’autant plus qu’il témoigne d’une volonté politique délibéré alors même que les symptômes de cette déliquescence sont repérés depuis plusieurs décennies. Mais faut-il s’aligner sur les prises de position gouvernementales en affirmant que le désir de s’investir dans la pédopsychiatrie dépendrait des perspectives de recherche et de carrière universitaire ? La priorité serait déjà de restaurer les possibilités d’accueil et de soin, le travail d’équipe, de garantir la rencontre clinique sur le long terme, etc. Et non pas de faire passer des IRM à d’immenses cohortes, alors même que, depuis plusieurs décennies, les progrès dans les neurosciences n'ont pas véritablement contribué à améliorer les interventions thérapeutiques, jusqu'à preuve du contraire …
« A la veille des Assises de la santé de l’enfant dont la tenue est annoncée avant l’été, nous, professionnels de la santé mentale et de la psychiatrie du bébé, de l’enfant et de l’adolescent, engagés quotidiennement auprès de chacun des mineurs dont nous nous occupons et de leurs familles, dans une dynamique favorable forte de re-construction, réitérons l’absolue nécessité d’une refondation structurelle de ce système de soin en appui sur le modèle français du secteur, et d’un renforcement massif des moyens pour un doublement des capacités d’accueil et de soins dans nos territoires. Il relève du devoir de l’État français de répondre à cette urgence sanitaire ». Oui, il y a urgence, depuis maintenant des années…Mais aussi mollesse, consensualité, carriérisme, voire lâcheté et compromissions, au sein même des représentants de la pédopsychiatrie instituée….

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De son côté, « Le Printemps de la Psychiatrie » dénonce une régression qui s’accentue : « la psychiatrie et la pédopsychiatrie sont devenues les parents pauvres de l'hôpital public, lui-même en déliquescence. Régression en termes de moyens humains et financiers, réduction du nombre de lieux de soins et de leur accessibilité, réduction de qualification des professionnels. Et une fondamentale régression idéologique aussi, avec la réduction de la diversité des pratiques et des formations ».
« Le soin psychique conçu comme une relation de confiance entre une équipe, un patient et son milieu (familles, proches, tuteurs, etc.) dans le dispositif de secteur, à chaque fois à réinventer dans la singulière complexité bio-psycho-sociale de la personne, cède le pas à des soins standardisés, des protocoles simplistes où les personnes, patients comme soignants, telles des machines, pourraient être interchangeables. Aujourd'hui, le discours officiel soutenu par les lobbys est triomphaliste. Il promet le rétablissement et l'inclusion pour tous. Mais nous savons qu'en réalité il masque l'abandon des soins de base et des soins au long cours souvent nécessaires (psychothérapie, activités et accompagnements thérapeutiques...), qui ainsi se réduisent à une ordonnance de médicaments ».
Le "Fil conducteur Psy" insiste sur le fait que « le sentiment de sécurité ne peut venir que du soin, de la présence et de l’écoute de soignants », alors même que le patient « est quasiment renvoyé à lui-même, déclaré co- responsable de son « parcours de soin », trop souvent réduit à la prise de médicaments ». « D’où « les ruptures de soin », les crises et les ré-hospitalisations, en urgence, le plus souvent avec contention, des mesures sécuritaires et maltraitantes en place de structures permanentes d’accueil et de soin ».
« Hors-les-murs, la continuité des soins, indispensable pour les troubles sévères, n’est plus assurée. Les structures de soin ferment les unes après les autres au profit de plateformes d’experts délivrant un diagnostic, une prescription de médicaments et un programme d’e-éducation à la « compliance » sur le modèle des prises en charge des maladies organiques. Les mots « d’alliance thérapeutique », qui supposaient la rencontre entre le médecin et son patient, et le soin psychothérapeutique, ont disparu ».

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Et, dans ce contexte nauséabond d’abandon, de repérage, de fichage, de triage, de « psychophobie institutionnelle », la Cour nationale du droit d’asile a pu rejeter la demande d’un requérant afghan, au motif que son « activité en France […] constitue une menace grave pour l’ordre et la sécurité publics » dans la mesure où il « présente des troubles psychotiques lesquelles abolissent son discernement et entravent le contrôle de ses actes ». Comme s’en indigne une tribune publiée dans Mediapart, il s’agit tout simplement d’une « stigmatisation des demandeurs d’asile atteints de troubles psychiques : un danger pour « ce qu’ils sont » à défaut de « ce qu’ils font ».
On vit décidément une époque formidable, accueillante, tolérante, ouverte, confiante, et tellement inclusive…Et nos gouvernants semblent avoir véritablement pris la mesure de la détresse, du désarroi, voire du désespoir des familles, acculées à des solutions extrêmes pour se faire entendre…

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Dans notre actualité récente, les drames de Reims et d'Annecy, au cours desquels des agressions meurtrières ont été commises par des personnes en situation de grande instabilité psychique, ont à nouveau réactivé l'angoisse vis-à-vis de la "dangerosité du fou" et les fantasmes de contrôle sécuritaire. Pourtant, ce tragédies ne peuvent être ramenées au seul niveau individuel ; là se condensent aussi une violence socio-politique déniée, silenciée, ainsi que le poids des traumatismes et des délaissements...Là devraient également s'exprimer les désaveux quant à nos responsabilités collectives. En 1967, le Dr Bertherat était tué par un patient, qui se suicidera après ce meurtre. Voici quelques extraits des réactions de grands noms de la psychiatrie humaniste de l'époque. Georges Daumézon soulignait ainsi que « la possibilité de réactions dangereuses de la part de malades ne peut jamais être totalement exclue. Nous ne pouvons éliminer ce risque de notre métier ». « On peut affirmer que ces risques peuvent être réduits si les conduites des malades, les variations dans leurs attitudes, sont constamment étudiées et analysées comme cela devrait être dans une institution thérapeutique digne de ce nom ». Dès lors, « le drame qui nous accable n’est pas en conséquence un accident imprévisible, inévitable et exceptionnel. Nous qui connaissons les lacunes et les carences de l’organisation psychiatrique ».
De son côté, Henri Ey mettait l’accent sur « le drame qui se joue dans la conscience des médecins qui ont le devoir contradictoire de protéger la société et de secourir les malheureux contre lesquels elle prononce le langage de la juste et raisonnable violence ; somme toute, de doser leur liberté à la mesure de la pathologie de leur liberté. Car à la dramatique naturelle de la maladie mentale s’ajoute la dramatique du remède social nécessaire ». Au fond, la violence est toujours une « faillite de la parole » (Dr Yves Bertherat) qui puise sa force « dans le silence ou le désert de la communication ». Enfin, Lucien Bonnafé rappelait que « c’est la machine infernale, c’est le système d’oppression dont la folie est victime, sous les espèces de malédiction, exclusion, réjection, proscription, ségrégation, discrimination, partition, exception, aliénation, et pour tout dire de persécution ». « L’oppression du monde de la folie est là, épaisse, tenace, fuyante ». En conséquence, la tentation est forte d’ « encourager toutes les formes de la complicité ou de la collaboration, depuis l’acceptation morose et servile d’un rôle de gestion loyale dans l’appareil d’oppression jusqu’à la fuite hors du système, dans le système complémentaire qui ne permet de forme de travail gratifiante que parce qu’il existe d’autre part le dépotoir dans lequel on peut rejeter la masse des proscrits »…
Chaque époque à sans doute la psychiatrie qu'elle mérite, en phase avec son modèle anthropologique hégémonique...
Mais heureusement, en ce qui nous concerne, Emmanuel Macron est à la manœuvre, et il estime que, concernant l’enfance, le diagnostic est le véritable « cœur de la bataille », et que le soin peut aller se faire voir. Ainsi, le président expert a annoncé le déploiement pour fin 2024 d'un service public de repérage précoce et d'évaluation du handicap. En dépit de tous les signaux de délitement et d’abandon sur le terrain, Emmanuel Macron réussit tout de même à s’enorgueillir, ce qui témoigne d’un sacré foutage de gueule ou d’une conviction proprement délirante : concernant l'action sur l'autisme ces dernières années, le président a ainsi jugé qu'il s'agissait d'une « vraie victoire » … Humour, déni, hallucination ?
Rappelons d'ailleurs que la sixième Conférence nationale du handicap (CNH) s’est tenue en l’absence de nombreuses associations de défense des droits des personnes handicapées. Réunies au sein du Collectif Handicaps, elles ont effectivement boycotté l’événement, et déploré par la suite le « flou » des mesures présentées par Emmanuel Macron..

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Mais il s’agit désormais d’enfoncer le clou encore plus profondément, à sec : le gouvernement prévoit effectivement d'intensifier la formation de l'ensemble des intervenants ainsi que l'appui des acteurs du médico-social dans les établissements scolaires. Dès lors, l'école doit être «transformée durablement » pour accueillir « tous les élèves » à l'aide d'une « pédagogie différenciée qui profitera à tous », selon le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye.
Voilà donc le projet choc annoncé très récemment par Geneviève Darrieusecq, secrétaire d’État en charge du handicap : « De très nombreux IME finiront par rejoindre l’école de la République parce que nous avons pour projet de déployer dans les cinq prochaines années 100 IME dans l’Éducation nationale, dans les collèges ou dans les écoles, afin de pouvoir rapprocher ces enfants ». Ainsi, 3 000 équipes de professionnels du socio-médical interviendront dans les écoles d’ici à 2027, avec une confusion totale entre le thérapeutique et le pédagogique, la mise en place d’un fourre-tout indifférencié garantissant dérives, abus et maltraitances, l’occultation des enjeux éthiques concernant le secret médical ou l’intime, et, au final, une mise à mal tant de l’enseignement que et du soin…Ou comment faire d’une pierre deux coups – avec de substantiels économies au passage, sur les dos des enfants en souffrance. Pourquoi avoir plusieurs services publics quand on peut tout amalgamer sur un seul lieu ? Et puis, l'école de la République fonctionne déjà tellement bien, qu'on peut aussi lui rajouter une fonction remédiatrice, correctrice et normative en plus, afin de la transformer définitivement en appareil disciplinaire....
Dans un entretien au « Monde », Geneviève Darrieussecq annonce sans ambages ses priorités pour faire face à la détresse des familles et des enfants laissés sur le carreau : mise en place d’instituts médico-éducatifs au sein même des écoles et création d’un service public du repérage précoce ; comme ça, les mômes seront bien cernés…Bon, certes, en réalité, on brasse du néant, après avoir détruit l’existant. Il faut cependant reconnaître que nos pauvres gouvernants font face à des injonctions paradoxales émanant d’agences idéologiques hors-sol. Ainsi, l’ONU exhorte à désinstitutionnaliser à la hussarde, pour défendre exclusivement le droit à l’inclusion, sans prendre en considération la réalité des empêchements… Le Conseil de l’Europe, en revanche, pointe l’insuffisance des places dans les établissements spécialisés... Et au milieu de tout cela, le secteur privé à but lucratif accapare les fragments « rentables » de la prise en charge du Handicap, alors que les situations les plus lourdes, tragiques, complexes, sont de plus en plus délaissées et invisibilisées…
D’après Carlos Parada, « la psychiatrie en général et le milieu médico-social en particulier vivent aujourd’hui sous une double injonction : le soin et les institutions sont à la fois dénigrés et regrettés. C’est-à-dire que pendant qu’on dénonce l’existence des institutions spécialisées, on se plaint également du manque atroce de lieux pour accueillir des malades ou des handicapés psychiques. Dans ce contexte, où patients et parents souffrent, les professionnels devraient choisir entre avoir tort de faire ou culpabiliser de ne pas faire assez ».
En tout cas, Emmanuel Macron reste droit dans ses bottes pour imposer son idéologie au bulldozer. Ainsi, a-t-il pu annoncer qu’il était temps de « changer radicalement de méthode ». Après un « coup d'accélérateur » promis pour 2024, le président omnipotent prévoit donc le passage à « un système de sanctions » …Les réfractaires n'ont qu'à bien se tenir...
Deux milliards d’euros seront néanmoins débloqués d’ici 2024 à 2030. Pour renforcer les institutions soignantes ? Que nenni…Ce budget sera consacré à la mise en place du plan « 50 000 solutions », prévoyant notamment le déploiement de nouveaux accompagnements à domicile…Chacun chez soi et les moutons seront bien gardées. On va donc créer des mini-institutions asilaires, inclusives à la maison.

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Ces annonces interviennent alors que la crispation et l’accablement croissent chez les familles. « Celles-ci dénoncent le manque de places criant dans les structures d'accueil spécialisées en France. Selon elles, ces établissements sont la seule manière de réellement les soulager. La situation sous tension contraint de nombreuses familles à envoyer leurs proches en Belgique, où les places en foyer de vie pallient le secteur français en crise ».
A l’évidence, cette gouvernance managériale du Handicap se situe pleinement dans une gestion biopolitique des populations, catégorisées par des diagnostics identitaires impliquant des droits formels spécifiques, en évacuant totalement les impératifs de soin et les enjeux du mal-être, à la fois sur le plan des causalités politiques mais aussi des modalités d’accueil et de prise en charge. Comme le souligne Pierre Dardot, « il faut prendre en compte la force de séduction de ce discours qui est parvenu à abuser des gens qui ont été engagés dans les combats de l’ancienne antipsychiatrie ». Néanmoins, en ce qui concerne par exemple les troubles du neurodéveloppement, « le plus grave est que cela entraîne l’absence de prise en compte de la crise d’angoisse vécue par l’enfant : cette dernière est décrite comme un « comportement problème » plutôt que comme une souffrance psychique à part entière ». Dès lors, « à cet amour immodéré du diagnostic rendu par la médecine scientifique correspond une haine du soin psychique qui va jusqu’au déni du psychique comme tel ». Ainsi, cette nouvelle antipsychiatrie institutionnalisée « s’en prend à l’existence même du psychique (la psuchè de psychiatrie) au nom même des prétentions de la médecine scientifique », réinstallée « en position de maîtrise en excluant toute autre approche ». « Au « psychique » elle substitue volontiers le « mental » qui présente l’avantage d’autoriser le glissement du mental au neuronal ». Ainsi, « c’est précisément cette dimension d’immaîtrisable du psychique que la nouvelle antipsychiatrie entend dénier ». « Elle est une médecine totale et exclusive, une médecine éliminativiste », témoignant d’ « une véritable « psychophobie » qui procède d’un véritable fanatisme de l’objectivation scientifique ».

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Et, au-delà, ces orientations managériales témoignent d’une forme de retournement tout à fait pervers, à travers certaines revendications et certains mots d’ordre, ânonnées tant par des mouvements militants que par les réformateurs politiques : le soin est une ingérence et une violation des droits. L’émancipation en passerait par l’entretien de la dépendance à l’égard de l’entourage familial, par des solutions de placement à domicile, et par des prestations à la personne, en dehors de toute dynamique collective. Le diagnostic serait inévitablement une libération et une reconnaissance identitaire. Il n’y aurait plus de souffrance, mais uniquement des discriminations. Sortir de l’institution garantirait la désaliénation. L’inclusion pour tous, et tous pour personne, etc.
De surcroit, les soignants qui résistent face aux impératifs modernisateurs, qui alertent, qui dénoncent, sont forcément mobilisés par leurs privilèges corporatistes, par l’archaïsme de leurs pratiques, par leur méconnaissance des avancées scientifiques et des contraintes gestionnaires, des irresponsables, des fauteurs de trouble, des tire-au-flanc, des incompétents, de la mauvaise graine à éradiquer…

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Dans cette logique, maintenir les possibilités de la rencontre clinique et du soin suppose désormais de déployer des micro-résistances, de tricher, de contourner, voire de subvertir. Soigner décemment est désormais une transgression…Insupportable.
En conséquence, pour nos managers éclairés, il faudrait définitivement détruire tous les lieux se revendiquant encore d’une forme de psychothérapie institutionnelle et d’accueil de la souffrance psychique. Tous ces espaces qui font aussi avec le négatif, la destructivité, la possibilité permanente de la pervertibilité, de l’emprise ou de la jouissance débridée. Tous ces collectifs qui luttent contre l’instrumentalisation, la réification, la tentation incestuelle, l’aliénation et la maltraitance…qui font avec l’humain….
Nonobstant, selon les injonctions de la DIA (Déni des Imaginaires Attentifs), les parcours doivent dorénavant être précocement balisés, normés, mis en filières, étiquetés par la MDPH (Marche Debout Pitoyable Humain), conformément aux RBPP (Rêve Bête des Petits Pontes) de la HAS (Hernie Alarmante de Stupidité). Ainsi, les CMPP (Cohorte Merdique de Plateformes Plateformisées) et les IME (Îlot Maladif dans l’École) doivent impérativement devenir des PCO (Putain de Cul Ouvert) et des PDAP (Pataugeoire de Débiles Auto-Proclamés).
Un projet inclusif prévoit également la mise en place, au sein même de l’Élysée, d'un HDJ (Hôtel pour le Dieu Jupiter ? Non Hospice pour un Dangereux Juvénile...)

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Afin de mieux cerner cette folie destructrice, nous nous pencherons plus profondément sur les prises de position de certains hauts fonctionnaires engagés, altruistes, humanistes, performants, informés, sérieux, sensibles, qui poursuivent contre vents et marées leur œuvre innovatrice, face à la résistance de l’humain. A suivre...
« L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre » Walter Benjamin