Billet de blog 5 avril 2016

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Sabrina Kassa, Livia Garrigue et Guillaume Chaudet Foglia sont les responsables du Club de Mediapart

Journaliste à Mediapart

Racontez-nous la Nuit Debout

Depuis le 31 mars, ils sont de plus en plus nombreux à se rassembler sur la place de la République à Paris (et désormais dans d'autres villes) pour s'opposer à la loi sur le travail. Quelques abonnés ont déjà commencé à nous raconter ce qui s'y passe. Nous vous invitons à les rejoindre !

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Place de la République 32 mars © © D.I.

L’occupation de la place de la République, à Paris, a été lancée à la suite de la manifestation contre le projet de loi travail porté par Myriam El Khomri, au soir du 31 mars. Des milliers de manifestants ont répondu à l’appel lancé par le collectif Convergence des luttes - né à l’issue d’une réunion publique organisée par le journal Fakir autour du film Merci Patron réalisé par François Rufin - et sont restés réunis pour la première « Nuit debout ». Vous pouvez lire le reportage de Mediapart .

Depuis, la place de la République vit nuit et jour. Au rythme des commissions, des AG, des échanges informels et des prises de parole. Le film se répète chaque jour : à l’aube, les policiers viennent évacuer les lieux et dans l’après-midi les manifestants remontent les tentes, les scènes, et réinstallent le matériel. Chaque jour, les participants toujours plus nombreux se réapproprient la République. Aux manifestants anonymes, syndicalistes, étudiants, lycéens se sont ajoutés les intermittents, les paysans, etc.

Après la demande unanime de jeter ce projet de loi aux orties, on est là pour dire son ras-le-bol et imaginer un nouveau monde. La place de la République est devenue une agora où la voix du peuple s’exprime, en restant vigilant à toute tentative de récupération.

Des abonné(e)s ont déjà publié des billets pour raconter cette mobilisation. Nous vous en signalons quelques-uns :

« La convergence à ce-ci de difficile qu'elle nécessite renoncement et lâcher prise, loin de l'hyper-contrôle institutionnel si cher aux structures politiques traditionnelles (partis, syndicats, associations…). La Nuit debout refuse de s'incarner, de se trouver des leaders et coureurs de plateaux Tv, préférant sans conteste une approche protéiforme, aussi insaisissable que réellement représentative. Aujourd'hui, la convergence se fait transversale, addition de luttes et d'histoires, croisement de trajectoires, mais pour exister dans tout son potentiel de puissance, elle doit se faire transcendantale, dépasser l'existant pour construire une nouvelle entité, trouver sa propre identité. »

  •  PASCAL GERIN-ROZE a posté sur ce fil de commentaires, l'adresse periscope de Remy Buisine, un citoyen reporter qui filme, en direct, depuis le début de la mobilisation ce qui se passe sur la place de la République. Les replays peuvent être consultés à cette adresse.
    Illustration 2
    nuit-debout-34-mars
  • Nous vous signalons également le billet du 4 avril de BRUDES, qui livre ses réflexions "à chaud" de la NuitDebout34.
  • « Différents extraits de textes de collectifs étudiants et lycéens» sont relayés dans ce fil de commentaires par  JAROGNE puis ANNIE LASORNE :

«La loi renseignement, la loi Macron, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité, les lois antiterroristes, le projet de réforme pénale, la loi travail, tout cela fait système. C’est une seule entreprise de mise au pas de la population. La loi El Khomri, c’est juste la cerise sur le gâteau. C’est pour ça que ça réagit maintenant, et que ça n’a pas réagi sur la loi Macron. À la limite, si on descend dans la rue contre la loi travail, c’est pas parce qu’elle concerne le travail. C’est parce que la question du travail, c’est la question de l’emploi de la vie ; et que le travail, tel que nous le voyons autour de nous, c’est juste la négation de la vie, la vie en version merde.»

«Derrière le « refus de la précarité » ou celui d’être une " génération sacrifiée ", c’est un refus de continuer à jouer le jeu de l’employabilité et de la disponibilité perpétuelle qui s’exprime maintenant dans chaque manifestation. Au delà de la légitime détestation du PS, l’absence totale de croyance des manifestants dans la politique classique et dans tout discours institutionnel est maintenant évidente.»

«Nous n’avons personne à convaincre, nous avons déjà trop perdu de temps avec cela, à subir des assemblées générales interminables, chantant les louanges de la massification du mouvement et la conscientisation des masses comme prérequis stérile.

Nous irons donc à l’essentiel. Nous ne parlerons pas de réforme, nous ne parlerons pas de travail, nous ne parlerons pas d’étudiant.e.s (car c’est une notion creuse et vide de sens) et par dessus tout, nous ne parlerons plus de compromis ni d’assemblées générales.
Nous avons déjà dû supporter ce temps des compromis trop longtemps, ce temps misérable qui nous fait croire que dans la défaite se cache la victoire. Il n’est rien de cela. Il n’y a dans ces promesses qu’un désert construit sur les piliers du défaitisme politique de la gauche - et des gauches - depuis trente ans.

Il s’agira ici de prendre acte de la catastrophe, de la misère politique étudiante comme génome de la misère ambiante, parce qu’elle est le produit du Spectacle qui l’entoure autant qu’elle le nourrit et le fait perdurer. Celles et ceux qui partout n’en peuvent plus de vivre sur la planche mitée du Vieux Monde avec la corde au cou du travail comme perspective d’avenir ont déjà renoncé aux promesse de vivre mieux dans une misère améliorée. Nous voulons reconnaitre au milieu de ce désastre, qui ne nous a jamais satisfait et ne nous satisfera jamais, les ami.e.s et compagnons avec qui nous désirons nous retrouver, conspirer, mettre à sac cette vie de merde car nous faisons partie de ceux-là.»

«Alors il va falloir leur dire à tous ces gens qui s’inquiètent pour nous ou de nous : on n’a pas peur de l’avenir, c’est votre avenir qui a peur de nous. Ce n’est pas nous qui avons peur de la rue, du changement, du soulèvement. Nous, on n’a pas peur de perdre notre boulot ou nos repères, nos petits privilèges et notre confort. Nous en s’en fout complètement de votre monde, ce qu’on veut, c’est tenter quelque chose, quelque chose de nouveau, d’inédit, d’improbable. Et vous nous ferez pas croire que le résultat pourrait être pire que le merdier que vous nous avez légué. "Mais qu’est-ce que vous proposez ?" foutez-vous là au cul votre question. Non seulement il faudrait que nous soyons jeunes et cons mais en plus « jeunes à proposition ». La vie c’est pas un clip pour la présidentielle, on ne propose rien, on invite, au bouleversement, au soulèvement, à l’insurrection. Des idées on en a et on en aura et ça tombe bien car vous allez mourir bien avant nous

A cette occasion nous vous rappelons que nous avons désormais un espace spécial pour annoncer les événements. Vous pouvez consulter le tutoriel ici

Pour faire vivre cette expérience au plus grand nombre, nous vous proposons de raconter votre « Nuit Debout», en textes, images, portfolio, dessins, vidéos, à l'adresse mail suivante : leclub@mediapart.fr 

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Ces contenus seront diffusés dans le Club.

Restons Debout !