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Billet de blog 18 janvier 2009

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Paul Auster under the limelight

Lecture de Paul Auster, ce dimanche 18 janvier, au théâtre du Vieux-Colombier.

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Paul Auster entre, éternel jean noir et pull gris anthracite, accompagné d’Irène Jacob, son actrice et lectrice fétiche. Une table, deux exemplaires de son dernier roman, Seul dans le noir, Man in the Dark. Un exemplaire à la couverture rouge pour Irène Jacob, un second à la couverture grise déjà écornée pour Paul Auster.

Auster se présente en français, explique qu’il lira des extraits choisis en anglais, qu’Irène Jacob les lira en français, dans la traduction de Christine Le Boeuf pour Actes Sud.

La lecture commence. Étonnante. Centrée sur le récit cadre du roman, les réflexions de son narrateur, August Brill, durant une longue nuit de pensées errantes et de cauchemars. Le personnage du récit encadré, Owen Brick, n’apparaît que fugitivement, rendant absconses les quelques lignes lues sur le rapport du réel et de la fiction. Auster focalise les extraits sur un roman familial, August, Katya sa petite fille, Sofia, la femme aimée et perdue, quelques mois auparavant, morte d’un cancer. Efface, volontairement, la structure enchâssée de son roman.

Il lit, longuement, le récit de la rencontre de Sofia et August, la lecture d’Irène Jacob oriente le texte vers un franc comique. Paul Auster semble apprécier. 

Le public aussi, hilare, même lorsque le texte est lu en anglais. La connivence s’installe rapidement, les spectateurs sont acquis, Charlotte Rampling, rayonnante, dans ses rangs.

La lecture publique d’une œuvre par son auteur est chose déroutante. On y goûte une langue, un souffle, le rythme même que l’écrivain imprime à ses phrases. Le rendu du texte est alors extraordinaire, plus encore, sans doute, quand le roman est lu dans sa langue première, non traduit.

Mais c’est un autre texte que Paul Auster lisait dans ces extraits choisis, sans la dimension politique essentielle de son roman, gommant en partie son pessimisme et sa noirceur, effaçant la réflexion centrale sur la fiction, sa portée, son danger comme sa puissance. Un autre Seul dans le noir, donc.

Théatre du Vieux Colombier - 18 janvier 2009 © Mediapart, Actes Sud, Paul Auster
Théâtre du Vieux Colombier - 18 janvier 2009 © Mediapart, Actes Sud, Paul Auster

Paul Auster, Seul dans le noir, Actes Sud, 2009.