C’est simple, il n’y a qu’à brancher le JT et les écouter. Au début, ça me foutait chaque fois en rogne. Maintenant, j’ai mis près du poste un petit

Agrandissement : Illustration 1

…. Vous saviez que ça existait, vous, un « véhicule présumé » ? On est un véhicule ou on ne l’est pas ! Certes, ce n’est pas au plus haut sommet de l’Etat qu’on montre l’exemple. La « présomption d’innocence », il y a belle lurette qu’on semble avoir oublié ce que c’est du côté de certains ministères et de l’Elysée ….
D’autant que quand même, si on énumère : « suspect », « soupçonné de… », « suspecté de.. », « susceptible d’être impliqué », « sur lequel repose un faisceau de soupçons », ou un cran plus tard « gardé à vue », « accusé de », voire « prévenu », ce n’est quand même pas le vocabulaire qui manque ! C’est un peu comme la « détention préventive », qui a disparu dans les années 1970 au profit de la « détention provisoire », et continue malgré tout de fleurir dans certaines bouches y compris celles de journalistes n’étant même pas encore nés quand elle a été supprimée…. A écouter le JT, on pourrait croire que tous les délinquants de France et de Navarre sont chaque fois pris en flagrant délit.
Mais soyons honnêtes : il n’y a pas qu’à la télé. Sur un gratuit, il y a quelques semaines, dans le bus, un titre, bien noir, bien gras, m’a presque fait tomber de la banquette : « Le meurtrier de A., l’épicier, aux Assises ». Et sous la photo, représentant la victime, la légende faisait encore moins dans la dentelle : probablement pour ne pas « doublonner » avec le mot « meurtrier » déjà utilisé dans le titre, il était précisé: « Le commerçant a été assassiné en 2007 de six coups de couteau » ». Le verdict ne devait être prononcé que quelques jours après. Alors pourquoi donc, me suis-je demandé, envoyer le suspect aux Assises s’il est d’ores et déjà considéré comme coupable ? Et même déjà carrément déclaré « assassin », c’est à dire coupable d’un crime forcément prémédité ! Donc un procès pour rien ? Pauvre Justice, déjà bien surchargée. Voilà qu’on lui demande de plancher sur des cas qui ont déjà été tranchés !
Car non, aussi grande soit la peine de la famille de la victime ou des proches, un mort de la route n’a pas été « assassiné » par un fou du volant roulant à 200 à l’heure avec plus de 3 grammes d’alcool dans le sang. Pas plus qu’un jeune sportif ne l’a été par la chute d’un panier de basket mal arrimé. Ou une jeune femme passant sur un trottoir fauchée par un camion dans lequel le chauffeur s’était endormi pour avoir conduit trop longtemps.
Certes, tous ont été tués. Ils sont morts. C’est suffisamment horrible comme cela. La plupart du temps, il y a des « coupables », des « meurtriers », parfois aussi, ce sont des « négligences coupables » ou de « l’incurie meurtrière », une « chaîne de responsabilités ». Mais d’« assassinat », point. Cela ne change rien au sentiment d’injustice, ni même au chagrin. Mais c’est comme ça. Et parler d’ « assassinat » ne sert qu’à faire monter la mayonnaise pour rien.
Prenons l’avalanche qui a « emporté », voire « enseveli », « pris la vie » ou « causé la mort » des quatre skieurs (« présumés » avoir fait du hors-piste ?). Elle n’avait en aucun cas décidé des tuer, justement eux, ces quatre là et ce jour-là …. Elle n’avait rien prémédité. Ce n’était pas une « assassine » à proprement parler. Juste une avalanche. Car, comme chacun sait, la montagne peut tuer.
Au fait, j’ai triché. Aucun journaliste n’a ce jour là parlé de « présumée avalanche ». Peut-être un jour, au train où ça va, ça va arriver. Il faut s’y préparer. Mais ce que je peux vous jurer en revanche, c’est avoir entendu, de mes oreilles entendu : « parmi les 4 skieurs portés disparus, on compte un Anglais, un Australien et une femme…. »
On peut se demander….
PS : rien à voir mais quand même. En sous-titre, lors d’un reportage concernant la démission de trois ministres d’opposition lors de la formation du tout premier gouvernement provisoire en Tunisie, le 18 janvier, on a pu lire « ministre des missionnaires »…..
Photo d'avalanche © Terra Nova