Après Sarkozy lundi soir 12 juillet sur France 2, Alain Finkielkraut était l'invité de l'émission « l'été en pente douce » de France Inter mardi matin, interrogé par G. Erner. Son ‘explication' de l'affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy est simple : « Tout le monde est au courant des liens de Médiapart avec Dominique de Villepin » or celui-ci est « spécialiste des coups tordus », la conclusion s'impose : Edwy Plenel et Dominique de Villepin, main dans la main, ont monté un complot pour affaiblir le clan Sarkozy.
Pour étayer sa démonstration, pas un fait. Nous sommes comme dans l'intervention du chef de l'état dans un déni de la réalité. Pas un mot sur le contenu des bandes magnétiques, pas un mot sur les déclarations de la comptable de Liliane Bettencourt, pas un mot sur l'intervention de l'Elysée dans le procès de la fille de Liliane Bettencourt contre Banier, pas un mot sur le financement de l'UMP. Une seule réserve, rendue possible vu que Sarkozy la veille avait donné son feu vert, celle de la double casquette d'Eric Woerth trésorier de l'UMP et ministre du budget puis du travail.
A. Finkielkraut ajoute : « Cela n'a choqué personne pendant 10 ans ». Il était difficile d'être choqué depuis 10 ans étant donné que cette double casquette il l'a portée pendant trois ans de 2007 à 2010. Eric Woerth interrogé, il y a plus d'un an, par un député socialiste, à l'assemblée nationale sur le conflit d'intérêts évident, eut pour toute réponse : « Cette question est stupide ». Sa démission hier, suite au ‘conseil' de Nicolas Sarkozy prouve bien que la question n'était pas stupide et qu'il y avait bien conflit d'intérêts.
Pour A. Finkielkraut, toutes les interrogations sur les pratiques du pouvoir dans sa proximité avec les puissances d'argent sont illégitimes. Avec Michel Rocard et Simone Veil il crie « halte au feu ». Concernant les attaques de Xavier Bertrand sur les « méthodes fascistes » de Médiapart il ne manifeste pas son désaccord, il les légitime en disant : « Edwy Plénel ne se lit pas, il pratique la violence quotidienne » et prend comme argument le refus par Médiapart de débattre de l'identité nationale dans le cadre fixé par le gouvernement.
Cette affaire Bettencout-Woerth-Sarkozy révèle :
- - les effets du bouclier fiscal sur l'imposition des grandes fortunes
- - La dépendance de la justice qui se trouverait aggravée si l'objectif de la suppression du juge d'instruction était réalisé.
- - Les sources dissimulées du financement de l'UMP
- - La volonté de contrôler la presse en l'attaquant de façon diffamatoire
- - La réalité des liens incestueux des grandes fortunes avec le pouvoir.
Pour A. Finkielkraut toutes ces révélations sont trop populaires pour ne pas être populistes. Il prétend vouloir élever le débat. Encore faudrait-il que les pratiques de ce pouvoir nous y encouragent alors qu'elles nous rabaissent (cf. Estrosi, Lefebvre, Bertrand...), encore faudrait-il que l'appel à une plus grande hauteur de vue ne soit pas une façon de nous masquer la réalité. Il ne remplit pas son rôle de philosophe, lui qui confond la hauteur du débat avec le silence sur les malversations de l'oligarchie au pouvoir.