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Carnets d'Europe

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Billet de blog 10 février 2024

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Les citoyens face à leur destin européen - Par Monique Beltrame*

Pour forcer la main des États rétifs à l'idée d'une Europe pouvant assurer sa défense de manière autonome, les citoyens dispose d’un cadre démocratique : le Parlement européen. Il renouvellera ses sièges en juin prochain. L'occasion pour les démocrates de faire entendre leurs voix ; par dessus celles des populistes, "intéressés" ou complaisants à l'égard de la politique criminelle de Poutine.

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Illustration 1
Bannière relevée sur le site de la Commission européenne consacré aux industries de la Défense. © commission européenne

Prisonniers d’un pouvoir nationaliste illusoire, les États ne se résoudront pas à construire une « Europe puissance ». C’est aux citoyens européens qu’il appartient de réclamer une politique efficace pour assurer leur avenir et faire sauter le verrou de l’unanimité. Les Européens disposent avec l’Union européenne d’un cadre démocratique exemplaire. Élu au suffrage universel, le Parlement européen, assemblée transnationale démocratique, a la possibilité et la combativité pour mener à bien ses projets.
L’Europe (du moins ce qu’il en restait de l’autre côté du rideau de fer) est sortie des cendres de la 2ème guerre mondiale d’une manière qui a étonné le monde. En changeant le logiciel de suprématie nationaliste, elle a construit une communauté basée sur le partage dans l’intérêt de tous sur fond de politique sociale pour créer la paix, apportant la prospérité. La Communauté européenne doit son rayonnement mondial au respect de son modèle, à sa force économique, à son souci de participer à la réorganisation du monde avec les Institutions internationales, nées au lendemain de la guerre pour éviter les conflits, lutter contre la faim, la pauvreté. De nouvelles puissances émergent. La fin de la guerre froide par l’équilibre de la terreur fait croire à « la fin de l’histoire ». L’Europe devient le premier donateur mondial humanitaire. C’est ce qu’on appelle le « soft power ».

L'union démocratique des Européens est indispensable pour assurer la sécurité du continent

Mais le bien-être et la paix sont vus comme un acquis définitif. Les pays en voie de développement recherchent leur revanche au lieu de réorganiser la gestion de leur potentiel. Les Européens, habitués à leur confort, sortent le carnet de chèque à chaque crise au lieu de poursuivre l’œuvre qui leur a été confiée : terminer la construction européenne pour devenir une puissance autonome sans user et abuser du parapluie américain. Les accents patriotiques et l’insinuation constante du déclinisme aboutissent aux promesses fallacieuses des lendemains qui chantent ou d’un passé national glorieux. C’est la valse des populismes qui parcourent le vieux continent et empêchent la progression naturelle d’une union politique démocratique, seul cadre pour assurer une indépendance stratégique, indispensable à la sécurité du continent.

Le sort de l'Europe se joue en Ukraine

Le 24 février 2022 « l’opération spéciale » d’invasion massive de la Russie contre l’Ukraine fait sortir les Européens de leur léthargie. Cette agression est en fait dirigée contre l’UE, plus exactement contre la démocratie qui met en péril les dictatures et agit comme un aimant sur tous les peuples opprimés. Cette soif inextinguible d’Europe, insupportable à l’autocrate russe, est le drame de l’Ukraine.
De l’issue de cette guerre dépend le sort des Européens, de leur liberté et des valeurs qui les protègent. Cette guerre est l’acte 2 des conséquences de l’effondrement soudain de l’empire soviétique. L’incapacité de bâtir un régime économique et social a permis à des personnages sans scrupule de s’emparer des richesses minières. Le régime se justifie par le fantasme d’une menace extérieure : l’Occident.

Poutine veut envahir l'Europe...

Un fond européen de 100 milliards d'euros pour le réarmement

La pratique des décisions à « l’unanimité » dans les domaines essentiels (défense, immigration, fiscalité...), condamne à la paralysie le Conseil Européen, organe exécutif de l’UE. La Présidence française de l’Union Européenne a défendu avec ardeur la création d’une défense commune. Mais sitôt la session close, la plupart des pays à l’exemple de l’Allemagne se sont précipités vers l’achat de chasseurs f-35 américains mettant fin à l’espoir d’une industrie européenne de défense. Depuis, Thierry Breton, Commissaire européen à la tête d’un vaste portefeuille qui inclut la défense, travaille à la création d’un fonds de 100 milliards d'euros pour doter les États membres d'un outil commun afin d’équiper les armées du continent dont la mise en œuvre sera confiée à la prochaine mandature.

Menaces tous azimuts 

Pendant ce temps, le drame israélo palestinien, providentiel pour l’agresseur russe, divise les Européens. Le conflit s’étend avec le blocage de la mer Rouge par les Houthis, Le manque de volonté européenne d’engagement géopolitique est flagrant. Cette attitude a déjà conduit à l’abandon de la rive sud de la Méditerranée aux Américains, puis aux Russes allumant une animosité inquiétante contre notre continent. Pourtant l’Europe est la plus concernée. Elle arme la plus grande flotte commerciale du monde, les plus gros transporteurs étant européens dont la CMA-CGM. Garante de la libre circulation avec ses 400 navires de guerre, l’Europe laisse aux Américains l’honneur de défendre le détroit de Bab-el-Mandeb.

Le principe de subsidiarité pourrait être invoqué pour mutualiser nos armées 

 Le refus d’une armée commune ne correspond pas ni à l’esprit des Pères fondateurs ni à l’interprétation du Traité sur l’Union européenne selon le principe de subsidiarité (article 5, paragraphe 3). Plus précisément, ce principe implique que l'UE, (sauf dans les domaines qui relèvent de sa compétence exclusive) ne doit pas intervenir dans la politique des États, à moins que son action ne soit plus efficace que celle décidée au niveau national, régional ou local.
La mutualisation des armées, outre une économie de moyens, assurerait à notre continent une force de défense qui dissuaderait tout aventurier surarmé et rendrait inopérante toute tentative de disloquer notre Union.

Notre destin est dans les urnes 

Prisonniers d’un pouvoir nationaliste illusoire, les États ne se résoudront pas à construire une « Europe puissance ». C’est aux citoyens européens qu’il appartient de réclamer une politique efficace pour assurer leur avenir et faire sauter le verrou de l’unanimité. Les Européens disposent avec l’Union européenne d’un cadre démocratique exemplaire. Élu au suffrage universel, le Parlement européen, assemblée transnationale démocratique, a la possibilité et la combativité pour mener à bien ses projets.
Franchir le pas vers une souveraineté à portée de main ou sombrer dans le gâchis et le chaos à cause de la peur du changement tel est le choix proposé aux citoyens.
La classe politique ne porte pas seule le fardeau de la responsabilité. Les députés européens conduiront la politique choisie par leurs Électeurs, les 6 et 9 juin prochains, à l'ocassion du renouvellement des sièges au Parlement Européen : notre destin est dans les Urnes.

Marseille le 02 /02/24

*Monique Beltrame, 
Présidente
Comité Européen Marseille

Sous titres, chapeau et sélection du visuel : Ph L.

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