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La Pologne se trouve sous le coup d’une condamnation pour atteinte grave à l’État de droit. Son gouvernement d’ultra droite a mis la main sur la justice.
Cette situation a poussé l’exécutif européen à bloquer les 36 milliards d’euros du fonds européen qui lui ont été attribués pour la relance post-covid.
L'utilisation de cette aide, appelée « Plan de relance et de résilience" (PNRR), doit être utilisé d’ici 2026.
L’ensemble de l’opposition polonaise comprend la raison invoquée par la commission pour geler cette aide, et a adopté le 3 novembre dernier une résolution qui intime à son gouvernent de respecter l’indépendance de la justice.
Le plan national de relance et de résilience peut être comparé au plan Marshall. « C’est de l’argent destiné à faire rebondir l’économie de la Pologne, c’est de l’argent pour les infrastructures polonaises, pour les hôpitaux, les écoles... Pensez à la Pologne !" », a lancé la députée Mirosława Nykiel au Premier ministre Mateusz Morawiecki. Il donnera sa réponse d’ici un mois.
Édifiée par l’attitude ferme des représentants de l'Union Européenne, la nouvelle cheffe de gouvernement italien a préféré prendre les devants.
Reçue à Bruxelles le 3 novembre par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, le Président du Conseil européen, Charles Michel et Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, la Première ministre Georgia Melloni a promis de respecter les orientations européennes, en ce qui concerne la guerre en Ukraine, la crise énergétique... et l’inflation. Les 191,5 milliards d'euros... excusez du peu ! héritage de Mario Draghi légué à la Présidente du Conseil d’Italie, valent bien un effort en matière de rigueur budgétaire !
Un intérêt bien compris oblige, pour l’instant, les populistes, quelques peu réalistes et doués d’un sens des responsabilités, à modérer leur rengaine eurosceptique.
L'agression russe en Ukraine pousse les pays balkaniques à dépasser leurs égos
Une autre nouvelle rassurante fait de l’Europe une force protectrice et pacifique. Toujours jeudi 3 novembre, à Berlin, six pays des Balkans, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Montenegro et Serbie, ont signé trois accords pour une adhésion définitive, dans le cadre du processus de Berlin, initié par Angela Merkel et poursuivi avec succès par le chancelier Olaf Scholz.
Comment se fait-il que l’imbroglio des rivalités des minorités et des nationalismes, qui ont provoqué une guerre atroce et fratricide dans l’ex-Yougoslavie en 1990, ait soudainement été dénoué ? S'il est vrai que pour être admis dans l'UE, le respect mutuel est primordial, c'en est même une condition sine qua non, la guerre en Ukraine a ramené à grande vitesse les États balkaniques a de meilleurs sentiments les uns envers les autres.... Tant de drames pour dépasser les égos !
« L’intérêt commun au profit de tous » : un principe fondateur jeté aux oubliettes ?
Le fondement de la construction européenne est basé sur l’application d’une principe simple, enseigné par Jean Monnet, de l’intérêt commun au profit de tous. « Nous sommes là pour accomplir une œuvre commune, non pour négocier des avantages, mais pour rechercher notre avantage dans l’avantage commun » » répétait-il aux délégués de la première Communauté Européenne, celle du Charbon et de l’Acier (CECA).
Ce n’est pourtant pas ce qui a inspiré la décision de l’Allemagne, de la Belgique, du Danemark, de l’Italie, de la Finlande, des Pays-Bas, de la Pologne, qui ont passé commande aux États-Unis de chasseurs-bombardiers F-35A.
En se détournant du programme SCAF (Système de combat aérien du futur lancé par le président Macron et la chancelière Merkel, en même temps que le char de combat du futur MGCS (Main Ground Combat System), ces pays ont porté un coup (fatal ?) au développement d’une véritable industrie européenne d’armement et d’une défense commune crédible, estiment nombre de députés français (1).
Nous continuons à dépendre de la politique des États-Unis, un grand allié certes, mais lui-même menacé par un populisme inquiétant et ravageur. Le résultat des prochaines élections de mi-mandat aux USA pourrait en fournir une preuve tragique pour le vieux continent.
Quels qu'en soient les résultats, l'inconstance de la politique américaine oblige les Européens à concevoir une autonomie stratégique.
Mais la majorité des pays-membres ont encore peur de se vivre en puissance politique. Résultat : l’UE ne peut toujours pas se porter garante de la défense de l’Europe. Elle reste sous le parapluie nucléaire... et la tutelle, des États-Unis.
* Monique BELTRAME, présidente du Comité Européen Marseille
(1) L avion européen serait opérationnel en 2040... Pas de quoi dissuader une Russie en plein délire ! L’agresseur de l’Ukraine parle aujourd’hui d’utiliser l’arme nucléaire pour se tirer du guêpier dans lequel l’ont fourvoyé un colonel d’opérette, le président Poutine, et des idéologues du FSB. Ils menacent d’élargir la guerre à l’échelle du continent comme le prouve le déploiement à Kaliningrad et en Bielorussie, du missile hypersoniques Kinjal, à capacité atomique. La plupart des capitales européennes sont à sa portée. La menace d’une guerre est plus que jamais présente et commande, aux yeux de l’état-major allemand, des avions de l’Otan capables de transporter une charge atomique. "Pas dans 20 ans. Maintenant !" (Philippe LEGER)