Gabriel Attal propose la retraite par capitalisation en prétextant la baisse de la natalité et en occultant la hausse tendancielle et constante du taux de productivité. Une hausse qui contredit le dogme marxiste à propos de ce taux. La robotique en est en partie responsable. Rappelons-lui qu'un robot ne cotise pas pour les prestations sociales : Il travaille jour et nuit. Ignore les jours fériés ou chômés. Ne fait pas grève. Ne se plaint jamais et n'est jamais malade : en cas de déficience on le vire et le remplace sur le champ. Et il ne prend jamais de retraite !
L'État est le grand responsable de la dette publique : c'est à lui de se réformer ! Pas aux Français de changer de système de retraite
En fait, l'État est incapable d'assurer la retraite des Français en raison de l'endettement de la France, dont on découvrira plus loin les raisons. Néanmoins, le patron de Renaissance propose la mesure "révolutionnaire" qui verrait l'État placer 1000 euros sur un compte en banque après la naissance d'un bébé ! On se doute de l'entité qui serait responsable du compte... Comment faire comprendre à l'ancien Premier ministre que la retraite par capitalisation est une fausse bonne idée ? On nous balance une tarte à la crème pour faire diversion et entretenir l'espoir d'une solution à nos difficultés. Mais c'est l'État qui est responsable de la dette publique ! Ses choix sont loin d'être toujours judicieux. C'est bien l'État français qui décide depuis des lustres des grandes orientations économiques et nous les impose souvent sans concertation et quelquefois par la "contrainte" comme le prouve l'affaire du Minitel, qui a coupé nette l'espérance de géants numériques français et retardé pendant une décennie l'innovation française dans le secteur des technologies de l'information et de la communication, en dépit des rappels désespérés de la commission européenne au début des années 90. Aujourd'hui, on voit que ce secteur est d'une importance considérable même pour un petit commerce !
Depuis qu'elle est nationalisée, la sécurité sociale enregistre déficit sur déficit
Autre exemple : la sécurité sociale dont la gestion a été retirée aux syndicats. Depuis la réforme constitutionnelle de 1996, sous la présidence Chirac, le Parlement vote chaque année la loi de financement de la sécurité sociale. On connaît le résultat de cette réforme...
Que de décisions souvent catastrophiques pour notre protection sociale, nos retraites, mais aussi notre économie et les finances publiques !
Oui, l'État est responsable de l'endettement catastrophique de la France ! L'État français doit se réformer... Avec l'allongement de l'âge de départ à la retraite, c'est le début de la sagesse et le commencement de la résolution de nos difficultés.
Les raisons du déficit abyssal
Sous la présidence Giscard (1974-1981), les comptes sont restés longtemps équilibrés en dépit du choc pétrolier orchestré par les États-Unis sous le couvert de l'OPEP. Il s'agissait pour les Américains de juguler leur inflation (les gaullistes comparaient le dollar à de la "monnaie de singe") et propulser leur devise comme monnaie principale de la réserve mondiale et d'échange dans les transactions internationales, notamment celles concernant les hydrocarbures. Soit dit en passant, toujours sous Giscard, un numérus clausus limitant l'accès aux études médicales avait été décidé, mais il n'est entré en vigueur que sous la présidence Mitterrand. Une présidence qui a amorcé le déficit abyssal de nos finances publiques comme on va le voir. À tout le moins, on n'en finit pas aujourd'hui de "récolter" les déserts médicaux...
Assurant comme toujours la continuité de la France en dépit des changements politiques, voire de régimes, de hauts fonctionnaires se s'étaient mis en tête à l'époque de prendre la direction de l'économie de l'information et de la communication. Il en résulté des retards considérables dans ce secteur... et d'autres encore.
L'époque (années 70 et 80) étaient cruciale, le monde se mondialisait. Nous sommes partis avec un retard considérable dans la nouvelle économie, celle de la mondialisation, grandement facilitée, accélérée par l'internet, et caractérisée par l'innovation et une croissance phénoménale comme le prouvent la Chine et autres dragons asiatiques.
Le Minitel, la dinde de hauts fonctionnaires français, a ruiné les efforts de petites entreprises françaises, comme celle dirigée par André Truong qui a inventé le premier micro-ordinateur du monde, indispensable au fonctionnement d'internet... On a perdu le marché des pc alors qu'on faisait la course en tête et l'internet sera finalement américain... grâce aux recherches de Louis Pouzin, un ingénieur polytechnicien français dont les travaux ont été mis sous l'éteignoir par l'Administration pour ne pas contrarier l'essor du Minitel ! Il en a résulté 10 ans de retard dans la mondialisation, pour le moins ... Pas de Google, Amazon, X (Linked in) ou autres autres made in France, si indispensables au commerce... Nous ne contrôlons quasiment pas les échanges alors qu'ils ont d'une importance considérable pour notre économie, notre croissance et l'équilibre de notre balance commerciale. Nous sommes de plus en plus sous la dépendance de l'étranger, même pour rédiger un billet et le transmettre sur le réseau, par exemple celui que vous lisez maintenant !
Notre système permet-il l'essor des innovations non impulsées par les responsables de l'État ? Là est aussi la question ! Qu'on veuille bien m'excuser d'incriminer de hauts fonctionnaires, on en trouve aussi d'excellents dans notre Administration.
Déficit du Crédit Lyonnais, banque nationalisée : 10 fois le déficit de la sécurité sociale !
La carte à puce, inventée par le chercheur français Roland Moreno, aurait pris le même chemin des oubliettes sans l'obstination de 4 ingénieurs de Thomson CSF. Devant la cécité du groupe français, nationalisé, dirigé par une fonction publique incapable de comprendre cette invention et d'imaginer son développement, ils ont créé la société privée Gemplus à Gemenos dans la banlieue de Marseille. On connaît la suite... Elle est dans notre portable, sur notre carte bancaire, dans les systèmes de sécurité etc. On l'a échappé belle mais l'histoire a montré que les Américains n'avaient pas dit leur dernier mot pour s'approprier l'invention.
C'est une autre entreprise nationalisée, le Crédit Lyonnais, qui va amorcer le déficit gigantesque de nos finances publiques pendant la présidence de François Mitterrand. Sous la direction effective du gouvernement socialiste de l'époque, cette banque voulait se payer Hollywood avec l'entregent de gangsters italiens, tout en créant par ailleurs des filiales offshores, en toute illégalité. Dans un environnement de gangsters et de voyous politiques, elle a disparu en fumée (au sens propre de l'expression) rendant impossible aux enquêteurs de mettre la main sur ses archives. Le déficit du Crédit Lyonnais se montait à 10 fois le déficit de la sécurité sociale* ! Pas moins de 50 milliards d'euros à la charge des contribuables, sans compter les intérêts. Au plus haut niveau, la France a subi ces 50 dernières années l'irresponsabilité, la gabegie, l'incompétence, la fourberie, la fraude... Ce n'est pas la retraite par capitalisation qui va remettre de la droiture et le sens de l'intérêt commun dans la Maison France !
Retraite par capitalisation : gare aux krachs boursiers !
La fausse bonne idée dont Gabriel Attal se fait le promoteur, ignore dans son analyse les réalités industrielles (la robotique n'est tout de même pas tombée de la dernière pluie !) et surtout le contexte économique et international. L'offre et la demande, sont de plus en plus difficiles à déterminer des années à l'avance (songeons au secteur de l'automobile) ; des pays pratiquent la loi de la jungle, le dumping social, multiplient les cartels, transgressent les règles de l'OMC et, quand ils sont en position de force, comme les États-Unis, déstabilisent en leur faveur les échanges économiques et compromettent l'idée même de retraite par capitalisation, préconisée Gabriel Attal. Et puis l'âge d'or de la croyance de la croissance infinie est révolue ! D'autant que la croissance non maîtrisée, non encadrée par des règles internationales justes, déstabilise des économies, entraîne de graves dommages à l'environnement et aux espèces - dont la nôtre.
L'Islande comme modèle de retraite par capitalisation à suivre par la France, comme le préconisent des sympathisants de Renaissance, est trompeur. Ce petit pays dispose d'une énergie géothermique quasiment illimitée transformée en électricité afin de produire d'aluminium... L'Islande a joué avec le feu. Il faut se souvenir que ce pays est sorti ruiné de la crise américaine des subprimes de 2007 et 2008. Un article paru dans Los Angeles Times en 2011 et repris par "Courrier International " détaille la crise qui a brutalement frappée l'Islande fin 2008. Ses habitants ont pu compter sur la solidarité des pays scandinaves pour subsister, au sens propre du mot. Pour nourrir ses habitants !Aux États-Unis, des retraités ont perdu la totalité de leur pension. Plus de retraite ! En France, des collectivités qui s'étaient affranchies de la légalité ont enregistré d'énormes pertes... lésant leurs administrés.
Par ailleurs, le système financier international est aujourd'hui plus que jamais aux mains des États-Unis qui cumulent une dette publique abyssale. Le monde est plus proche d'un krach planétaire sans précédent, que d'une relance de nos économies. La preuve avec l'Allemagne dont la croissance stagne et qui, aujourd'hui, comme la France, compte sur une politique d'armement pour se tirer d'affaire ! Il est vrai que la Russie belliqueuse et expansionniste, qui nous menace du feu nucléaire, ne laisse pas le choix aux pays de l'Union Européenne. Jusqu'alors les Européens n'avaient cessé de promouvoir la paix, les échanges gagnant-gagnant...
Que les dirigeants de Renaissance prennent aussi conscience que proposer la capitalisation aux Français, c'est aussi aller au casse-pipe électoral. La retraite par capitalisation n'est pas plus performante que celle par répartition ; par contre, il y a le risque de perte et les Français, contrairement aux Américains, n'apprécient pas de risquer leurs économies au poker boursier. Les élus des autres partis ne sont pas tirés d'affaire pour autant en refusant obstinément le relèvement de l'âge de départ à la retraite...
On ne le dira jamais assez : il faut prendre le taureau par les cornes et faire comme la plupart des pays européens responsables : relever l'âge du départ à la retraite. Les fonds de pension proposés par Gabriel Attal relèvent de l'attrape-nigauds dans un monde où tout se dérègle, pas seulement le climat ! Gare aux krachs boursiers ! Ce n'est pas le système de retraite qu'il faut changer : c'est l'État et ses prérogatives.
*Dans l'ouvrage "Histoire secrète de la Ve république" (Éditions La Découverte" - Paris 2006) Martine Orange dénonce "l'aveuglement de l'État actionnaire ou l'omertà de l'Inspection des Finances". Et une facture de 50 milliards d'euros... à payer par les contribuables français.