Les citoyens français ne connaissent ni l’histoire de leur pays ni son rôle créateur qu’il a joué pour sortir leur nation du traumatisme de la défaite en donnant naissance à un continent nouveau, cette Europe si étrange qu’ils sillonnent pourtant dans tous les sens. Interprétant l’action du chef de l’État comme un désintérêt des problèmes français, ils ont voté contre l’Europe parce qu’ils étaient contre Macron. Ils ont envoyé à Bruxelles la délégation la plus rétrograde d’Europe, le RN.
L’extrême droite française, bien que consciente de problèmes sociétaux actuels, reflète cette incompréhension déconnectée de toute réalité géo politique. Rien à voir avec l’extrême droite de Madame Georgia Melloni. Elle n’a pas hésité à consulter les personnalités européennes et italiennes les plus qualifiées en matière financière. L’Italie est la première bénéficiaire de l’aide européenne, œuvre de Mme Merkel convaincue par Macron pour assurer à l’UE un rebond économique post covid. La Première Ministre de l’Italie affiche son soutien à l’Ukraine tandis que les nouveaux députés RN, ont rejoint au Parlement européen le banc de Victor Orban, cheval de Troyes de Poutine. Ils ont créé le parti Les Patriotes. Leur but : déconstruire l’Europe. Cette menace s’est concrétisée le 9 juin, cause de la dissolution. Les Patriotes ravissent la 3ème force politique du Parlement européen à RENEW, cœur des avancées européennes par un travail sans relâche et une foi inextinguible en cette Union des peuples.
Rien à voir non plus avec l’extrême droite néerlandaise très dure au point de vue sociale et sans pitié face aux étrangers qui ne servent pas ses intérêts. Ces responsables politiques apprécient comme tous les Hollandais le bénéfice d’appartenir au grand Marché intérieur et savent en exploiter les avantages. Pendant que le port de Marseille agonisait sous les grèves, n’ont-ils pas su dérouter la navigation qui transite par le canal de Suez vers Amsterdam ?
La moitié de nos concitoyens ayant mélangé les élections européennes avec le drame franco-anti-français, la dissolution devait permettre aux Électeurs de retrouver leur esprit et de s’exprimer clairement. Par peur de l’extrémisme de droite la majorité changea de camp pour les élections nationales en faveur du Nouveau Front Populaire, qui fit croire partager les desseins du front Républicain. Malheureusement, sous le diktat de La France Insoumise, parti virulent, antisémite, anti-laïc, arborant un programme économique aberrant, il rejeta ses engagements. Il y a longtemps, hélas, que La gauche traditionnelle française n’est pas à la hauteur des valeurs qu’elle avait incarnées. Elle n’a pas respecté le testament de François Mitterrand dans son ultime discours le 31 décembre 1994 : « L’avenir de la France passe par l’Europe. En servant l’une, nous servons l’autre ». Elle l’a trahi le 29 mai 2005 sous la baguette d’un ex premier ministre qui, pour des raisons politiciennes, prétendit que la Constitution pour l’Europe n’était pas sociale alors que les Pays-Bas imitèrent les Français par un Non retentissant parce qu’elle était trop sociale… Depuis, l’Europe paralysée lutte pour assurer son indépendance dans un monde hostile qui l’enserre de tous côtés. Caporalisés par LFI pour des raisons électoralistes, ces socialistes paraissent un obstacle pour toute coalition raisonnable. Le parti centriste européen de gouvernement est pris en étau. Même les Républicains se tiennent sur la réserve et ne favorisent pas la constitution d’une majorité relative face à la dérive agressive de l’extrême gauche.
N’y a-t-il pas un autre choix pour ce drame franco-anti-français que l’Étatisation forcenée de droite ou de gauche, souvenir illusoire d’un autre temps ? N’y a -t-il pas d’autre avenir que cet illibéralisme du XXIème siècle ? Les électeurs veulent-ils vraiment balayer la jeune histoire européenne, cette vie de liberté et de paix entre les peuples à l’abri des coalitions nationalistes ? Ou bien serait-ce l’annonce de la fin des vieilles démocraties plus capables de s’émerveiller du monde dans lequel on vit ? À moins que le soleil ne se lève à l’Est avec des jeunes Républiques, sous les bombes du despote russe, qui luttent pour leur survie et l’espoir de la réalisation du rêve européen.
*Monique Beltrame - Présidente du Comité européen – Marseille, le 13 juillet 2024