En Ukraine, la partie est loin d’être gagnée pour l’agresseur russe. Il lui faut y mettre le prix. Il est loin d’en avoir les moyens, sauf à réorienter une grande partie de son économie. Il lui faut acheter à l’étranger des armes qu’il n’est pas encore capable de produire, du moins pas en quantité, ou se procurer de la « chair à canon » auprès de la Tchétchénie, Corée du Nord, voire en recrutant par internet, jusqu'aux Amériques !
Aujourd’hui, la Russie s’approvisionne en armement et composants électroniques notamment auprès de la Chine ; elle exporte des ressources énergétiques qui ont nécessité la construction d’infrastructures et de toute une flotte de navires fantômes ; elle permet à la Chine de mettre en valeur des territoires qu’elle est incapable d’exploiter faute d’habitants ou d’une population motivée et formée …
Pour en finir avec sa guerre d’agression suicidaire, elle en est réduite aujourd’hui à se partager par avance les dépouilles de l’Ukraine, sinon de son propre territoire, avec les États-Unis et promet à Trump, « le faiseur de paix », de participer à « la relance de son économie à travers des investissements américains dans des secteurs stratégiques, et en participant à un rétablissement des flux énergétiques russes vers l’Europe occidentale », comme le révèle Le Wall Street Journal qui dévoile les annexes secrètes du « plan de paix » russo-américain (nouvelle relevée dans Le Figaro).
"Le parti de Lepen-Bardella s'est aligné sur Moscou au Parlement européen après avoir bénéficié de deux prêts d'une valeur de 11 millions d'euros pour financer ses campagnes électorales"
La Russie de Poutine fait feu de tout bois. Pas simplement en tirant chaque nuit un bouquet final de missiles et de drones sur des villes ukrainiennes. En menant une guerre hybride contre l’Union européenne qui soutient l’héroïque Ukraine contre la barbarie d’un temps qu’on croyait révolu à jamais sur notre continent.
Déstabilisation politique, opérations de sabotage, observations par drones… Les impérialistes russes ne disposent plus dans nos États de dirigeants communistes à leur solde. Ils s'appuient donc sur des formations nationalistes, opposées à une Europe des peuples, unie et souveraine. D'où la guerre hybride... trucage des élections, aides logistiques et facilités financières accordées à des partis nationalistes européens ; manœuvres pour déconsidérer les autorités démocratiquement élues ; déstabiliser l'opinion publique, envenimer des situations par de actes de malveillance et la diffusion de bobards sur les médias sociaux. Non sans succès. Cela ne date pas d'aujourd'hui.
Une enquête de Mediapart (lien souligné) révèle que « le RN et son fondateur ont bénéficié en 2014 de deux prêts russes à hauteur totale de 11 millions d’euros pour financer leurs campagnes. Ces emprunts se sont accompagnés d'un alignement du parti sur les positions du Kremlin et de versements aux structures du négociateur du prêt en échange de positions pro-Poutine au Parlement européen. Ces commissions font l’objet d’une enquête judiciaire depuis 2016. »
Autre révélation de Mediapart : « En marge du prêt russe au RN : 255 000 euros ont été versés en échange de positions pro-Poutine
Jean-Luc Schaffhauser, l’eurodéputé qui a négocié le prêt russe au RN, dispose d’une fondation qui a touché des centaines de milliers d’euros en échange d’interventions en faveur de Moscou au Parlement européen, selon des mails dont Mediapart a pu prendre connaissance. Sollicitée, Marine Le Pen ne nous a pas répondu sur le sujet. »
La Russie diffuse son venin à l'intérieur des nations pour éviter la confrontation directe. Mais volonté d'évitement ne signifie pas forcément qu'elle ne songe pas à se résoudre à un conflit de haute intensité afin de reconquérir des territoires qu'elle considère comme siens parce que les soldats russes y ont posé leurs pieds.
Du duel au duo
Sa stratégie n'écarte pas cette éventualité, d'autant que Poutine a réussi, là où Lénine avait échoué : détacher les États-Unis de l'Europe.
Le Serpent est patient et a plus d'un tour dans son sac. Le maréchal Joukov avait confié à celui qui fut le chef de la France Combattante et des Forces Françaises de l’Intérieur, le général Kœnig: : « Nous ne vous ferons pas la guerre mais nous vous entraînerons dans une course aux armements à laquelle l'économiste capitaliste ne pourra pas résister.»: En 1991, l’URSS s’effondrait. Les États-Unis avaient gagné la course.
Aujourd’hui, Poutine s’emploie à reconstituer l’URSS… avec l'aide des États-Unis ! Russes et Américains sont passés du duel au duo.
Du duo au deal
Pour les États-Unis, l'enjeu est avant tout un deal avec la Russie pour la mise en valeur des abondantes richesses de son territoire ou de territoires sous son obédience.
Pour cette raison Trump désire la fin rapide du conflit russo-ukrainien. Mais pendant que Poutine se livre à une guerre d'usure destructrice et ruineuse contre Kiev, Pékin se frotte les mains, pas seulement pour des fournitures militaires ou la vente de composants électroniques : la Chine envoie en grand nombre des travailleurs en Sibérie, en Extrême-Orient russe et en Mandchourie pour mettre en valeur des territoires de la Russie. On assiste à une véritable colonisation de la Sibérie et de l'Extrême-Orient russe. Hier quelques milliers, aujourd'hui 5 millions, dans quelques années, il y aura plus de Chinois que de Russes. Et ces régions de la Russie, le président Xi Jinping en est convaincu, tomberont comme des fruits mûrs dans l'escarcelle de Pékin ! En voilà un dirigeant qui n'est pas fâché de voir la guerre s'éterniser en Ukraine !
Trump ne jure que par les affaires pour régler les affaires internationales. Pour lui, le seul intérêt de l’Otan, c’est de vendre des armes. En finir avec la guerre en Ukraine, c’est la possibilité de relancer les échanges commerciaux avec la Russie et de planter des banderilles dans le cuir du taureau européen, qui lui fait de l'ombre avec ses règlements et sa vision multipolaire du monde. Il compte quand même sur nos États pour veiller sur le sol ukrainien (russe pour Poutine !) au respect d'accords de paix dont il ne doute pas qu'ils seront signés par toutes les parties. Pour le paraphraser : « Des contrats et des pépètes pour les Américains. Des territoires pour la Russie avec en prime une collaboration économique... Les emmerdes pour l'Europe ! Et nib pour l'Ukraine !»
Pour la Russie, le combat militaire n'est que l'ultime recours pour soumettre l’adversaire, elle privilégie clairement une guerre protéiforme, hybride et anonyme. Pour elle, tous les coups sont permis : on peut ruser, mentir, se parjurer... À la guerre comme à la guerre ! Le sort d’un État européen peut dépendre d’une élection... Gare à la présidentielle française de 2027 !