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La région balkanique*, autrefois soumise aux grands empires (Ottoman, Austro-Hongrois…) reste une source d'instabilité et inspire toujours les plus vives inquiétudes aux démocraties occidentales. Depuis toujours, on marche sur les œufs du Serpent. Elle est instrumentalisée par des grandes puissances et les mafias depuis des siècles. On relira avec profit le reportage réalisé en 1931, « Les Comitadjis », par le grand reporter français, Albert Londres.
La diversité ethnique et religieuse a contribué à faire des Balkans au cours des siècles une région fortement instable, générant de nombreux conflits et des exterminations de masse. Ils restent une terre de prédilection pour le crime organisé qui ne demande aujourd'hui qu'à s'étendre (merci Schengen !) et prendre le pouvoir dans l’UE... Ses armes font déjà la loi dans nos cités. Les Balkans entretiennent le marché noir des armes, mais aussi des réseaux de trafic d’humains et d’immigrés clandestins. Ils sont au cœur du trafic migratoire qui rayonne dans toute l’Europe. Une véritable pieuvre. Des dirigeants mafieux traitent en toute opacité avec la Russie de Poutine pour exploiter les richesses du sous-sol ou attribuent à des entreprises chinoises des chantiers ruineux pour l'économie de leur pays. Qu'en serait-il d'une intégration des Balkans, souhaitée par l'Union européenne et précipitée par les nationaux-populistes ?
Dans les Balkans, sous la cendre la braise est toujours vive
Dans les Balkans, la Russie se montre particulièrement active grâce à la religion orthodoxe et la présence d'ethnies slaves ; comme l’Empire ottoman, la Turquie utilise les communautés musulmanes, tandis que des potentats du Moyen-Orient soutiennent les islamistes...
Sous les cendres des empires de la poudrière balkanique, qui a mis le monde à feu et à sang au 20e siècle, la braise est toujours active ! Sans l'action apaisante de l'Europe, les espoirs qu'elle suscite, les affrontements ethniques auraient déjà repris. Ils ont fait plus de 100 000 de morts dans les années 90. À cette époque, sans l’intervention décisive du président Chirac et l'héroïsme de nos soldats, les massacres génocidaires se seraient poursuivis pendant que les porte-avions américains de l’Otan continuaient à faire des ronds dans l’eau de l’Adriatique. Les accords de Daytona ont mis fins aux affrontements sanglants sans annihiler le contexte ethnique, et empêcher les démarches de politiciens, notamment Serbes en Bosnie Herzégovine, tout acquis à la vision géopolitique poutinienne à l'instar du président hongrois.
Bien sûr, les pays balkaniques sont européens. Ils ont vocation à rejoindre notre Union. Mais les intégrer trop vite, c’est retirer son couvercle à la boite de Pandore, comme le craint avec raison le président Macron. C’est refaire l’erreur de l’Allemagne qui, peu après l’effondrement de l’URSS, a reconnu de manière hâtive l’indépendance de la Croatie. La Yougoslavie a explosé, des massacres ethniques entre les diverses populations balkaniques ont suivi… Intégrer maintenant ou ne pas intégrer ? Là est la question. Nous sommes face à un dilemme que la Russie met à profit pour continuer sa déstabilisation des États balkaniques comme elle le fait dans le Caucase... Là, après la Georgie, la Moldavie est sa prochaine cible.
Macron a ouvert un chemin vers la souveraineté de l'Europe
Le discours de la Sorbonne du 26 septembre 2017 d’Emmanuel Macron a ouvert un chemin vers la souveraineté à notre Europe. Dès la prise de ses fonctions en 2017 à la tête de la France, Emmanuel Macron s’est présenté à l’université de la Sorbonne comme porteur du projet des pères Fondateurs* qui ont fait émerger nos pays des cendres de la 2e Guerre mondiale, une guerre en continuité avec la Première débutée dans les Balkans... Des dizaines de millions de morts, sans compter les blessés et des ruines à n'en plus finir. La civilisation européenne a failli périr.
Les "pères Fondateurs" ont permis aux Européens de s’en relever, de réaliser les fondations d’une Europe pacifique libre et (encore) prospère, à laquelle nous participons aujourd'hui… et qui reste une terre d'espérance pour beaucoup de malheureux dans le monde.
L’Europe est passé dans la seconde partie du 20e siècle, de terre d’émigration à terre d’immigration. Nos pays ont accueilli ces 70 dernières années des dizaines de millions réfugiés, leur procurant travail et logements, éducation gratuite pour leurs enfants, leur accordant souvent leur nationalité… mais les Européens ne peuvent pas accueillir toutes les misères du monde, laisser s’accroître un fardeau qui est aussi alimenté par des États, notamment balkaniques, pour déstabiliser les pays de l’Union européenne, et par des réseaux mafieux multicartes qui profitent des faiblesses de la zone Schengen.
Il s’agit aujourd'hui de résister à la pression des grands blocs et d'éviter sur le territoire de l'Union européenne la résurgence de conflits à haute intensité. Le chef de l’État a rappelé en 2017 que « nous sommes les héritiers de deux déflagrations, les deux guerres mondiales qui auraient pu nous engloutir. Mais ensemble, nous avons su surmonter l’épreuve, sans jamais en oublier les leçons. L’idée a triomphé des ruines. »
Mais l’Union Européenne n’est pas restée qu’une idée : elle est avant tout une réalisation. Visiblement, elle ne plaît pas à tout le monde ! Notamment aux Russes… et aux nationaux populistes européens !
Macron a raison de dénoncer une Europe « trop faible, lente et inefficace » au profit d’une Europe « souveraine, unie et démocratique ». Pour faire face notamment à l’impérialisme russe et sa volonté de déstabilisation, souvent avec l'aide de traîtres à leur patrie européenne.
Depuis la guerre russo-géorgienne de 2008, beaucoup de clignotants sont passés au rouge et la guerre est revenue sur le sol de l’Europe.
À peine élu, le jeune président Macron a anticipé les visées de Poutine, d’une Russie qui veut établir son hégémonie mafieuse sur l’ensemble des Balkans avec l’aide de ses « partenaires ».
Aujourd’hui, l’Ukraine est martyrisée par la Russie et menacée de l’arme nucléaire depuis la Bielorussie, un pays qui permet aux troupes de Moscou de traverser son territoire mais aussi d'y lancer des frappes. Plusieurs partis politiques des Balkans ont un « partenariat » avec Russie unie, la formation de Vladimir Poutine. Ils sont autant de chevaux de Troie. Notamment en Serbie, avec le Parti démocratique de Serbie (DSS) de Vojislav Koštunica ; au Monténégro, avec le Parti démocratique des Socialistes (DPS), de Milo Đukanović ; en Bosnie-Herzégovine, l’Alliance des sociaux-démocrates indépendants (SNSD), de Milorad Dodik… Le noyautage des notables et élus de grandes institutions n'a pas lieu qu'en Georgie, un pays du Caucase. Depuis l'arrivée de Poutine au pouvoir présidentiel, il a cours dans toute l'Europe, y compris en France, notamment dans les partis populistes qui siègent sur les bancs du Parlement Européen et de l'Assemblée Nationale.
L'économie « illibérale », un modèle pour les nationaux populistes et la pègre internationale ?
Les nationaux-populistes ne sont pas en faveur d'une économie libérale. Viktor Orban vante comme tous les nationaux-populistes le modèle de l'économie illibérale. Selon le politologue Matthijs Bogaards, il s'agit d'« une situation démocratique où, néanmoins, l’indépendance de la justice est malmenée, et les citoyens ne bénéficient pas d’un traitement égalitaire face à la loi, ni de protections suffisantes face à l’État ou à des acteurs privés ». C'est une économie qui favorise l'arbitraire et s'accommode des pratiques mafieuses. Nous voilà prévenus !
L’intégration des Balkans à l’UE : une source de discorde
La commission européenne veut accélérer l’entrée des Balkans occidentaux à l’Union. Comme les nationalistes italiens, les partisans d'Orban et les anti européens du Parti de la liberté d'Autriche y sont aussi favorables, très favorables, mais pas pour les mêmes raisons. Leur priorité n’est pas fondamentalement la poursuite de la construction d’une Europe « pacifique, libre et prospère », chère aux pères fondateurs. L’intégration alimente leurs fantasmes de nationaux-populistes. Tout ce petit monde à l'ambition de renouer avec la « puissance » impériale d'antan de leur pays. De supplanter le leadership franco-allemand en Europe… Ça tombe bien, c’est aussi le projet de Poutine qui veut établir son hégémonie sur le continent !
Depuis qu'elle a accédé au pouvoir, la Première ministre Meloni a accordé son violon avec celui de la présidente von der Leyen. Elle est en faveur d'une accélération de l'intégration des Balkans dans l’Union.
Comme pour la Hongrie, les Balkans restent une région stratégique pour l’Italie. Les raisons sont autant, historiques, économiques que politiques. les Balkans sont redevenus un outil géopolitique pour assurer à l’Italie (comme à la Hongrie) une zone d’influence tirée de l’histoire, afin de peser sur les relations européennes et contrer l’influence franco-allemande. Des ambitions encouragées par le traité de Lisbonne qui a constitué l’Union Européenne en « Fédération d’États Nations »… et ravalé politiquement la Commission européenne au rang d'un secrétariat de rédaction. Le Conseil étant le vrai patron, comme l'a rappelé en Turquie le président du Conseil européen refusant de céder son siège à Ursula von der Leyen...
Il s’agit pour l'Italie et la Hongrie d’établir un nouveau rapport de forces au sein de cette institution d'États nations élevée au rang d'institution européenne par le traité honni.
Depuis 2023, les États européens mettent en exergue la nécessité parmi les domaines clés de la coopération, la lutte contre la corruption et les trafics illégaux, la gestion et l'endiguement des flux migratoires irréguliers, la lutte contre l'extrémisme « sous toutes ses formes ». Est-ce aussi la volonté des nationaux-populistes italiens qui ont aidée Meloni à accéder au pouvoir ?
La politique de Meloni : de la poudre aux yeux...
On s’interroge sur la politique de Meloni qui prétend avoir jugulé l’immigration clandestine. En fait, elle a promis un titre de séjour à 450 000 personnes dans les trois ans. Une mesure paradoxale pour un gouvernement qui s’est engagé à réduire l’immigration !
Les partisans de la cheffe de l’extrême droite italienne facilitent la tâche à Poutine qui veut affaiblir l'UE pour imposer sur le continent (et ailleurs dans la monde) sa politique impérialiste.
« Si vis pacem, para bellum ! » : cet adage romain est le fruit d'une vieille sagesse qui a été maintes fois vérifiée par les faits : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ! »
Le noyautage des notables et élus de grandes institutions par la Russie n'a pas lieu que dans le Caucase et les pays balkaniques...
Comment Emmanuel Macron aurait-il pu convaincre les nouvelles générations de s’engager pour une Europe « souveraine, unie et démocratique », elles qui n’ont connu que les bénéfices de la construction européenne, notamment la paix entre les États européens participant à l’Union ? Les électeurs ont-ils fait un contresens sur les récentes élections européennes parce qu’ils refusent d’en reconnaître les enjeux ? Parce ce que les partis extrémistes les ont « enfumés » ? Car le plus fort dans l’histoire, c’est que le président Macron passe à leurs yeux pour un va-t-en guerre, alors qu’il veut éviter de toute force que la guerre s’étende aux Balkans occidentaux puis au territoire de l’Union !
« Comme en 40 ! » les Français paniquent à l’idée d’une guerre qui s’étendrait fatalement sur leur territoire...
Aujourd'hui, les bombes à hydrogène françaises dissuadent tout agresseur de l'attaquer de manière frontale en utilisant l’arme nucléaire, mais il y a une infinité de moyens pour une puissance impérialiste de faire la guerre et soumettre un pays... Macron a raison : nous devons renforcer l’Union Européenne avec les moyens adaptés pour faire face à la menace grandissante de la Russie, notamment dans les Balkans !<>
*Les 6 des Balkans occidentaux : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord et Serbie.
Tous les pays considérés comme balkaniques : Albanie - Bosnie-Herzégovine - Bulgarie - Croatie - Grèce (en partie) - Kosovo - Macédoine du Nord - Roumanie - Serbie - Transnistrie - Slovénie - Turquie (partie à l'ouest du détroit du Bosphore).
Officiellement candidats pour entrer dans l'Union européenne : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Moldavie, Monténégro, Serbie, Turquie. Le Kosovo a déposé sa candidature en 2022 mais n'a pas encore été reconnu État candidat par l'UE.
Membres de l'OTAN: Albanie, Bulgarie, Croatie, Grèce, Roumanie, Slovénie, Monténégro, Turquie et Macédoine du Nord ; sous protection de l'OTAN : Bosnie-Herzégovine, Kosovo ; membre du Partenariat pour la paix : Serbie.