Par Monique BELTRAME*
Dès la prise de ses fonctions en 2017 le Président de la République, s’est défini comme porteur du message des pères Fondateurs qui ont conduit nos pays émergeant des cendres de la 2ème guerre mondiale à la naissance d’une Europe pacifique libre et prospère. Le discours de la Sorbonne ouvrait un chemin vers sa souveraineté pour résister à la pression des grands blocs face à la résurgence des conflits à haute intensité. C ‘est ainsi qu’enfreignant tous les traités internationaux, l’agresseur du Kremlin peut, sous la menace de son arsenal nucléaire, martyriser l’Ukraine.
Mais comment Emmanuel Macron pouvait-il convaincre de s’engager pour l’Europe une génération, qui n’a connu que les bénéfices de la construction européenne sans avoir mérité cet héritage, ? Les Électeurs ont fait un contresens sur les élections européennes parce qu’ils ne connaissent pas les devoirs d’un citoyen français. Difficile à concevoir à une époque où le baromètre des valeurs a été inversé depuis quelques décennies et dont le gouvernement actuel a hérité. Éclatement des familles, « interdire d’interdire » a permis à des personnes sans scrupule de bénéficier des largesses de la République. Au pays des Lumières on ignore le rayonnement de la culture française et de son histoire qui ont participé à la civilisation. Le chemin de l’école ploie sous le jeu délétère du rejet de l’autorité et l’absence de respect face au savoir. La violence prime sur l’intelligence et le cirque des gauchistes dans l’hémicycle de la République, leur dérive antisémite ont poussé les citoyens apeurés vers le RN anti-européen certes mais au comportement maîtrisé qui promet monts et merveilles.
Tourné à juste titre vers l’avenir dans un monde dont la gestion occidentale vole en éclat sous les coups de butoir des puissances les plus violentes, Emmanuel Macron a fait résonner la voix de la France avant qu’elle ne menace de s’effacer en Europe dont elle épousera le destin quelque soit le résultat des élections… cette fois nationales !
Malgré une supériorité numérique écrasante le RN ne peut pas s’imposer. Leurs députés et en particulier Jordan Bardella ne sont pas compétents, ils font de la figuration et de l’opposition systématique au Parlement européen, ne participe pas au travail des commissions où se forgent les propositions qui ont fait de l’Europe le seul continent doté d’une protection sociale affichant une politique environnementale. L’extrême droite ne s’intéresse qu’à ce qu’elle considère être de son intérêt national. Or l’UE est une construction qui avance sur la base de l’intérêt commun dans un esprit de solidarité. L’extrême droite c’est la destruction du projet européen. Le RN aura à ses côtés des partis des plus virulents. Citons les descendants directs des fascistes italiens qui célèbrent à Rome la marche de Mussolini avec le salut fasciste que Mme Melloni tolère bien qu’appréciant les aides et les avantages d’appartenir à l’UE. Ajoutons au paysage une force extrêmement virulente l’Afd, héritiers des nazis à l’action d’une dangerosité redoutée.
N’oublions pas le trublion Victor Orban, lui qui a réhabilité la mémoire de Miklós Horthy, dictateur qui a livré tous ses Hongrois juifs au four crématoire d’Auschwitz-Birkenau, va prendre, selon l’application du fonctionnement démocratique, la présidence tournante de l’UE. Tout semble perdu. Nenni.
Victor ORBAN vient de découvrir que la Hongrie a un passé austro-hongrois. Elle était avec la capitale autrichienne à la tête d’un empire. Son projet : inclure les anciens territoires des Balkans dans l’UE. Soutenu par Vienne qui, malgré son opulence, affiche sans complexe son anti européanisme alors qu’elle n’existerait pas sans l’UE, est engagée dans le projet. Tout laisse à penser qu’ils réussiront à élargir l’Europe aux Balkans qui attendent depuis 20 ans dans l’antichambre de l’adhésion sous conditions de progrès démocratiques.
*Monique Beltrame ,
Présidente du Comité européen Marseille