Membre du Conseil administratif de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe (Lausanne) depuis 30 ans, mais aussi présidente du Comité Européen Marseille, Monique Beltrame a bien voulu nous confier son sentiment sur la démarche d'Emmanuel Macron dans le contexte des relations de la Suisse avec l'Union européenne.
Selon elle, "nul ne peut contester la sincérité de l’engagement de Président Macron pour une Europe forte et indépendante.
Travailler dans l’esprit des Pères Fondateurs est exceptionnel pour un homme politique en exercice.
Sa visite à la Fondation Jean Monnet, en compagnie du président Alain Berset, est dans la droite ligne de son action, si difficile, sur un continent en proie au doute. En 1992, le peuple suisse a refusé par référendum de ratifier le traité de l'Espace Économique Européen. Si le pays alpin est aussi signataire du traité de l'AELE - Association Européenne de Libre Échange -, il ne l'a pas ratifié non plus. Néanmoins, il continue un singulier processus d'intégration comme partenaire par le biais d'accords bilatéraux (une vingtaine) ; en outre, plus d'une centaine de traités ont été négociés, puis adoptés, pour accroître l'intégration de l'économie suisse dans celle de l'UE. — Une manière pour les descendants de Guillaume Tell, [le héros légendaire des mythes fondateurs de la Suisse], de contribuer à la construction européenne tout en ne reniant pas leur conception de "l'indépendance" et de la "neutralité" ? Plus prosaïquement, pour Monique Beltrame, il est clair que "le président Macron veut réconcilier le pays des Helvètes avec l'Europe : "L'Europe est une chance pour la Suisse, et la Suisse une chance pour l'Europe" a-t-il déclaré dès son arrivée à Berne (vidéo sur Youtube). La visite à la Fondation a précédé la conférence donnée par les deux présidents à l’Université de Lausanne.
Jean Monnet : "père fondateur de l'Europe"
Dans ce haut lieu de mémoire que représente la Fondation qui porte son nom à Lausanne, poursuit Monique Beltrame, Jean Monnet a déposé son message et le récit de ses combats à travers deux guerres mondiales et les enchevêtrements politiques.
Les présidents Macron et Berset ont été chaleureusement accueillis par Christelle Luisier Brodard, présidente du Conseil d’État du Canton de Vaud ; Pat Cox, président de la Fondation Jean Monnet et ancien président du Parlement européen ; Fréderic Herman, recteur de l’Université de Lausanne ; Gilles Grin, directeur de la Fondation Jean Monnet ; Jacques de Watteville, vice-président de la Fondation Jean Monnet et ancien secrétaire d’État de la Confédération suisse ; et Dominique de Buman, membre du Conseil exécutif de la Fondation Jean Monnet et ancien président du Parlement fédéral suisse.
Concepteur et premier président de la première Communauté européenne, celle du charbon et de l’acier, Jean Monnet a conçu les bases démocratiques qui servent toujours de cadre au fonctionnement de l’Europe dans sa longue marche vers son unification.
L'Histoire le place parmi les quelques hommes qui ont joué un rôle éminent au 20e siècle. Notamment dans l’effort de guerre des Alliés au cours des deux guerres mondiales, mais aussi dans le début d'une espérance, la Société des nations, qui a précédé l'Organisation des Nations Unies ; son engagement contre le nazisme a été sans faille ; on le retrouve dans la mise au point du Comité de libération nationale à Alger, puis la reconstruction de la France et l'édification de l'Europe unie.
Il a été le concepteur et le premier président de la première Communauté européenne, celle du charbon et de l’acier.
Il est devenu en 1976 le premier citoyen d’honneur de l’Europe et ses cendres reposent au Panthéon depuis 1988.
À travers une visite guidée des archives, les deux présidents et leur délégation ont pu découvrir certaines pièces emblématiques montrant la signification déterminante de l’action de Jean Monnet (1888-1979) pour ‘unir les Hommes‘.
Outre des pièces d’archives concernant Jean Monnet, la Fondation a aussi mis à l’honneur durant la visite certaines affiches tirées d’une toute nouvelle collection exceptionnelle de 5000 pièces.
Depuis sa création en 1978 par Jean Monnet, la Fondation est une mémoire vivante ainsi qu’un lieu de réflexion et de discussion sur les diverses facettes des grands enjeux liés à la construction européenne et la place de la Suisse en Europe. C'est une institution de pure utilité publique, non- militante et non-partisane. Ses activités sont rendues possibles par le soutien de l’État de Vaud, de la Confédération suisse, de la Ville de Lausanne et de l’Université de Lausanne."