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Carnets d'Europe

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Billet de blog 31 mars 2025

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Les États-Unis : géant au pois chiche dans la tête... ou géant machiavélique ?

Les Américains pénalisent et menacent leurs alliés. L'oncle Sam assure le commandement suprême de l'Otan tout en flirtant avec la dictature russe, nostalgique de l’URSS. Le retournement d’alliances ne date pas de la présidence Trump. Aujourd’hui, l'Europe est dans l'obligation d'assumer les engagements des États-Unis (2014) concernant l'inviolabilité du territoire ukrainien.

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Illustration 1
Réarmement massif de l’Allemagne : le cauchemar de Poutine commence à prendre forme. Photo : Fabrication d’acier - vue générale lors d'une visite des installations de Thyssenkrupp © Photographe : Paul Barrena @ Union européenne, 2025.


En 1994, les Américains, sous la présidence du démocrate Bill Clinton, ont contribué à la reconstitution de l’URSS, non pas sur une base plus démocratique comme le voulait Gorbatchev, mais impérialiste. 

Le soutien des États-Unis, politique, financier et militaire à l’égard de la Russie du président Boris Eltsine et de son Premier ministre Vladimir Poutine, lors de l’agression de la Tchéchénie (1994-1996), a même été officialisé par une visite à Moscou du président américain en exercice… qui a félicité les agresseurs ! 

Comme nous l’avions écrit dans un billet de Carnets d’Europe du Club Mediapart, le lendemain de l’annonce du décès du président Gorbatchev, la politique des États-Unis, menée sous la présidence du démocrate Bill Clinton, a été de soutenir la guerre menée par la Russie contre les Tchétchènes...  Les Américains ont concouru au financement de l’agression russe et autorisé leurs services secrets à fournir des appareils de ciblage électronique, grâce auxquels les Russes ont assassiné le président tchétchène, Djokhar Doudaïev. Alors que ce dernier menait des négociations de paix avec Moscou sur son téléphone satellite, il a été pulvérisé par deux missiles guidés par laser. 
Avec l’aide américaine, cette Première guerre de Tchétchénie (1994-1996) a remis les Tchétchènes sous la férule de Moscou… Et commencé à reconstituer l’URSS comme le voulait - et le veut toujours - Vladimir Poutine… toujours avec l’aide des Américains !

La Seconde guerre de Tchétchénie a révélé la volonté génocidaire de Poutine et des militaires sous ses ordres. Commencée en août 1999, sous la présidence de Poutine, elle s’est terminée officiellement en 2009 avec le massacre de la population civile, écrasée sous les bombes, les missiles, déchiquetée par les mines personnelles, terrorisée, torturée, violée, pillée… 
L’effroyable guerre que la Russie de Poutine mène contre l’Ukraine, comme la politique cynique du ploutocrate Trump à son encontre, ont un précédent… pour le moins !

Face à « Poutler » (contraction de Poutine et de Hitler) et au géant américain au pois chiche dans la tête, sinon machiavélique, l’Europe se réarme… et fait courir un risque de dommages et destructions énormes à la Russie. Preuve aussi que le réarmement allemand n’attise plus les craintes des Européens.
Redoutée des nationalistes, notamment du général de Gaulle qui effectuait à l'époque sa « traversée du désert », la perspective de ce réarmement avait fait échouer la CED (Communauté Européenne de Défense).
Pourtant, au début des années 50, tous nos partenaires avaient signé et ratifié le projet dont la France était l’instigatrice !
Le général Kœnig avait présenté aux parlementaires un argument décent, auquel de Gaulle n'avait probablement pas songé : « l’Europe n’a pas de souverain »,  donc pas de chef auquel une armée doit obéir. Les députés gaullistes avaient joint leurs voix à celles des communistes aux ordres de Moscou.
Au lendemain de cet échec cuisant, la République Fédérale d’Allemagne avait adhéré à l’Otan.
.. Elle y rejoignait la France et se rangeait, comme elle, sous le commandement suprême du « protecteur » américain.

La bombe atomique mise au point sous la IVe République, à la demande de Pierre Mendès France, grâce à une étroite coopération avec Israël, va permettre à de Gaulle, revenu « aux affaires » en 1958, de changer son fusil d'épaule. Elle permettait à la France d'accéder à l'autonomie, c'est à dire à ne plus attendre le bon vouloir de Washington pour se défendre en cas d'agression. C'est cette autonomie que l'Europe (comme le Canada) recherche aujourd'hui pour s'affranchir de la tutelle des États-Unis. La force de frappe nucléaire française, tous azimuts, peut y contribuer, en élargissant la protection à tout le vaste territoire européen (le Groenland en fait partie). Le réarmement des Européens et la volonté de défendre chaque pouce de leur territoire renforcent leur autonomie et leur unité. Surtout après les propos de Trump confirmant le lâchage récurrent des Américains sur les champs de bataille.
Aujourd’hui, toujours dans le trio de tête mondial grâce à sa puissance économique, industrielle et financière qui reste sans égale en Europe, l’Allemagne s’affirme comme la grande championne de la démocratie et de l’Union Européenne. Philippe LEGER (Secrétaire général du Comité Européen Marseille).

* Élevé à la dignité de Maréchal de France, à titre posthume.                                                                                                                                                                                                                   

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