Sortie nationale (France) du 12 février 2014.
Le corps d’une jeune femme vient d’être retrouvé sur le parking de la faculté où enseigne l’éminent professeur de droit pénal Roberto Bermúdez. Celui-ci commence son enquête personnelle et ses soupçons vont vite se poser sur l’un de ses plus brillants élèves.

Après El Aura, Neuf reines, Dans ses yeux, Carancho, c’est toujours un plaisir de retrouver ce brillant acteur argentin qu’est Ricardo Darín. D’ailleurs, depuis quelques années, les spectateurs français ont l’heureuse opportunité d’avoir rendez-vous avec lui chaque année. Après El Chino et Elefante blanco sortis en France en 2013, l’acteur revient à ce qui paraît être son genre de prédilection : le thriller. Adapté du best-seller Thèse sur un homicide de Diego Paszkowski, Hipotesis semble conçu pour l’acteur lui-même. C’est bien son personnage qui est au centre de toute cette histoire, jusqu’au dénouement final qui réussit tout de même à créer la surprise alors que le genre du thriller policier a depuis plusieurs décennies été bien largement épuré. Car la problématique du film est ici : surprendre le spectateur habitué aux codes de l’enquête policière. Au fur et à mesure, le film se recentre sur le personnage principal, l’enquête elle-même passant au second plan. Celle-ci devient un révélateur de la psychologie de Roberto Bermúdez, homme à qui tout réussit : vie sentimentale, intellectuelle et professionnelle. Sa vie va dérailler et le spectateur l’apprend dès la première scène : la suite de l’histoire sera donc un retour au passé pour expliquer la scène initiale. Dans ce brillant exercice de style (on se laisse aisément prendre par le film), il y a toutefois une petite ombre au tableau. Le personnage interprété par Ricardo Darín se présente lui-même comme un homme sûr de lui et de ses choix, au détriment des autres hommes du même âge qui l’entourent et qui ont choisi une « vie rangée » avec épouse et enfants. Lui s’annonce libre et le film va montrer le contraire dans ce qui va devenir pour le personnage une certaine « descente aux enfers », autrement dit une rencontre avec son inconscient. L’inconscient prend les traits d’un jeune homme brillant avec lequel Roberto Bermúdez entre très vite en rivalité. Or il se trouve que ce personnage pourrait être très lié à l’histoire passée du séducteur Roberto. Dès lors, on sent poindre à travers ce film une certaine morale (chrétienne, patriarcale ?), où le personnage finit par payer par son orgueil et sa vie de séducteur invétéré. Ce qui n’empêche aucunement le film d’être savamment construit et orchestré. Si l’on n’est pas dans le thriller politique à l’instar de {Dans ses yeux}, la performance de Ricardo Darín est toujours là et les promesses faites au spectateur d’aller voir un bon thriller tenues. Cédric Lépine
Hipotesis
Hernán Goldfrid
106 minutes. Argentine – Espagne, 2013.
Avec : Ricardo Darín (Roberto Bermúdez), Alberto Ammann (Gonzalo Ruiz Cordera), Calu Rivero (Laura Di Natale), Arturo Puig (Alfredo Hernández)
Scénario : Patricio Vega, adapté du roman Thèse sur un homicide de Diego Paszkowski (Strasbourg, Éd. La Dernière Goutte, 2014)
Images : Rodrigo Pulpeiro
Montage : Pablo Barbieri
1er assistant réalisateur : Marcello Pozzo
Scripte : Marta Loza Alonso
Musique : Sergio Moure De Oteyza
Son : Jesica Suárez
Décors : Mariela Ripodas
Maquillage : Karina Camporino
Effets spéciaux : Federico Ransenberg
Effets visuels : Curro Muñoz
Costumes : Cristina Rodriguez
Production : Tornasol Films, BDCINE, Castafiore Films, Haddock Films
Coproduction : Telefe
Producteurs délégués : Diego Dubcovsky, Gerardo Herrero
Coproductrice : Vanessa Ragone
Producteurs exécutifs : Daniel Burman, Mariela Besuievsky, Jimena Blanco
Directeur de production : José Antonio Gómez
Distributeur français : EurozoomVente internationale : Latido Films
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