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Le festival Cinélatino développe chaque année son programme dans les salles de la région Midi-Pyrénées et dans une moindre mesure d’Aquitaine et du Limousin. Un partenariat entre l’ARCALT (Association pour les Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse) et l’ACREAMP (Association des Cinémas d’Art et d’Essai en Aquitaine, Limousin et Midi-Pyrénées) permet une diffusion et un accompagnement des films auprès des exploitants de salles et par là du public.
Marie-Françoise Govin : Qu’est-ce que l’ACREAMP et que sont ses missions ?
Céline Clément : L’ACREAMP est une association de salles de cinéma implantéeà Toulouse qui travaille avec plus de quatre-vingt salles de cinéma art et essai, pour la plupart en Midi-Pyrénées mais aussi sur le Limousin, l’Aquitaine et une salle en Languedoc-Roussillon. Elle a été créée en 1982, pour diffuser et soutenir l’art et essai mais aussi pour donner aux salles de proximité et en région les moyens d’obtenir des copies 35mm, en se mutualisant et pour avoir plusde poids auprès des distributeurs. Cette mission a évolué notamment avec l’arrivée du numérique, maintenant c’est devenu un travail de diffusion plus complexe et diversifié : un accompagnement des salles adhérentes avec une aide à l’animation et à la programmation, des journées visionnement, des cycles thématiques. Tout en gardant la facilitation de la mise en circulation des copies de films. De toute cette partie diffusion fait partie Cinélatino. À côté de ça, elle a le rôle de coordonnateur du dispositif lycéens au cinéma en Limousin et en Midi-Pyrénées. C’est une association régionale, financée par la région et par la DRAC.
MFG : Et qu’en est-il aujourd’hui que les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont fusionné ?
CC : l’ACREAMP a des homologues en Languedoc-Roussillon mais sous des formes très différentes. Nous avons des liens avec les structures, mais nous en sommes au tout début. Pour le moment nous sommes contents de travailler en bonne cohérence.
MFG : Parlons maintenant du partenariat avec Cinélatino. Savez-vous quand il a débuté ?
CC : Oui, nous avons cherché et nous avons trouvé de vieux rapports d’activité. C’est en 1999 qu’apparaît pour la première fois des actions conjointes avec Cinélatino. Ça fait plus de quinze ans ! et ceci avec toutes nos salles adhérentes, en périphérie, en région et même avec une salle de Toulouse puisque Le Cratère en fait partie.
MFG : Comment les salles adhèrent-elles ? Vous leur faites des propositions ou elles s’adressent à vous ?
CC : Les salles viennent vers nous. Il n’arrive jamais que nous cherchions des adhérents.
MFG : Comment fonctionne le partenariat avec l’ARCALT ?
CC : C’est un vrai partenariat qui nous permet d’organiser ensemble l’événement. Notre mission, à l’ACREAMP, est de décentraliser le festival en région et de donner une visibilité à des films distribués, - qui ont un distributeur français -, dans des salles en dehors de Toulouse. Nous mettons à disposition du festival un réseau de diffusion de quatre-vingt salles ainsi que nos relations avec les distributeurs français. Il s’agit de faire le lien : nous mettons en place ensemble une programmation d’une quinzaine de films, souvent des films d’actualité, - qui viennent de sortir ou qui vont sortir ou qui sortent pendant le festival -, avec le souci qu’il y ait au moins un documentaire et un film pour les scolaires. Nous faisons la sélection ensemble. En amont nous visionnons les films chacun de notre côté ; l’ACREAMP est en lien avec les distributeurs et reçoit des films ainsi que de la documentation ; de son côté l’ARCALT reçoit aussi des films. On croise nos visionnements et souvent nous constatons que nous avons une bonne partie en commun ; on échange sur ce qu’on a vu ou pas vu. Des deux côtés, c’est un travail de veille des actualités de cinéma pour repérer tout ce qui sortira jusqu’au mois de mai. En outre, depuis cinq ou six ans, nous organisons deux jours de visionnement pour les exploitants, ce qui leur permet de faire un vrai choix éditorial puisqu’ils disposent d’une sélection de quinze films. Ces journées de visionnement sont aménagées pour que les exploitants puissent prendre connaissance de la programmation : on leur parle des invités, des actions pour les scolaires et nous leur proposons tout un travail de communication. Je me charge de récupérer toutes les programmations des salles, toutes les demandes de copies et je fais le lien avec les distributeurs. Je m’occupe de faire les circulations de copies ; c’est un travail de plus en plus important, parce que, si au début il n’y avait pas tellement de choix, aujourd’hui nous avons doublé l’offre. Certaines années nous avons pu suggérer des thématiques : la muestra comme des films de femmes, des films chiliens quand il y en avait beaucoup dans le catalogue du festival, mais ce n’est pas systématique. Les salles sont fidèles et nous recevons de plus en plus de demandes, plus de cinquante cette année. En 2015, les salles en région ont fait aux alentours de 10 000 entrées.
MFG : Quels sont les bénéfices pour chacun ?
CC : Pour le festival, l’ACREAMP offre un réseau de diffusion. Aux salles l’événement apporte une visibilité puisque Cinélatino inclut dans sa programmation celle des salles participantes et c’est un festival qui commence à avoir une belle renommée ; le public de ces salles est devenu très fidèle. Et les salles programment les films plus longtemps que la durée du festival : on démarre les circulations mi-février et on les arrête parfois au mois de mai.
MFG : Vous proposez aux salles des intervenants.
CC : L’ARCALT prend en charge la mise en place d’invités, réalisateurs, acteurs, et parfois nous avons des propositions un peu annexes. Par ce biais, les salles font leur événement, chacune à son niveau. Chaque salle se l’approprie. Il y a des formules très différentes selon les cinémas. Des salles non adhérentes se trouvent aussi dans le dispositif. Au début des années 2000, vingt salles participaient, aujourd’hui, elles sont plus de cinquante. Deux cinémas créent leur propre festival : Cahors et Luchon.
MFG : Pourquoi ce partenariat fonctionne-t-il si bien, ce qui se voit par sa longévité et son développement ?
CC : Nous avons une très bonne connaissance du réseau et un vrai désir de partenariat avec les salles. Chacun met en place son domaine de compétences et un vrai désir de répondre aux besoins des salles. En outre, le cinéma d’Amérique latine a un bon potentiel, avec beaucoup de choses à faire, beaucoup de propositions. Ceci répond aux envies des cinémas et aux goûts du public.
Propos reccuillis par Marie-Fraçoise Govin, dans le cadre des 28e rencontres Cinélatino, mars 2016