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Film de la compétition long métrage de la 30e édition du Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan du 25 octobre au 1er novembre 2025 : Mamífera de Liliana Torres
Sur la base d’un scénario original, Liliana Torres met en scène des questions existentielles d’une grande profondeur sur la nécessité ou non d’accepter de devenir mère dans la société contemporaine libérale espagnole. Les interrogations de couples peuvent ici être voisins de celles des personnages de Jonas Trueba mais avec une approche concentrée sur un seul point de vue où l’imaginaire et les cauchemars sont mis en scène à travers des moments animés par du papier découpé. Ces moments oniriques répondent d’autant plus au regard de l’héroïne que celle-ci pratique cette expression artistique dans son cadre professionnel. Comme le souligne le titre, dans une vie intellectuelle sous contrôle, l’expression de la sexualité débordante et l’une des possibles conséquences qu’est le début d’une grossesse vient remettre en cause une vie toute tracée comme un retour spontané au monde animal originel.
Cette exploration intime à travers les outils de narration cinématographique place la cinéaste Liliana Torres dans la lignée de l’effervescence des nouvelles cinéastes catalanes (Carla Simón, Mar Coll, Elena Martín Gimeno, Clara Roquet, Neus Ballús, etc.) où chacune développent des interrogations psychologiques profondes toujours à travers des choix toujours très personnels de la mise en scène et du scénario.
L’utilisation de l’animation comme expression d’une psyché personnelle est une excellente idée à la manière de Tout le monde aime Jeanne (2022) de Céline Devaux et surtout de la dynamique fascinante de Ninjababy (2021) d'Yngvild Sve Flikke qui a en commun avec le film de Liliana Torres la question du refus légitime de la maternité pour une femme nouvellement enceinte. C’est d’ailleurs cette question qui devient centrale au centre de l’intrigue : dans la société contemporaine progressive, est-ce que le fait de ne pas vouloir d’enfants est-il réellement bien accepté ?
Malgré quelques maladresses et un manque de folie dans le récit qui aurait mérité de donner plus de place aux séquences animées, Mamífera pose un vrai point de vue notamment dans le contexte où une femme se retrouve avec un partenaire dont l’attention et la bienveillance est presqu’une science-fiction, interprétée avec singularité par Enric Auquer rappelant parfois le jeu inspiré d’un Adam Driver.
Mamífera
de Liliana Torres
Fiction
93 minutes. Espagne, 2023.
Couleur
Langue originale : catalan
Avec : Maria Rodríguez Soto (Lola), Enric Auquer (Bruno), Ruth Llopis (Judit), Anna Alarcón (Paula), Maria Ribera (Marta), Anna Bertran (Íngrid), Mireia Aixalà (Sònia), Marina Rodríguez (Valèria), Ann Perelló (Isa), Amparo Fernández (Antònia), Bruna Mills (Lia), Tian Tosas (Tian), Erin Villalba (Erin), Lucas Palacio (Lucas), Biel Palacio (Biel), Adoney Díaz Barajas (Carla), Saúl Díaz Barajas (Carla), Arnau Casanovas (Fran), Mamen Duch (Àngela), Berta Pipó (Raquel), Karmen López Franco (Beatriz), Anna Gras (Carme), Òscar Molina, Patrícia Bargalló, Xavier Ortoneda, Miriam Porté, Lara Díez, Marifé Moral Cañete, Nia Tosas, Lia Busom
Scénario : Liliana Torres
Images : Lucía C. Pan
Montage : Sofia Escudé
Musique : Jordi Matas, Joan Pons
Son : Agost Alustiza
1re assistante réalisatrice : Adela Batiste
2nd assistant réalisateur : Álvaro Alsina
Directeur artistique : Xènia Besora
Maquillage : África Pérez Oliver
Coiffure : Illang Prada Nibbs
Costumes : Desirée Guirao
Casting : Irene Roqué
Scripte : Anaïs Artells
Production : Miriam Porté, Carla Sospedra Salvadó
Production exécutive : Gerard Marginedas, Miriam Porté, Carla Sospedra Salvadó
Production déléguée : Conxa Orea (3Cat), Oriol Sala-Patau (3Cat)
Sociétés de production : 3Cat, Crea SGR, Distinto Films, Edna Cinema