« On juge du degré de civilisation d'une société à la façon dont elle traite ses fous » Lucien Bonnafé.
S’éveiller ! Appel au monde du soin et de la culture ! Mais aussi à tous ceux et toutes celles concernées par la santé mentale, la folie et la psychiatrie.
L'appel et la pétition « La gravité du moment... », rendu public le 18 juin dernier, disaient les dangers de l'arrivée du RN au pouvoir pour les personnes fragilisées physiquement et psychiquement, atteintes de divers handicaps et de pathologies psychiatriques, et, appelaient dans ce contexte à voter pour le Nouveau Front Populaire.
Le texte a recueilli près de 6000 signatures des professionnels du soin, de personnalités du monde de la culture et de citoyens concernés.
Le premier tour a eu lieu et le verdict des urnes est sans contestation. L'extrême-droite risque d’occuper l'Assemblée Nationale avec une très forte présence de députés, loin devant la « majorité » déjà relative du parti présidentiel mais aussi devant celle du Nouveau Front Populaire, qui, quoi qu'on en dise, mobilise à l'issue du premier tour, mais ne permet pas dans l’heure une hypothèse de victoire.
Alors à quelques jours d'une éventualité d'une arrivée massive de députés d'extrême-droite, quand bien même la majorité absolue ne serait pas atteinte, ce nombre imposant serait une première dans l'histoire du pays depuis 1940.
Nous qui sommes les héritiers d'une éthique de la psychiatrie qui considère que « la folie est une juste protestation de l'esprit contre d'injustes contraintes ». Au nom de l'accueil, d'une conception du soin humaniste et de cette filiation, Jack Ralite, ministre de la santé en 1981, homme de culture s'il en est, nous a enjoint, dans son discours mobilisateur et novateur le 12 octobre 1981 à Sotteville-lès-Rouen, à poursuivre le chemin de ce combat.
Nous, qui avons créé en 2008 le Collectif des 39 - « Quelle hospitalité pour la folie et contre la nuit sécuritaire », sommes redevables de cette assertion de Bonnafé : « Une société démocratique se juge à la façon dont elle accueille les plus fragiles d'entre elle ».
Lucien Bonnafé, qui avait lui-même rédigé son certificat d'internement, psychiatre mais aussi défenseur du mouvement surréaliste, n'a jamais dissocié l'art, la culture, la folie et les pratiques de soins par les activités des expressions créatrices, ces nidations culturelles qui favorisent les imaginaires et l'accession à la dignité.
L'histoire nous enseigne que les périls autoritaires, dictatoriaux, aujourd'hui sous le masque de l'illibéralisme s'attaquent toujours d'abord aux plus vulnérables, aux fragiles, aux fous, aux étrangers et aux artistes, celles et ceux qui revendiquent leurs différences et d'une certaine manière l'insoumission.
Le RN ne dit rien ou très peu de la psychiatrie, mais ne défendrait pas une médecine désaliéniste.
Le RN dit beaucoup par contre de la culture qui se résume dans son programme à la défense du patrimoine et à la disparition du ministère de la culture, cet héritage d’André Malraux.
La folie et l'art sont intimement liés. La psychiatrie, celle qui est « au service du public » est un art de la création du quotidien, un art collectif et de l'empêchement du totalitaire de la décision.
L'art est un exercice de création pour tenter de résister à la folie.
Ce texte appelle à barrer la route pour ce second tour des élections législatives au RN et à porter nos voix à tous les candidats qui seraient en position éligible, sans barguigner !
L'heure est trop grave. Le pire peut arriver dès demain !
Alors, Élever les voix.
Pour soutenir ce texte qui s'inscrit dans la prolongation du premier appel aller sur : https://www.mesopinions.com/petition/politique/malades-enfants-adolescents-adultes-femmes-hommes/231369/actualite/84674