Billet de blog 10 octobre 2011

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Syrie: un mois de prison pour la psychanalyste Rafah Nached

Il y a un mois jour pour jour, Rafah Nached était arrêtée à Damas. La psychanalyste Anne Le Bihan retrace le parcours remarquable de cette femme «ayant fait le choix de rentrer dans son pays» pour que la «psychanalyse parle l'arabe».

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Il y a un mois jour pour jour, Rafah Nached était arrêtée à Damas. La psychanalyste Anne Le Bihan retrace le parcours remarquable de cette femme «ayant fait le choix de rentrer dans son pays» pour que la «psychanalyse parle l'arabe».

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Le 10 septembre, Rafah Nached, notre collègue et amie psychanalyste était arrêtée à l'aéroport international de Damas par les « services de renseignement de l'Armée de l'Air ». Elle s'apprêtait à venir à Paris, pour des raisons médicales et familiales. Du samedi 10 septembre au mercredi 14 septembre, Rafah Nached a été mise au secret et interrogée, dans des conditions extrêmement dures. A l'issue de cet interrogatoire, elle a été accusée « d'incitation au soulèvement, incitation au renversement du gouvernement et non respect de l'ordre public » et immédiatement emprisonnée à la prison pour femmes de Douma, dans la banlieue nord de Damas.

Il y a aujourd'hui un mois que Rafah Nached est privée de liberté. Depuis le premier jour, son arrestation, puis son emprisonnement, sont incompréhensibles pour tous ceux qui la connaissent et qui ont noué avec elle des liens scientifiques et amicaux, participé avec elle à des colloques et des séminaires de travail, à Paris comme à Damas.

Illustration 2

Seule, et pas toute seule : cette formule résume sa position et son parcours professionnel. Seule, elle a quitté tôt sa famille pour étudier la philosophie à Beyrouth. Elle est ensuite venue à Paris accomplir des études de psychologie clinique et sa formation personnelle d'analyste. Ayant fait le choix de rentrer dans son pays, elle a été la première femme analyste en Syrie. Avec d'autres, elle a fondé L'Ecole psychanalytique de Damas et la revue Kalimat, pour assurer la formation des jeunes analystes et la transmission de la psychanalyse en Syrie. Elle a noué des liens scientifiques avec des psychanalystes français pour diffuser l'enseignement de la psychanalyse, comme pratique clinique et comme théorie. Elle a enfin œuvré, par un travail de traduction, pour que la « psychanalyse parle l'arabe », contribuant par là au rayonnement de son pays.

Un mois après son arrestation, les nouvelles de sa santé sont inquiétantes. Rafah Nached souffre, depuis longtemps, d'insuffisance cardiaque et d'hypertension artérielle. Ses conditions de détention sont si précaires et éprouvantes que son état de santé se détériore et s'aggrave. Dès que son lieu de détention a été connu, le 14 septembre 2011, une demande de libération sous caution pour état de santé a été déposée. Cette demande a été rejetée le mercredi 28 septembre.

Avertis de son arrestation dès le samedi 10 septembre, nous avons lancé et publié sur Médiapart L'Appel du 12 septembre pour la libération de la psychanalyste Rafah Nached. Par la suite, nous avons créé un blog où nous publions informations et signatures de soutien.

Rafah Nached est depuis toujours une figure intellectuelle et une lettrée en Syrie, et a toujours été considérée comme telle par les autorités de son pays.
Nous continuons à demander aujourd'hui sa libération définitive. Rafah Nached est innocente.

Anne Le Bihan,

psychanalyste à Paris,

Collectif de l'Appel du 12 septembre pour la libération de Rafah Nached

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