Cet article est une republication d'un billet publié le 19 septembre 2021 par Le moine copiste.
Pour accepter de ne pas se sentir impliqué par les revendications des manifestants, il suffit d'écouter à la télé le récit gouvernemental propagandiste et ses éléments de langage honteusement pervertis. Il suffit de casser le thermomètre, les manifestants sont moins nombreux, le problème n'existe plus. Elle est belle, la vie dans la matrice.
Le quinquennat de Macron aura été ponctué de manifestations tous les samedis pendant plus de deux ans.
Comment peut-on ne pas s'étonner de cela ? Comment peut-on continuer de ne pas s'interroger ?
Evacuer le problème en décrivant les contestataires comme une minorité en expliquant que ce sont les perdants de la mondialisation ou simplement des ultras, des violents, des réfractaires, des égoïstes, des anti-sciences, des fascistes, des antisémites, est-ce suffisant pour accepter de dormir tranquille ?
On ne peut exiger le civisme et l'adhésion à des décisions politiques tout en excluant une partie de la population, toujours la même, des bénéfices de ces décisions.
Et pourtant c'est le cas et les mêmes qui s'offusquent font partie de ceux qui n'ont jamais rien à perdre, les Marie Antoinette hors-sol qui poussent des cris d'orfraie.
Pour accepter de ne pas se sentir impliqué par les revendications de ces manifestants, il suffit d'écouter la télé. Le récit gouvernemental propagandiste et ses éléments de langage honteusement tordus et pervertis présentent des faits, font s'exprimer des "experts" auto- proclamés pour dessiner une réalité qui est celle de la doxa officielle et salir par des interprétations outrageusement caricaturales, les comportements des opposants, une tactique aussi vieille que le monde. On n'est pas loin de l'affiche rouge.
Ainsi, en macronistan, Macron est devenu en quelques semaines plus savant que des épidémiologistes de renom, et si Blanquer le dit, c'est que c'est vrai.
Mais depuis quand faudrait-il croire tout ce qu'ils disent ? Parce que cela passe à la télé ? Cela en dit long sur le niveau d'absence de réflexion, de recul, et le lavage intensif des cerveaux par les nudges, la nouvelle dénomination de la propagande en mode "fairwashing". Il suffit d'expliquer que nous sommes dans une ère de post vérité pour justifier que tout va bien dans le meilleur des mondes.
Pourtant la parole publique n'est pas un simple commentaire neutre. Cette parole engage non seulement celui qui la profère, mais entraîne des changements dans la vie des gens. C'est le plus souvent une parole performative. Ainsi, des milliers de soignants ont été mis à pied mercredi dernier. On n'en parle pas. Ils sont seulement 3000 nous dit-on. Cela n'a aucune conséquence sur la vie des gens et sur le fonctionnement des hôpitaux. L'affaire est close.
Pourquoi alors en faire tout un plat ? Pourquoi imposer la vaccination et justifier celle-ci pour éviter les engorgements dans les hôpitaux ? Pourquoi les soignants qui ont été aux premières loges de l'horreur des malades du covid refuseraient ce vaccin ? Serait-il dangereux et inefficace ? Il ne faut surtout pas que l'on puisse se poser des questions. La meilleure manière est de sans cesse apporter des réponses : c'est le principe des sectes.
Pour corroborer cela, il faut ajouter le sérieux de façade des chiffres, assénés comme des vérités, des éléments qui sont indiscutables, car c'est bien connu les chiffres ne mentent pas. Ainsi les chiffres des malades, des morts, des contaminés, des lits, des soignants, des masques, de l'argent public, des statistiques ne peuvent jamais être discutés. La publicité gouvernementale le dit "on peut débattre de tout sauf des chiffres". Bien au contraire, les chiffes sont le cœur de la propagande !
Mais dans cette société hypnotisée par la technique, les chiffres semblent rationnels c'est pourquoi personne ne les vérifie jamais. Il suffit que le gouvernement ou un journaliste annonce un chiffre pour qu'il soit vrai. Cela démontre que nous ne sommes plus dans le mode rationnel mais dans le mode religieux.
Le mensonge permanent, l'outrance des propos, le spectaculaire granguignolesque sont devenus le mode de fonctionnement des dirigeants face à un peuple soumis, idiot, moutonnier et incapable de réfléchir. Il suffit de faire s'exprimer un expert ou un médecin et le tour est joué.
La réponse à mes questions est sans doute là, dans l'irréconciliable manière d'appréhender le monde : celle des croyants et celle des athées. Car même si la France se dit championne de la laïcité, ses grands prêtres au gouvernement obéissent à une religion, celle de l'argent. Le capitalisme est une doctrine qui croit en la "main invisible du marché" et dans l'accroissement sans fin de la valeur. Au nom de cette doxa irrationnelle, impossible à réaliser, on accepte la schizophrénie permanente du "en même temps".
Si l'on comprend que tout repose sur une doxa totalisante et une foi aveugle dans le bien fondé de cette doctrine violente, injuste et prédatrice, tout prend sens : le délire mensonger des journalistes, la violence disproportionnée de Beauvau, les revirements permanents de Macronescu et la propagande vaccinale martelée comme Vérité Ultime.
Les manifestations sont donc le syndrome de l'échec à ce catéchisme néolibéral et il faut donc les faire passer pour minoritaires voire inexistantes et de toute façon complotistes. Une frange de la population ne croit pas, n'a jamais cru dans la religion qu'on nous impose et voit le monde réel. Ces personnes ont compris que le monde que l'on nous présente à la télé est le visage souriant mais trompeur de la matrice, les irréductibles 15 % de l'expérience de Milgram.
Les idéologues au pouvoir ont pris les manettes et les forces de l'inquisition se sont mises en branle. Les procès en sorcellerie se multiplient et les sorcières doivent disparaître. Au XXIe siècle, on ne les brûle plus en place publique, on leur coupe leur salaire, leur moyen de subsistance mais c'est plus humain. Et après tout, il suffit de se faire piquer pour que le cauchemar cesse... vraiment, persister à penser que la vaccination est dangereuse est une hérésie !
La France est en guerre. Le capitalisme mène une guerre idéologique et quelques résistants persistent parce qu'ils ne peuvent se résoudre à adhérer à des idées folles ou se laisser vaincre sans combattre, parce qu'ils ne peuvent adhérer à la matrice ou croire à ses mensonges.
Il devient clair que plus de deux ans de manifestations n'ont servi à rien pour démasquer la matrice au plus grand nombre. La résistance doit passer dans l'ombre et la violence qui surgira inévitablement pour faire tomber un système inflexible, cynique, barbare et prêt à tout ne sera pas du terrorisme mais de la légitime défense.
Ami entends-tu ?
Ami, frère d'idées et d'armes, il faut préparer le monde de demain, un monde sans argent, sans esclavage salarié, sans dépendance aux diktats du marché, sans religion de la valeur, un monde tourné autour de l'humain, un monde de fraternité.