Rêvons un peu.
Imaginons que la République Française vive sous un régime qui ne soit ni bonapartiste, ni monocratique. Un régime normal en somme, dans lequel le président n’aurait qu’à assurer par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat, et où le gouvernement aurait toute latitude pour déterminer et conduire la politique de la nation avec le soutien et la confiance de la majorité parlementaire.
Tous les cinq ans, le J.O. publierait l’avis suivant :
Le poste de Président de la République sera vacant à compter du …
Tout(e) candidat(e) à ce poste devra justifier de la nationalité française et déclarer sur l’honneur s’être délié de tout engagement partisan qui pourrait jeter le doute sur son impartialité vis-à-vis du gouvernement et du Parlement.Le Président de la République sera élu au suffrage universel parmi ces candidat(e)s,
comme le seront quelques semaines plus tard les députés à l’Assemblée Nationale.
La campagne pour l’élection présidentielle aboutirait au choix par la majorité des Français(e)s de la personne qu'ils (elles) jugeraient la plus digne et la plus apte à la fonction. D’autre part et indépendamment, la campagne menée par les partis pour les élections législatives permettrait aux citoyen(ne)s d’exprimer leurs choix de la politique suivant laquelle ils (elles) veulent être gouvernés.
Réveillons-nous.
Seulement voilà, nous ne vivons pas sous un régime normal. Trois ans avant l’échéance, l’élection présidentielle jette déjà sa grande ombre sur les élections européennes, régionales et cantonales, à peine mieux considérées que des sondages d'opinion intermédiaires. Dans le plus grand parti d'opposition, le débat sur le programme de gouvernement est eclipsé par la controverse entre les présidentiables putatifs ... sur les alliances au second tour de la présidentielle Pas plus que celles de 2007, les élections de 2012 ne briseront le cercle maudit de la confusion des pouvoirs inhérente à la Constitution de 1962.
A moins que ..
A moins que, pour ces présidentielles de 2012, une personnalité politique ne fasse campagne sans programme de gouvernement, mais en prenant les engagements formels, si elle est élue,
- de ne pas intervenir dans la campagne des législatives et de reconnaître le gouvernement formé et soutenu par la majorité parlementaire qui en résulte.
- de prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale dès que, et seulement si, le gouvernement perd la confiance de celle-ci.
- pendant toute la durée de son mandat, de n’exercer les pouvoirs exécutifs des Articles tels que 8 à 11, 13 à 18 de la Constitution, que sur la demande et suivant les instructions du gouvernement.
- d’initier avec le soutien d’un comité ad hoc une révision de la Constitution dans le but de rendre tous ces pouvoirs au gouvernement de façon formelle et pérenne.
-de faire voter cette proposition de révision par les deux assemblées en termes identiques,
puis de la faire approuver par référendum avant le terme de son mandat.
Si un(e) candidat(e) se présente en 2012 en prenant ces engagements, il(elle) pourra au moins être sûr(e) d'une voix : la mienne.