Billet de blog 17 juillet 2008

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Sarkozy l’Agité, Geremek le Sage

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A la Une du Monde du16 Juillet 2008 :

Président en exercice de l'Union européenne (UE), Nicolas Sarkozy se rendra en Irlande le 21 juillet pour rencontrer le premier ministre, Brian Cowen. Il tentera de le convaincre d'organiser un nouveau vote après le refus des Irlandais d'approuver la version " simplifiée " de la Constitution européenne lors du référendum du 12 juin. Pour cela, le président français proposera un certain nombre de garanties, notamment l'assurance que la Commission européenne continuera d'être composée d'un commissaire par pays membre, ce qui garantira la présence d'un Irlandais en son sein ….

Les réactions irlandaises de toutes sensibilités ne se sont pas fait attendre, voir lalibre.be

Exemple :

Il est important que le président Sarkozy comprenne que le peuple irlandais exige que son vote soit respecté et, plus important encore, que ses inquiétudes soient prises en compte"
(Commentaire hier du porte-parole de Sinn Féin, M. O Snodaigh, suite aux propos de N. Sarkozy suggérant de faire "revoter" le traité de Lisbonne à l'Irlande.)

Le partisan convaincu du OUI au TCE que j’étais, déjà mal à l’aise devant notre ratification parlementaire au forceps, se demande si notre vibrionnant Président-de-la-république-et-du-Conseil-Européen n’en fait pas un peu trop. N’y a-t-il pas là un cas d’acharnement thérapeutique sur le Traité de Lisbonne moribond ?

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Quelques jours avant sa mort tragique, le grand Européen qu’était Bronislaw Geremek avait donné dans le Monde une tribune remarquée sur la question.

Il y a dans ce texte une proposition pour sortir la construction européenne de l’ornière :
Au terme du processus de ratification, le Conseil peut, même sans Traité, agir en faveur de plus d’efficacité démocratique. Pour la suite(texto)

Ce qui ne peut pas être réalisé à la base des traités existants peut être soumis à une consultation populaire à l'échelle de l'Union européenne, organisée le même jour dans tous ses pays membres. Une ou deux questions précises concernant le système de vote européen, une campagne d'information sur le sujet, un débat dans l'Europe entière sur le problème, et les Européens seraient appelés aux urnes (cela pourrait se faire en même temps que les prochaines élections au Parlement européen) : le Conseil et le Parlement sauraient quoi faire après une telle consultation.

L’idée était déjà dans l’air : Robert Badinter, disait quelques jours auparavant (Fr Culture) que c'était une sottise de demander à tout un chacun en Irlande de voter sur un texte que même des doctorants en droit ont de la peine à maîtriser. Un texte court aurait mieux fait l'affaire :

Voulez vous un président du Conseil européen et un Ministre des Affaires étrangères européennes élus pour cinq ans par le Parlement Européen ?

Voulez vous que les décisions soient prises au Conseil à la majorité et non plus à l'unanimité, sous le contrôle direct du Parlement ?

La proposition de Geremek est intéressante en ce sens qu'elle obligerait les candidats aux élections Européennes à se positionner dans la même campagne sur l'avenir des institutions dans lesquelles ils souhaitent travailler, en même temps que sur la politique européenne qu'ils comptent y poursuivre.

Claude BASTIAN

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En manière d'hommage à la mémoire de B.Geremek , voici la conclusion de sa tribune:

L'Europe est donc face à un choix important. Elle peut avoir recours aux sentiers battus, qui consistent à faire revoter ceux qui ont dit non. Et même si l'on y réussit, cela restera toujours une opération menée par les gouvernements nationaux, évitant de faire parler les citoyens européens. Ou bien, en utilisant les traités existants, l'Europe peut à la fois procéder aux réformes institutionnelles nécessaires et demander l'avis des citoyens européens. La première solution constitue la routine européenne, la seconde annonce une nouvelle étape de l'unité européenne.

Bronislaw Geremek

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