Billet de blog 27 mars 2009

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Rénovation, l'Arlésienne du PS

Le 1er mai marquera la fin des mois en R. En politique,la consommation des mots en R n’a pas de saison. A droite, c’est Rupture et Réformes. A gauche, après Refondation – désuet depuis l’implosion du PCF – et Révision constitutionnelle – remise à plus tard, comme d’habitude – c’est Rénovation qui a la cote.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 1er mai marquera la fin des mois en R. En politique,la consommation des mots en R n’a pas de saison. A droite, c’est Rupture et Réformes. A gauche, après Refondation – désuet depuis l’implosion du PCF – et Révision constitutionnelle – remise à plus tard, comme d’habitude – c’est Rénovation qui a la cote.

Autre mot en R, le Respect des adhérents mentionné à la fin de la déclaration de principes du PS,votée à la quasi-unanimité des susdits «adhérents».

Au PS, la direction vient de se doter d’un secrétariat national à la Rénovation, dont un des responsables déclare sur son blog : L’adoption à l’unanimité de ses listes européennes par le Parti socialiste est un premier pas de l’entreprise de rénovation engagée, il y a deux mois.

Certes, l’ordre règne à Solferino et il n’y a eu qu’une jacquerie dans le Limousin. Cependant, la faible participation et l’abstention de nombreux adhérents n’ont échappé à personne.
Les raisons de ce demi-succès sont évidentes. Qu’en est-il du Respect des adhérents auxquels on demande d’investir sans rature une liste de candidats qui ne se donnent même pas la peine de décliner leur âge, sexe, profession et responsabilités ? Comment se fait-t-il que dans la ruche de Solferino aucune abeille, aucun bourdon n’ait pensé à laisser aux votants un choix minimum, par exemple en cochant un, deux ou trois noms pour déterminer les têtes de listes ? Cela aurait permis, par exemple à Messieurs Peillon et Weber de se présenter sur la liste de leur circonscription d’origine, plutôt que de se faire parachuter ailleurs. Dans le contexte actuel, le mot Parachute, associé à Privilèges, donne à penser que les candidats ne veulent pas seulement aller au Parlement pour y œuvrer dans le cadre du Parti Socialiste Européen.

Le programme pour les européennes soumis au vote le même jour n’a pas non plus soulevé l’enthousiasme des militants. L’adhésion au Manifeste du PSE y est mentionnée, mais avec de multiples ajouts franco-français qui rappellent les différences entre le programme du PS et le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal. Le moins qu’on puisse dire de ce programme est qu’il n’est pas lisible et qu’il cache mal les divisions nées de l’échec du référendum sur le TCE, que beaucoup de membres du PS persistent à considérer comme une victoire. Opinion respectable certes, mais minoritaire au niveau des socialistes européens.

Voici ce qu’en disait Angelica Schwall-Düren, Vice-présidente du groupe parlementaire SPD au Bundestag,dans une tribune du Monde du 11 Novembre 2008

Déjà, le non du peuple français au référendum sur la Constitution européenne avait ébranlé nos certitudes d'une construction européenne rectiligne et (presque) sans rature. Mais que les hommes et femmes politiques de l'Hexagone décident de se rallier à cette morosité europessimiste, au lieu de se battre pour la cause européenne, voilà qui laisse pantois.
Je ne parle pas des partis traditionnellement eurosceptiques. Ils restent fidèles à leurs traditions franco-centrées. Cela est regrettable, mais c'est un profil connu au sein de tous les pays européens et contre lequel nous ne pouvons, hélas, pas grand-chose.
L'heure est à la réparation du moteur européen actuel. Et ne nous déclarons pas vaincus ou désabusés dès le premier revers ! Il y en aura d'autres. Cette réparation est sans alternative : nombre de compétences de nos Etats-nations ont été transférées à Bruxelles, que nous l'acceptions aujourd'hui ou non. Cela est un fait et il est - heureusement - irréversible. La question est de savoir comment nous pouvons agir au niveau national pour que le déficit démocratique qui accompagne ce transfert soit comblé. Il ne le sera pas en blâmant les soi-disant institutions européennes : les institutions européennes, c'est nous !

Tout porte à croire que la direction du PS s’est déjà résignée à un recul aux européennes de Juin. Comme pour le bide du Zénith, elle en contestera l’ampleur mais elle devra aussi se pencher sur ses causes et sur ses conséquences. Parler de rénovation sans l’appliquer au fonctionnement du parti, proposer un programme sur lequel on n'est pas vraiment d’accord sont de bonnes recettes pour perdre des élections, démotiver les militants et faire fuir les adhérents.
Le secrétariat à la Rénovation s’attelle maintenant à la définition de primaires ouvertes pour l’élection présidentielle, nous dit l’auteur précédemment cité. La Rénovation du PS, on la verra donc en 2011 sortir toute belle de l’atelier de ses créateurs. D’ici là, ce qu’il reste de piétaille militante essaiera de ne pas trop perdre les élections intermédiaires, régionales et cantonales, sans oublier la préparation des législatives.

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