Ce texte complète la version publiée le 2 juin 2025.
La France est-elle vraiment un pays de droite ?
On lit, ici ou là, que la France est « de droite ». La progression électorale de l’extrême droite semble confirmer cette thèse : à chaque scrutin, le Rassemblement national grignote des voix, les partis traditionnels de gauche s’effritent, et le vote dit « républicain » ou « front républicain » ne joue plus comme avant sa fonction de filtre. Faut-il en conclure que la France a basculé ? Que sa culture politique penche désormais du côté droit de l’échiquier ? Rien n’est moins sûr.
Si l’on se fie aux résultats électoraux, la droitisation est manifeste, pour ne pas dire évidente. Mais réduire un pays à ses comportements de vote conjoncturels revient à méconnaître les fondements profonds de sa culture politique. Or, la France est traversée par une tension structurelle, qui en fait un pays difficile à classer. Car si elle vote de plus en plus à droite, elle reste farouchement attachée à des institutions sociales et des mécanismes de redistribution hérités de la gauche. Elle incarne, en ce sens, une culture hybride, à la fois étatique, égalitariste et autoritaire.
Héritage du Conseil National de la Résistance
Difficile de comprendre la France contemporaine sans remonter à 1945. Dans l’élan de la Libération, le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) jette les bases d’un État-providence puissant : sécurité sociale, retraites par répartition, nationalisations stratégiques, école publique renforcée. Porté par une alliance improbable entre gaullistes et communistes, ce projet devient l’ossature du modèle français.
Depuis lors, même les partis dits « de droite » n’ont que très partiellement remis en cause cette architecture. Ils ont parfois réformé à la marge et introduit des logiques de marché dans certains secteurs (santé, énergie, transports), mais sans jamais liquider l’ensemble. La France reste ainsi l’un des pays où l’État reste le plus protecteur, et où l’idée d’un bien commun piloté par la puissance publique conserve une légitimité forte.
Un État social parmi les plus généreux du monde
Quelques chiffres suffisent à le rappeler :
- Près de 31 % du PIB est redistribué sous forme de prestations sociales (OCDE).
- Les dépenses publiques représentent environ 58 % du PIB, un record en Europe.
- Le système fiscal reste progressif, même affaibli, et la Sécurité sociale garantit à tous un accès à la santé, à la retraite, au chômage.
Cette réalité fait de la France un pays profondément socialisé, où la protection contre les aléas de la vie (maladie, vieillesse, chômage, pauvreté) est assurée collectivement. Il en résulte une culture du droit, de l’égalité d’accès, de la solidarité nationale, qui transcende les clivages politiques classiques.
Une droitisation électorale, mais pas idéologique
Il faut bien distinguer les comportements électoraux des représentations profondes. Oui, les Français votent de plus en plus pour des partis situés à droite ou à l’extrême droite. Mais les enquêtes d’opinion montrent qu’ils restent massivement favorables à l’État-providence. Ils défendent l’hôpital public, l’école gratuite et laïque, la retraite par répartition. Et cela vaut aussi pour une large part des électeurs du Rassemblement national !
Autrement dit, les valeurs économiques dominantes restent celles de la solidarité, même si, sur les questions dites « culturelles » (immigration, insécurité, laïcité), une bascule vers la droite est perceptible, voire évidente.
Une passion française pour l’égalité
Raymond Aron et Pierre Rosanvallon l’ont bien montré : la France ne raisonne pas comme les pays anglo-saxons. Là où l’on vante l’égalité des chances ailleurs, ici, on veut l’égalité réelle. Pas seulement l’opportunité, mais la réduction concrète des écarts. D’où une forte attente envers l’action de l’État pour corriger les injustices, redistribuer les richesses, soutenir les plus fragiles.
De la révolte des Gilets jaunes, née en 2018 d’un ras-le-bol fiscal et social qui a duré plus d’un an, au rejet croissant des Zones à Faibles Émissions (ZFE), un même cri résonne, un même élan de solidarité vis-à-vis des plus défavorisés.
C’est l’ADN d’un peuple qui puise ses racines dans l’histoire de France depuis 1789.
Cette passion égalitaire se heurte parfois à une montée des crispations identitaires, à une peur du déclassement, à un besoin d’autorité. Mais elle reste un socle commun, partagé bien au-delà de la gauche classique.
Une extrême droite aux accents sociaux
L’une des clés de la progression du Rassemblement national tient à sa capacité à capter une partie de l’électorat populaire délaissé par la gauche traditionnelle. Ce phénomène est particulièrement visible depuis les années 1990, mais ses racines remontent aux années 1980 : le RN (anciennement FN) a su recycler certains thèmes du discours communiste contestataire des années 1975-85, notamment la dénonciation de la mondialisation, la défense du service public, la critique des élites et de l’Europe libérale. Dans des territoires frappés par la désindustrialisation, l’hostilité au capitalisme financier et la demande de protection sociale se sont maintenues, mais ont changé de véhicule politique. À sa manière, le RN se présente comme le parti du « peuple », opposé aux « élites », à la « technocratie bruxelloise », à la « mondialisation sauvage » — des postures qui résonnent curieusement avec certaines rhétoriques de la gauche radicale. Le terrain du protectionnisme économique, de la souveraineté nationale et de l’assistance sociale devient un point de rencontre entre une partie de l’extrême droite et une gauche en rupture avec le progressisme libéral.
Une gauche socialiste convertie au marché
À l’inverse, le Parti socialiste a opéré, dès les années 1980, un virage historique vers l’économie de marché. Ce tournant s’incarne dans la politique de rigueur du deuxième gouvernement Mauroy, en mars 1983, sous la présidence de François Mitterrand. Exit les nationalisations et la relance keynésienne du début du septennat : place au franc fort, à la désinflation compétitive et à la construction européenne libérale. Cette inflexion marque l’entrée du PS dans le social-libéralisme, bien avant Blair et Schröder. Depuis lors, les gouvernements socialistes ont accompagné les réformes de libéralisation (privatisations, flexibilisation du travail) et ont parfois durci le ton sur les questions identitaires. Les prises de position de Manuel Valls sur l’autorité, la laïcité ou l’immigration, ou encore celles de François Hollande sur « l’identité de la France », en témoignent : la gauche gouvernementale s’est peu à peu alignée sur des postures traditionnellement associées à la droite.
Quand les lignes bougent
Ainsi, l’extrême droite fait des pas à gauche, tandis que la gauche fait un pas à droite. Cette porosité des discours brouille les repères traditionnels et nourrit la confusion idéologique. Ce brouillage ne signifie pas que les extrêmes se rejoignent, mais que le clivage droite/gauche ne suffit plus à décrire les recompositions à l’œuvre. Le RN, en se « dédiabolisant », adopte un discours social pour séduire les classes populaires, tandis que la gauche modérée s’est durablement convertie aux dogmes du marché. Il en résulte une scène politique où les postures économiques et les symboles culturels se recombinent, dessinant une nouvelle carte des sensibilités françaises, où les alliances d’hier ne valent plus aujourd’hui.
Emmanuel Macron ou le brouillage final des repères
L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 a parachevé le brouillage des repères politiques traditionnels. Se présentant comme « ni de gauche ni de droite », ou plutôt, « et de gauche et de droite », Macron a d’abord séduit un électorat progressiste et pro-européen, lassé par l’alternance classique. Mais ses réformes — de la loi travail à la transformation de l’assurance chômage, en passant par la suppression de l’ISF ou la réforme des retraites — l’ont rapidement positionné à droite de l’échiquier politique, notamment sur les questions économiques et sociales. Son parcours personnel (banquier d’affaires, ministre de l’Économie sous Hollande) et son entourage, majoritairement issu des élites technocratiques, ont renforcé cette impression. Derrière le vernis du « en même temps », c’est bien une vision libérale, verticale et entrepreneuriale de l’action publique qui s’est imposée, souvent en rupture avec l’État social hérité du Conseil national de la Résistance. En cela, Macron a accentué la perte de lisibilité du paysage politique, laissant une grande partie des électeurs populaires sans représentation claire, ce qui a profité au Rassemblement national.
Une culture hybride, donc
C’est cette tension qui rend la France si difficile à gouverner : un peuple qui vote à droite, mais qui pense à gauche. Un peuple qui exige des politiques sociales ambitieuses tout en exprimant une méfiance croissante envers les institutions et les élites. Un peuple qui chérit son système de santé publique, son école gratuite, son modèle de retraite, tout en appelant à plus de sécurité, d’ordre, de contrôle.
Ce paradoxe n’est pas une contradiction. Il est le produit d’une histoire spécifique, d’un modèle républicain centralisé, d’un imaginaire collectif façonné par la Révolution, la Résistance et l’État-providence.
Les fragilités d’un modèle sous pression
Ce modèle social, aussi protecteur soit-il, repose sur un équilibre de plus en plus précaire. D’un côté, les besoins de protection augmentent (vieillissement de la population, précarisation du travail, dépendance), de l’autre, les marges budgétaires se réduisent. Le déficit public français a dépassé 5,5 % du PIB en 2023, et la dette atteint désormais plus de 110 % du PIB. Ce niveau d’endettement, qui était jusque-là soutenable grâce à des taux d’intérêt bas, devient plus préoccupant dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. Préoccupant est un euphémisme.
S’y ajoute une évolution démographique défavorable : le taux de natalité est tombé à 1,68 enfant par femme en 2023, bien en deçà du seuil de renouvellement des générations. Dans le même temps, la population vieillit rapidement : un quart des Français aura plus de 65 ans d’ici 2040, avec un besoin croissant de soins, de retraites et d’accompagnement. Or, notre système de protection sociale repose sur la solidarité intergénérationnelle, c’est-à-dire sur une population active suffisamment nombreuse pour financer les prestations des inactifs. Ce modèle, si rien ne change, pourrait devenir intenable.
Le chômage repart à la hausse, le taux d'emploi baisse, et le nombre d'inactifs augmente dangereusement, aggravant la situation. Autrement dit, le taux d'emploi aurait pu, à lui seul, contribuer à rééquilibrer les comptes, indépendamment de la question démographique. Mais la tendance dit l'inverse...
Quant à l’écologie (comment ne pas en parler ?) elle est de plus en plus prise en otage, tiraillée entre cette pression économique et quelques corporatismes, notamment agricoles : il ne se passe pas une semaine sans reniements ou remises en cause.
Réformer pour durer
Face à ces menaces, l’enjeu n’est pas d’abandonner le modèle redistributif, mais de le faire évoluer pour le pérenniser. Cela suppose de poser des débats difficiles : repenser le financement des retraites, mieux réguler les dépenses de santé, réduire les inégalités sans décourager le travail et l’innovation. Cela suppose aussi de retrouver une efficacité de la dépense publique, souvent critiquée pour sa complexité et sa lenteur. Enfin, cela impose de redonner confiance aux citoyens dans un État protecteur, mais réactif, capable d’adapter son logiciel sans trahir ses valeurs.
Préserver un modèle social ne signifie pas le figer. Cela implique au contraire de le réformer avec lucidité, courage et justice, pour que la solidarité demeure un socle commun, même dans un monde en mutation. Le danger n’est pas tant la fin de la redistribution, que son affaiblissement progressif par épuisement budgétaire et perte de confiance.
La crise de la représentation politique
Depuis plusieurs décennies, la France traverse une crise profonde de la représentation politique. L’abstention record lors des élections, la montée continue des votes contestataires, la désaffection vis-à-vis des partis traditionnels et la défiance croissante envers les élites en sont les symptômes les plus visibles. Ce malaise démocratique ne relève pas d’un simple désintérêt civique : il révèle un décalage de plus en plus marqué entre les aspirations du peuple et les décisions prises par ses représentants. Beaucoup de citoyens ont le sentiment que leur voix ne pèse plus, que les institutions ne les écoutent plus, et que les grandes orientations politiques sont fixées en dehors de tout véritable débat démocratique. Cette fracture alimente une colère sourde, parfois explosive, qui se manifeste dans la rue, dans les urnes ou dans le silence des abstentionnistes.
À la crise de représentation politique s'ajoute une série de ruptures de confiance majeures. La première remonte au référendum de 2005, lors duquel une majorité de Français a rejeté le projet de traité constitutionnel européen. Ce « non » clair et massif fut pourtant contourné en 2008 par la voie parlementaire, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, avec la ratification du traité de Lisbonne. Ce passage en force a profondément marqué l’opinion publique, nourrissant un sentiment de trahison démocratique et de confiscation de la souveraineté populaire par les élites politiques.
Défiance
À cela s’ajoute une série d’affaires qui ont sapé la crédibilité morale des dirigeants. Comment ne pas évoquer le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, chargé de lutter contre la fraude fiscale, qui détenait lui-même un compte caché en Suisse ? Ou encore, Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires et condamné pour corruption et trafic d’influence. Ces scandales, largement médiatisés, ont ancré dans l’opinion l’idée que ceux qui gouvernent exigent de la rigueur des citoyens sans se l’imposer à eux-mêmes. Une fracture symbolique s’est ainsi creusée entre le peuple et ses représentants, alimentant la défiance envers l’ensemble du système.
Nous n’avons pas jugé utile de dresser ici la liste de tous les scandales qui ont marqué ces vingt-cinq dernières années...
L’année dernière, la dissolution de l’Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron, a plongé le pays dans une impasse parlementaire. Faute de majorité absolue, la France se retrouve avec une Assemblée fragmentée et difficile à gouverner, où les compromis sont rares et les logiques de coalition quasi inexistantes. Contrairement à l’Allemagne, la culture politique française ne s’est jamais véritablement ouverte à la construction de majorités d’idées. La Ve République, conçue pour donner une majorité claire au président, repose sur une verticalité du pouvoir. Or, en l’absence de majorité, chacun défend désormais son pré carré, rendant les débats stériles et l’action publique paralysée.
Faut-il s’attarder sur « le cas » François Hollande ? Poser la question, c’est, d’une certaine manière, y répondre…
François Hollande, élu en 2012 sur le slogan « La finance est mon ennemi », promettait une rupture avec les politiques néolibérales. Mais très vite, il s’est renié : loin d’ouvrir un nouveau chapitre social, il s’est enfoncé dans une logique de compromis technocratique, incarnée par le pacte de responsabilité ou le CICE, sans effet notable sur l’économie réelle. Son quinquennat fut aussi marqué par un court moment de crispation identitaire, notamment sous l’impulsion de Manuel Valls, lorsque l’on en vint à expulser une fillette de 13 ans d’origine turque, au nom d’une fermeté déplacée. Ni rupture, ni réforme en profondeur, ni geste fort pour l’histoire : son mandat s’est dilué dans l’entre-deux, ce qui explique notre discrétion à son sujet.
Nous n'abordons pas, ici, le cas de La France insoumise, dont la stratégie s’inscrit dans une logique de rupture radicale avec l’ordre établi. Cette position, aussi cohérente soit-elle idéologiquement, rend, selon nous, assez improbable la formation d’une majorité dans un pays où l’essentiel du spectre politique — de la droite à l’extrême droite, en passant par le centre — reste profondément conservateur. Par ailleurs, que l’on aime ou non, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, qui suscite autant d’adhésions passionnées que de rejets viscéraux, constitue un obstacle important au dépassement du cercle électoral natif de LFI, y compris au sein de la gauche. Cette formation pourrait faire l’objet d’une prochaine édition, à laquelle nous réfléchissons.
Conclusion : un pays à part
La France n’est ni de droite ni de gauche, ou plutôt elle est les deux à la fois. Elle est étatique, égalitaire, autoritaire et redistributive. C’est cela, sa singularité. C’est ce mélange qui la rend parfois ingouvernable, souvent contradictoire, mais profondément politique.
Ce n’est pas un pays libéral au sens anglo-saxon du terme. C’est un pays où l’on peut voter RN tout en défendant bec et ongles sa sécurité sociale. Un pays où l’on manifeste contre les réformes des retraites tout en réclamant plus de fermeté contre l’insécurité. Un pays hybride, en tension permanente entre son imaginaire égalitaire et ses réflexes identitaires. Et c’est peut-être ce qui le rend encore vivant.
Oui, la France est un pays hybride, tiraillé entre une culture sociale profondément ancrée et une poussée électorale vers la droite. Son système politique et ses institutions, hérités d’un passé révolu, peinent à s’adapter aux mutations contemporaines, rendant sa gouvernance chaque jour plus complexe.
À l’orée de la fin de son second mandat, Emmanuel Macron laisse une France plus éclatée et divisée que jamais. Fragmentée sur le plan politique, fracturée sur le plan social, méfiante envers ses élites, elle peine à retrouver un récit collectif et une vision commune. Le pays, pris entre une culture sociale héritée du Conseil National de la Résistance et une poussée néolibérale portée par les gouvernements successifs, navigue sans boussole dans une époque troublée. Le système institutionnel, encore une fois paralysé dans un passé révolu, ne parvient plus à canaliser les tensions ni à représenter la diversité des aspirations populaires.
À force de brouiller les repères et d’épuiser les ressorts de la démocratie représentative, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron laissent derrière eux une République fragilisée, en quête de souffle, de cohérence et de confiance.
Il faut rappeler ici que la gauche et la droite s’étaient entendues, dès 2002, pour synchroniser les calendriers présidentiel et législatif, dans le seul but d’éviter les cohabitations — c’est-à-dire d’échapper à toute sanction populaire à mi-mandat. Ce verrouillage institutionnel, pensé pour conforter les majorités présidentielles, a surtout contribué à assécher le débat démocratique et à dévitaliser le Parlement, réduisant encore les marges de respiration du régime.
À l’approche de 2027, la France vacille à la croisée des chemins. Continuerons-nous à nous enfoncer dans le brouillard d’une démocratie sans boussole, rongée par les renoncements, les connivences et les fausses promesses ? Ou saurons-nous retrouver le souffle d’un sursaut collectif, fait de lucidité, d’exigence et de courage politique ? Rien n’est écrit. Mais tout semble indiquer que le temps du redressement – s’il doit venir – ne surviendra ni par miracle ni par décret : il exige des citoyens moins crédules, des dirigeants moins cyniques, et un pays prêt à regarder ses failles en face sans renier son histoire.
Et, puisqu’il a été question du Conseil National de la Résistance, laissons la parole à Charles de Gaulle :
« Le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominantes et contradictions des Français de toute époque », La France et son armée.