Billet de blog 12 septembre 2022

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Au pays du long nuage blanc, l'ailleurs selon Charles Juliet

À l’autre bout du monde en Nouvelle-Zélande, le moi se veut une entité possible dans le monde.

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Au pays du long nuage blanc, l’ailleurs selon Charles Juliet

Voici un texte sans prétentions mais non sans profondeur et empreint de l’intelligence et de la sensibilité d’un voyageur ouvert aux peuples et topographies de l’ailleurs. Un journal tenu par Charles Juliet au cours d’une résidence de cinq mois à Wellington en Nouvelle-Zélande entre août 2003 et janvier 2004. Publication en 2005. Le titre, Au pays du long nuage blanc, évoque une légende selon laquelle les Maoris auraient ainsi désigné leur île.

Avec l’engouement d’un explorateur, l’auteur décrit les paysages de la Nouvelle-Zélande, le climat, la culture, les métissages, les modes de vie. Il s’intéresse tant aux autochtones (premières nations et descendants des colons) qu’aux exilés et voyageurs de passage. Il part sur les traces de la nouvelliste Katherine Mansfield (1888-1923), se souvient de ses récits, par exemple, Le Voyage, une traversée que doit effectuer une fillette orpheline de mère en compagnie de sa grand-mère. Force est de constater que le port de Wellington a bien changé depuis l’époque de Katherine Mansfield.

En Nouvelle-Zélande, Charles Juliet médite aussi sur l’art d’écrire. Et donc écrire reste un voyage intérieur, imprévisible, périlleux et gratifiant à la fois :

« Écrire, c’est s’offrir à l’inconnu, ne rien savoir de ce qui va se passer. Parfois, je m’apprête à travailler un texte, mais il se refuse  et je dois renoncer. D’autres fois, je n’attends rien, suis vacant, et au profond du silence, le murmure se fait entendre, des mots me viennent, et une note, un poème exige d’être écrit. »

Sans tomber dans le prêchiprêcha car l’auteur ne nous épargne ni les dures réalités ni les horreurs contenues ici et là sur terre, le texte se clôt par un poème dédié à la ville de Wellington :

« quoi qu’il arrive

reste droite

reste vivante

continue de grandir ».

Cette « prière instante » à la dernière page du livre, on pourrait l’adresser à toute ville et tout village ou à toute personne qui y cherche une vie sédentaire ou transitoire. Antidote à la sinistrose et au catastrophisme régnants. À l’autre bout du monde, le moi se veut une entité possible dans le monde. Charles Juliet, un auteur prolifique à (re)découvrir.

Esther Heboyan, septembre 2022

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