Aujourd'hui, le présent témoignage documenté vient attester de l'urgence pour l'État aux pouvoirs désormais exorbitants (et inconstitutionnels) de fournir des masques à ses personnels de gendarmerie, de même qu'à tout soignant, à toute personne en relation avec la distribution alimentaire, etc. et d'arrêter de mettre en danger la population responsable par une coercition législative d'une férocité inconnue jusqu'ici – la présomption d'innocence, de même que la proportionnalité semblent avoir été omises par le pouvoir dans sa conception nouvelle de la Justice, – mais spécieuse dans les faits :
Madame la sous-préfète de Bagnères de Bigorre,
Monsieur le préfet des Hautes-Pyrénées,
Monsieur le commandant de gendarmerie de Bagnères de Bigorre,
Par la présente je souhaite porter à votre attention une situation vécue par mon compagnon Erik Samakh, demeurant à … .
Le lundi 30 mars, muni de son attestation dûment remplie, celui-ci s'est déplacé jusqu'à Bagnères pour effectuer nos courses alimentaires pour la semaine. A bord de son véhicule, portant un masque et des gants, entre 12h00 et 12h30 il arrive au rond-point de Pouzac où s'effectue un contrôle de gendarmerie.
Le gendarme qui effectuait le contrôle dans le sens Bagnères-Pouzac lui fait signe de lui montrer son attestation. Celui-ci ne portait ni masque ni gants. Ne souhaitant pas baisser sa vitre par mesure de précaution, il montre son papier en le plaquant sur la vitre conducteur. Pendant ce temps là, un autre gendarme effectuait le contrôle dans le sens Pouzac-Bagnères. Et là, il voit un conducteur ouvrir sa portière, tendre son attestation, le gendarme se pencher vers l'attestation pour la vérifier. A cet instant précis les deux protagonistes se sont donc retrouvés à 50cm l'un de l'autre, sans aucune protection, ni masques, ni gants.
Vous pouvez constater, dans ce cas précis, que la situation entre en contradiction avec les mesures gouvernementales pour réduire les contacts. Ainsi qu'avec le bon sens commun.
Cet exemple laisse à penser que notre gendarmerie n'est pas "armée" pour nous protéger et se protéger.
Nos questions sont les suivantes :
- Les forces de gendarmerie et de police disposent-elles dans le département du matériel de protection nécessaire ?
Dans le cas où la réponse serait négative, nous espérons que vous jugerez raisonnable d'annuler toute opération de contrôle. Nous attendons des forces de l'ordre qu'elles nous protègent et qu'elles se protègent. Ce serait un drame absurde que les contrôles deviennent le vecteur de la diffusion du virus dans le pays...
- Des consignes ont-elles été données aux agents pour mener les contrôles en toute sécurité ? (matériel adéquat et gestes barrières)
En cette période d'inquiétude générale, nous attendons que l’État soit exemplaire et que les agents de l’État incarnent cette exemplarité.
J'attire votre attention sur le fait que nous nous confinons librement depuis le 16 mars, mis à part un déplacement hebdomadaire pour les courses. Nous réalisons les gestes barrières. Portons masques et gants quand nous sortons. Mettons en quarantaine les courses alimentaires. Changeons de vêtements de retour à la maison.
Personne n'a envie de tomber malade et vous devriez en être convaincus. Et si vous pensez que certains n'ont pas pris conscience de la gravité de la situation, alors il faut faire un travail de prévention, de communication, auprès de tous et en particulier en direction de vos agents. Plutôt que de faire advenir une répression incohérente.
Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir nos meilleures vœux de bonne santé.
Victoria Klotz - Erik Samakh
• « Le simple fait de parler peut transmettre le virus, a souligné George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, qui fut en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres. » citent Yann Philippin, Antton Rouget et Marine Turchi dans leur billet d'aujourd'hui.
• « Chaque jour, des millions de salarié·es de secteurs non essentiels sont contraint·es d’aller au travail au risque de contracter et de propager le virus. Muriel Pénicaud et le gouvernement multiplient les pressions en ce sens, sapant ainsi l’efficacité du confinement. Nous, responsables syndicaux et associatifs, chercheur·es et citoyen·nes, lui disons : ça suffit ! » peut-on lire ce soir ici.
• « Pas de masques, mais des housses mortuaires : vous voyez le message ? » reprend Ellen Salvi dans son article, qui cite les propos d'un cadre de santé de Seine-Saint-Denis.
• « Une enquête de Mediapart révèle la gestion chaotique au sommet de l’État, entre janvier et aujourd’hui, sur la question cruciale des masques. Et les mensonges qui l’ont accompagnée. Les soignants, eux, sont contaminés par centaines.» peut-on lire aussi ici.
• « Six plaintes contre des ministres, parmi lesquels Édouard Philippe, ont déjà été déposées à la Cour de justice de la République, et d’autres arrivent dans les tribunaux. L’impréparation et l’incurie du gouvernement face à la crise sont dénoncées avec colère.» notait déjà Michel Deléan le 26 mars dernier.
• « Une coalition inédite, composée d'Act Up-Paris, ADELICO, des Collectifs Inter-Hôpitaux et Inter-Urgences, du CNI (Coordination nationale infirmière) et de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, saisit aujourd'hui le Conseil d'État pour demander, au nom du droit à la dignité humaine, des réquisitions nécessaires face à la pénurie de matériel et de médicaments. » publiait Pauline Londeix il y a rois jours.