1- 2003 - l’OMS
Suite aux pandémies, telles que celle de la vache folle de 2001 au Royaume-Uni, de la grippe aviaire de 2003 en Chine, l’OMS a établi un système d’alerte mondial :
« Mise à part l’exception notable du SIDA, la plupart des maladies nouvelles qui sont apparues au cours des deux dernières décennies du siècle dernier ou qui sont devenues endémiques dans de nouvelles zones géographiques, ont des caractéristiques qui limitent leurs capacités à être une menace réelle pour la santé publique internationale.
S’il maintient sa pathogénicité et son pouvoir de transmission actuel, SRAS [Syndrome Respiratoire Aigu Sévère] pourrait devenir la première maladie grave du 21ème siècle avec un potentiel d’épidémie mondiale. En tant que telles, ses caractéristiques cliniques et épidémiologiques, bien qu’encore mal connues justifient une alarme particulière : SRAS apparaît d’une manière qui suggère un grand potentiel pour une extension rapide de la maladie du fait d’un monde mobile et intimement interconnecté.
Les données indiquent une période d’incubation de 2 à 10 jours (en moyenne 2 à 7 jours), permettant à l’agent infectieux d’être transporté sans être suspecté ni détecté par un passager asymptomatique d’une ville du monde à une autre ville ayant un aéroport international.
La transmission de personne à personne par proche contact avec les sécrétions respiratoires a été démontrée. Les symptômes initiaux ne sont pas spécifiques et sont communs.
La concentration de cas parmi le personnel soignant qui était jusqu’alors en bonne santé et la proportion de patients nécessitant des soins intensifs sont particulièrement inquiétantes.
Si SRAS devaient s’étendre, les conséquences économiques,– déjà estimées à environ 30 milliards $US – pourraient s’avérer énormes dans un monde si interconnecté et interdépendant.
Chronologie des événements qui ont conduit aux présents conseils d'urgence exceptionnels concernant les voyages
C'est au Vietnam, le 28 février 2003, que le Dr Carlo Urbani, épidémiologiste du bureau de l'OMS à Hanoï a identifié le premiers cas de SRAS chez un malade atteint d'une forme grave de pneumonie d'étiologie inconnue. Dès le 10 mars 2003, on comptait 22 agents hospitaliers à l'hôpital français de Hanoï atteints d'un syndrome respiratoire aigu de même type, et des flambées analogues furent signalées le 11 mars chez des travailleurs hospitaliers à Hong Kong.
Quand, le 17 mars 2003, l'OMS a commencé à mettre en place ses plans d'urgence, l'accent fut mis essentiellement sur l'identification de l'agent étiologique du SRAS et l'élaboration d'un test diagnostique dans le cadre d'une stratégie de confinement au niveau mondial.
Le 28 mars [2003], à la fin de la deuxième semaine de la riposte mondiale, la Chine, qui avait manifesté quelque réticence initiale à participer à l'alerte et à la riposte mondiales, s'est engagée en tant que partenaire de plein droit au sein des 3 groupes qui étudiaient le SRAS, arrivant à la conclusion que les flambées de SRAS survenues ailleurs en Asie sont liées à la flambée observée dans la province de Guangdong. Le gouvernement chinois a annoncé qu'il considérait le SRAS comme une priorité absolue, avec la mise en place d'un système d'alerte et de riposte pour toutes les maladies émergentes ou propices à causer des épidémies »
2- 2005 – la CIA
En 2005, Alexandre Adler préfaçait pour les éditions Robert Laffont « Le nouveau rapport de la CIA – Comment sera le monde demain », résultat de deux ans de travail de plusieurs dizaines d’experts évaluant la situation de la planète sur les quinze années à venir (2005-2020).
Le rapport évoquait « le fait que les Etats-Unis, pour des raisons de coûts de court terme, s’étaient complètement mis à la disposition de la Chine qui fabriquait pratiquement tous les produits pharmaceutiques dont l’Amérique avait besoin, La CIA disait que ce n’était pas très sage. Dans mes commentaires à l’époque, [confiait-il] j’abondais dans ce sens parce que je savais que la France avait la tentation de le faire aussi. Elle l’a d’ailleurs fait, malheureusement. »
3- 2009 – France – Jacques Attali
Le 3 mai 2009, Jacques Attali avait rappelé avec un sage recul, sur son blog de l’Express, la cascade des risques potentiels et l’organigramme des décisions politiques pour les endiguer.
« L’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que quand elle a vraiment peur : elle met alors d’abord en place des mécanismes de défense ; parfois intolérables (des boucs émissaires et des totalitarismes) ; parfois futiles (de la distraction) ; parfois efficaces (des thérapeutiques, écartant si nécessaires tous les principes moraux antérieurs). Puis, une fois la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté individuelle, et les inscrire dans une politique de santé démocratique.
La pandémie qui commence — de grippe A (H1N1) — pourrait déclencher une de ces peurs structurantes. »
Il envisageait trois niveaux de gravité :
• « Si elle n’est pas plus grave que les deux précédentes peurs liés à un risque de pandémie (de 2001 et 2003), elle aura d’abord des conséquences économiques significatives et aussi en matière d’organisation […] »
• « Si elle est un peu plus grave, ce qui est possible, puisqu’elle est transmissible par l’homme, elle aura des conséquences véritablement planétaires »
• « Et, même si, comme il faut évidemment l’espérer, cette crise n’est très grave, il ne faudra pas oublier, comme pour la crise économique, d’en tirer les leçons, pour qu’avant la prochaine, inévitable, on mette en place des mécanismes de prévention et de contrôle et des processus logistiques de distribution équitable des médicaments et de vaccins.
[…] Certains pays, en particulier la France et le Japon, ont constitué des réserves considérables de médicaments et de masques.
En attendant, on pourrait au moins espérer la mise en œuvre d’une véritable politique européenne sur le sujet. Mais là encore, comme sur tant d’autres sujets, Bruxelles est muet.»
Il détaillait les problématiques conjoncturelles et les décisions qui s’imposeraient : transports aériens, tourisme et prix pétrolier en difficulté, leurs conséquences sur le taux de croissance et la bourse. il appelait à la création d’une police, d’une recherche et de solidarités internationales, nord-sud notamment.
4- 2017 - l’AEE
Le “titre sous-titré” tout d’abord, cet effarant pavé du 11 octobre 2017, en dehors de toutes vacances scolaires, aurait pu retenir l’attention de la population, voire éventuellement celle du … gouvernement actuel :
La pollution de l’air cause encore plus de 500 000 morts par an en Europe L’Agence européenne de l’environnement relève dans un rapport
une « lente » amélioration de la qualité de l’air.”
Sous le choc, à l’époque, je n’y ai pas cru : le sarcasme panaché de cynisme du sous-titre m’a laissé pantois, incrédule dans l’instant. Besoin de recouper les sources ! me suis-je demandé spontanément. Mais le journal qui a diffusé les chiffres officiels n’était pourtant pas mineur : https://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/11/la-pollution-de-l-air-cause-encore-plus-de-500-000-morts-par-an-en-europe_5199226_1652666.html
En 2014, la pollution de l’air a réellement causé le décès prématuré (avant 65 ans) de 520 400 personnes dans les quarante et un pays du continent européen, dont 487 600 au sein de l’Union européenne (UE). Tel est le bilan macabre du rapport 2017 sur la qualité de l’air, publié mercredi 11 octobre par l’Agence européenne de l’environnement (AEE).
Sans doute les grands financiers et les lobbies des transports, routiers, aériens et maritimes, n’auront-ils pas perçu (ou voulu prendre la mesure monstrueuse de) l’immensité de la catastrophe qui est pourtant liée à leurs intérêts économiques à court et moyen terme.
5- 2018 - l’OMS
Le 20 avril 2018, c’est au tour de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) de publier ces chiffres terrifiants sur la catastrophe sanitaire planétaire que génère l’industrie capitalistique :

Agrandissement : Illustration 1

L’OMS alerte sur L’HÉCATOMBE MONDIALE LIÉE À LA QUALITÉ DE L’AIR :
La visualisation 3D montre l'émission et le transport du méthane atmosphérique autour du globe entre le 1er janvier 2017 et le 30 novembre 2018.
Avec la Coalition pour le Climat et l'Air Pur, l’Agence lance une campagne mondiale visant à sensibiliser l'opinion publique à l'impact de la pollution atmosphérique sur notre santé.»
Il faut dire que le demi-million de décès par an en Europe aurait pu motiver les États Européens à prendre immédiatement en compte l’urgence sanitaire absolue pour lutter contre les causes anthropiques de cette pollution aux particules fines, au méthane, au CO2, au dioxyde de soufre, à l’ozone, au carbone noir, aux hydrofluorocarbures, etc.
Les 30, 31 octobre et 1er novembre 2018, l’OMS organise à Genève la première conférence internationale mondiale sur la pollution de l’air et la santé, lutte qui constitue une de ses cinq priorités pour la période 2019-2023.
Les résultats escomptés sont essentiellement :
• Une diminution de l’épidémie mondiale de MNT (Maladies Non Transmissibles), la diminution de la pollution de l’air étant l’un des grands piliers de l’action : Environ 91 % des habitants de la planète respirent un air pollué, 7 millions de décès annuels lui étant imputables désormais.
• Une ambition renforcée, moyennant un accord pour un « Mouvement mondial pour un air pur » dans lequel des ministres, des maires, des organisations intergouvernementales et des acteurs non étatiques s’engagent à parvenir, d’ici à 2030, à des niveaux de qualité de l’air conformes aux lignes directrices de l’OMS
qui reposent entre autres stratégies sur :
• Des mécanismes de financement et d’incitation économique pour une action renforcée.
• Des collaborations entre les secteurs de l’énergie, des transports, de l’agriculture et de la santé afin de réduire la pollution de l’air et d’atténuer les changements climatiques tout en obtenant des bénéfices pour la santé.
• Un programme d’action du secteur de la santé pour l’air propre et la prévention, définissant le rôle de la santé publique, des systèmes de santé, des prestataires de soins et des cliniciens.
6- 2019 – Le Monde.fr - France
Quelques mois plus tard, Le Monde des décodeurs, qui veille à l’authenticité des informations, écrivait ceci :
Avec 48 000 morts par an en France, la pollution de l’air tue plus que l’alcool
« Deuxième cause de mortalité évitable, l’exposition aux particules fines peut réduire l’espérance de vie de deux ans dans les villes les plus polluées, selon une étude de 2016. »`
• Comment imaginer que le Président et son gouvernement n’étaient pas au fait de cette urgence sanitaire de tout premier plan, occupés à démanteler l’hôpital et la Sécurité Sociale, comme on le verra dans un prochain épisode ?
La suite de l’article montrait pourtant le chemin :
« Des restrictions de circulation ont été édictées jeudi 27 février en Ile-de-France et à Lille en raison d’un pic de pollution aux particules fines dans l’atmosphère. La pollution atmosphérique est un enjeu majeur de santé publique, puisqu’elle provoque 48 000 décès prématurés, selon une étude de 2016. Leur cause est davantage l’exposition continue à un air de médiocre qualité qu’aux pics de pollution.»
Un autre aspect de cette pollution sanitaire et environnementale gigantesque était critiquée ici :
« A en croire leurs annonces, les banques françaises ont pris le virage de la transition énergétique et tourné le dos aux énergies fossiles. Il n’en est rien. Les Amis de la Terre et Oxfam ont mené l’enquête et révèlent, derrière les beaux discours, la colossale empreinte carbone des banques françaises.
Les banques françaises émettent 4,5 fois plus que la France entière.»
• Comment croire que la survenue quelques mois après d’une nouvelle forme du coronavirus – bien moins mortelle cependant que la pollution de l’air – allait bouleverser sa politique au point qu’il “se sente tenu” de prendre des mesures économiques, sanitaires … mais aussi économiques, juridiques, de police et de constitutionnalité incommensurables, d’une violence inégalée depuis 1929 ?
Je terminerai ce premier tour d’horizon par ce nouveau constat, sur l’autre rivage de l’Océan Atlantique :
7- 18 octobre 2019 - JHCHS
Wikipedia nous apprend que Le Johns Hopkins Centre for Health Security (JHCHS), est un organisme indépendant à but non lucratif de l'école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg qui fait partie du département de santé et d'ingénierie environnementales.
Il s'intéresse aux conséquences sanitaires des épidémies et des catastrophes, ainsi qu'à la prévention de la mise au point d'armes biologiques et aux incidences de la biosécurité sur la bioéconomie.
Ce think tank effectue des recherches sur les politiques et formule des recommandations au gouvernement des États-Unis, à l'Organisation Mondiale de la Santé ainsi qu'à la Convention des Nations Unies sur les armes biologiques.
Sur leur site, nous apprenons que « le Johns Hopkins Center for Health Security, en partenariat avec le Forum Économique Mondial et la Fondation Bill et Melinda Gates, a accueilli l'événement 201, un exercice de haut niveau sur la pandémie le 18 octobre 2019, à New York, dans l'État de New York. Cet exercice a montré les domaines où des partenariats public-privé seront nécessaires pendant la riposte à une grave pandémie afin de réduire les conséquences économiques et sociales à grande échelle.
Au cours des dernières années, le monde a connu un nombre croissant d'événements épidémiques, représentant environ 200 événements par an.
Ces événements sont en augmentation et perturbent la santé, l'économie et la société. La gestion de ces événements met déjà à rude épreuve la capacité mondiale, même en l'absence d'une menace pandémique.
Les experts s'accordent à dire que ce n'est qu'une question de temps avant que l'une de ces épidémies ne devienne mondiale - une pandémie aux conséquences potentiellement catastrophiques. Une grave pandémie, qui devient "Evénement 201", exigerait une coopération fiable entre plusieurs industries, gouvernements nationaux et institutions internationales clés. »
Le lien central de l’article renvoie à cette « Déclaration sur le nCoV et notre exercice de pandémie » :
« En octobre 2019, le Johns Hopkins Center for Health Security a organisé avec des partenaires, le Forum Économique Mondial et la Fondation Bill & Melinda Gates, un exercice de modélisation d’une pandémie intitulé Event 201.
Récemment, le Centre pour la Sécurité de la Santé a été questionné pour savoir si cet exercice pandémique prédisait l'actuelle épidémie de coronavirus en Chine. Pour être clair, le Centre pour la Sécurité de la Santé et ses partenaires n'ont pas fait de prédiction pendant notre exercice de simulation.
Pour le scénario, nous avons modélisé une pandémie fictive de coronavirus, mais nous avons explicitement déclaré que ce n'était pas une prédiction. Au lieu de cela, l'exercice a servi à mettre en évidence les défis en matière de préparation et d'intervention qui pourraient survenir dans une pandémie très grave.
Nous ne prévoyons pas à présent que l'épidémie nCoV-2019 tuera 65 millions de personnes. Bien que notre exercice virtuel comprenne un prototype nouveau de coronavirus, les paramétrages que nous avons utilisés pour modéliser l'impact potentiel de ce virus fictif ne sont pas similaires à nCoV-2019. »
Comment ne pas supposer que l’État Major a informé le Président de cette réunion au sommet, organisée qui plus est de façon peu masquée ?
Pourquoi ensuite cette continuation amplifiée des violences institutionnelles, en lieu et place d’une gestion apaisée de l’urgence, qui eut associé la population en s’appuyant sur sa capacité à comprendre, en responsabilité comme il s’observe au-delà de la crainte actuelle, plutôt que d’y mêler coercition et augmentation d’un pouvoir centralisé déjà étendu depuis 2015 comme jamais sous la Ve République ?
Je proposerai prochainement une forme de recension de ces nombreuses formes de violences institutionnelles.
Billet suivant ici.