Affaires, scandales, sport. Petite apologie de la simulation.
La simulation a souvent mauvaise réputation. En amour : blessure d'ego. Dans les relations humaines : certains la nomment ‘savoir-vivre' ou bienséance, d'autres ‘hypocrisie'. En politique : on l'appelle entregent. En football, on adore la détester : on pensait les Italiens passés maîtres dans l'art de la comédie -les Italiens sur le terrain, les Français, dans les coulisses- mais leurs jérémiades ont fait des émules. ‘Mais qu'on envoie ces divas jouer au rugby' pensent tout haut certains amateurs de beau jeu. ‘Mais que c'est nul...' Et de réclamer du ‘vrai', de ‘l'authentique'... Et quid du mentir vrai ?
Dans notre esquisse littéraire du Tour, nous évoquions l'unreliable narrator. La simulation participe de cette absence de fiabilité. Or, les commentateurs sportifs ne parlent-ils pas d'acteurs lorsqu'ils évoquent les footballeurs ? Ne sommes-nous pas dans une société de spectacle ? Le stade, un vaste théâtre ? Les caméras, des catalyseurs ? Notons qu'un bon simulateur ne sera pas démasqué... Jeu de dupes... La simulation fait donc partie du jeu, dans la vie comme dans le sport. On sait qu'elle existe. C'est sa mise à jour qui fait scandale. Son dévoilement. Le public n'aime pas être déniaisé. Le doute, en revanche, le soupçon, font frémir de désir et de plaisir. Et si c'était vrai (disait l'autre) ?
Et sur un vélo ? La (dis)simulation est hautement encouragée. Peut-on simuler dans un col hors catégorie par 30 degrés à l'ombre ? On peut faire croire qu'on en garde sous la pédale alors que l'on va exploser, ou vice-versa. Mais il y a aussi ceux qui font le Tour avec une clavicule cassée. Dans ce cas là, la simulation devient dissimulation et on peut avaler 4 cols et 200 kilomètres et finir frais comme un gardon, les dents immaculées comme le casier judiciaire, la bise et le sourire authentiques de la jolie jeune fille en sus.
Le comble serait donc de simuler l'absence de dissimulation. Les amateurs de catch apprécieront.