"Cette journée c'était vraiment joli" assène le laconique Fabian Cancellara en roulant les ‘r' à peine sorti du bain d'Arenberg. Joli comme le maillot jaune canari qu'il a sur le dos. "Hier, j'ai donné. Aujourd'hui, je reprends" continue-t-il, plus sentencieux. Joli comme le scénario que le démiurge de Wohlen bei Bern impose aux 188 autres personnages en quête d'auteur. Un démiurge qui travaille la palette des sentiments : mansuétude un jour, intransigeance un autre. Grisant la toute puissance Fabian ? Pour lui, la suite des opérations est aussi limpide que la victoire de l'Espagne pour Paul le poulpe : « (...) cela sera plus calme, (...) cela se jouera au sprint. Ensuite, nous aurons Andy dans la montagne». Entretemps, un machiniste, l'ancien démiurge Bjarne Riis, annonçait la perte d'un personnage avec une louche de pathos : «Je me suis arrêté avec lui. Je lui ai tenu la main et j'ai vu que c'était fini. Ensuite, j'ai dit aux autres coureurs dans l'oreillette qu'on avait perdu Frank mais qu'il fallait faire la course. »
Show must go on, n'en déplaise à Armstrong, personnage qui s'en tape la tête contre les murs : «Des fois, on est le marteau, des fois le clou. Aujourd'hui, j'étais le clou. J'ai vingt jours pour redevenir le marteau.» Ainsi soit-il.