Billet de blog 8 juillet 2010

Michel Dalloni (avatar)

Michel Dalloni

Génie civil

Journaliste à Mediapart

L'écume du Tour (5). Il est pas frais mon poisson-pilote?

Eh ben voilà. C'était pas compliqué. Le départ de Cambrai (Nord) laissait entrevoir le pire. Mais non. Les organisateurs ont résisté. La 4e étape du 97e Tour de France qui ralliait, mercredi 7 juillet, une des capitales occidentales de la confiserie (Cambrai, donc) à la capitale mondiale du vin blanc qui pique (Reims, évidemment) a, enfin, donné lieu à une arrivée au sprint fidèle à la tradition.

Michel Dalloni (avatar)

Michel Dalloni

Génie civil

Journaliste à Mediapart

Eh ben voilà. C'était pas compliqué. Le départ de Cambrai (Nord) laissait entrevoir le pire. Mais non. Les organisateurs ont résisté. La 4e étape du 97e Tour de France qui ralliait, mercredi 7 juillet, une des capitales occidentales de la confiserie (Cambrai, donc) à la capitale mondiale du vin blanc qui pique (Reims, évidemment) a, enfin, donné lieu à une arrivée au sprint fidèle à la tradition. Après 153 km d'un parcours aussi plat qu'un discours d'archevêque, les forces cyclistes en présence se sont déchaînées, boulotant les échappés du jour comme des graines de tournesol avant de s'étriper. Résultat: victoire de l'Italien Alessandro Petacchi devant une horde saxonne – Julian Dean, Edvald Hagen Boasson, Robbie Mc Ewen et Robert Hunter. Manquait Mark Cavendish, piteux 12e, qui n'est plus le «Cav'» d'antan.

Bien sûr, Alessandro Petacchi ne parviendra jamais à nous faire oublier le divin Mario Cipollini. Faut dire que pour gommer le souvenir du Roi Lion, il va falloir en empiler des victoires et pas qu'un peu: au moins 12 sur la Grande boucle, pour commencer, au moins 42 sur le Giro, sans compter trois Gand-Wevelgem et un championnat du monde (Milan-San Remo, il l'a déjà). Mais Alexandre-Il-Grande n'a peur de rien et encore moins des fauves. «Avec deux victoires, je pourrais très bien rentrer à la maison et considérer que mon boulot est terminé. Deux victoires sur le Tour de France, c'est déjà exceptionnel. Mais je ne vois pas tout à fait les choses de cette façon», a-t-il déclaré avant d'aller visiter la cathédrale Notre-Dame (de Reims) et les caves de la maison Henriot à l'heure où Jesus Hernandez Blasquez cherchait encore à situer l'arrivée.

«J'ai entendu plus ou moins certains commentaires disant que la victoire de Bruxelles était celle d'un “petit vieux”, mais cette fois-ci je n'ai bénéficié d'aucune chute», a laissé tomber le bienheureux Alexandre avant d'accrocher un lampe à carbure à son casque de sprinteur pour mieux explorer les mystères de la foi et ceux de la vinification. Le Ligure serait-il susceptible? Il y a des cas. Mon grand-père Italo, par exemple, détestait qu'on lui fasse remarquer son accent italien (Imperia). Ça le vexait terriblement. Alors, pour se venger, il disait à voix haute que Felice Gimondi était beaucoup, beaucoup plus fort que Jacques Anquetil, rebaptisé Anquétil. Dans ces conditions, je ne vois pas pourquoi Alessandro Petacchi renoncerait à un nouveau succès. En plus, ça nous donnerait l'occasion de lire un formidable papier de Philippe Brunel dans L'Equipe.

Et le Cav', alors? Son cas est désormais traité dans la rubrique Les grands mystères de l'histoire du Tour de France. L'année passée, le petit bolide de l'île de Man (1,75, 70 kilos) sprintait le coude à la portière et les lunettes sur le front, saluant les filles au passage. Aujourd'hui, on n'entend même plus son klaxon. Il ne double plus personne. Reste coincé dans les embouteillages où il écoute les bulletins météo de la BBC. Presque aussi ridicule que l'équipe d'Angleterre dans la Coupe du monde de football (battue en huitièmes de finale par l'Allemagne, 4-1). On le dit mal entouré, piloté par des poissons aux ouïes pas très brillantes. Bref, il est plus proche de la porte que de l'augmentation de salaire. Mais comme il s'entête, on ne sait jamais. En tout cas, mercredi, une fois loin des regards, rouge de colère, il a tatané son vélo. Pour le faire avancer?