Billet de blog 11 juillet 2009

Michel Dalloni (avatar)

Michel Dalloni

Génie civil

Journaliste à Mediapart

Dans les lacets de la Grande Boucle (7). Amours des feintes

On sait ce qu’il advient des amours d’été. Elles finissent mal, en général. Elles ne survivent pas à la rentrée. On en connaît qui ne passent même pas juillet.

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On sait ce qu’il advient des amours d’été. Elles finissent mal, en général. Elles ne survivent pas à la rentrée. On en connaît qui ne passent même pas juillet.

Après l’affaire du costume jaune, relatée dans ces colonnes sous le titre "Les champions se ramassent à la pelle", les 224 km de la 7e étape du 96e Tour de France, qui reliaient Barcelone (Espagne) à Andorre-Arcalis (Principauté d’Andorre), vendredi 10 juillet, ont montré de nouvelles failles dans le couple Lance Armstrong-Alberto Contador. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, la Grande Boucle non plus. Le mariage est un sacerdoce, le vélo aussi. Certes. Mais l’Espagnol, qui n’est pas exactement disposé à se laisser tourmenter par un tyran domestique, tout texan soit-il, a lancé, dans la montée finale, une attaque pleine de fiel, qui prélude une pénible fin de lune de miel.

Seul le directeur sportif Johan Bruyneel feint de l’ignorer mais il feint comme un pied: il y a un leader de trop dans l’équipe Astana. Saurez-vous le reconnaître? Pendant que vous vous grattez la tête en réfléchissant, le peloton s’inquiète à voix de moins en moins basse: et si la randonnée andorrane était la dernière sortie publique des deux tourtereaux de la volière kazakhe? Les prochains épisodes du grand feuilleton français, joués entre Andorre-la-Vieille (toi-même) et Saint-Girons (176 km, trois cols), samedi 11 juillet, puis entre Saint-Gaudens et Tarbes (160 km, deux cols), le lendemain, devraient nous en dire un peu plus, même dépourvus d’arrivée au sommet. Ne rêvons pas de réconciliation sur fond de mouflons et d’églises romanes. D’habitude, l’amour (à moins que ce ne soit la foi) renverse les montagnes. Ici, les Pyrénées ont eu sa peau.

A sa descente de bicyclette, le fier Américain a dit: "Non, non, aujourd’hui nous n’avions pas prévu de faire un numéro." En fait, surtout lui. Donc, la suite s’annonce orageuse et le couple de l’été plus scandaleux encore que "Papounet" et Noemie. Loin de moi la tentation de transformer Mediapart en officine de presse people mais il est toutefois nécessaire de rappeler maintenant que le septuple vainqueur du Tour de France est aussi un as du divorce (deux, série en cours). Le Cid Campeador du dérailleur arrière a-t-il seulement cru que Lance Arsmtrong était revenu là pour jouer les conjoints modèles, mettre le couvert, débarrasser la table et secouer la nappe, qu’il accepterait de renoncer à sa carrière professionnelle, de se laisser faire, après-vous jeune homme et roule ma poule? Non mais, des fois…

Et pourtant, il est possible de pratiquer le cyclisme de compétition en famille. Regardez les Feillu, des gens bien. Dimanche 5 juillet, Romain-l’ainé avait pris la troisième place du sprint de Brignoles. Vendredi, Brice-le-puiné a gagné à Andorre-Arcalis. Et tous deux de se congratuler. Sans parler des fratries Jalabert (Laurent et Nicolas), Madiot (Marc et Yvon), Bobet (Louison et Jean) ou Coppi (Fausto et Serse), exemplaires face à la mitraille ou les honneurs. Alors, comment Lance et Alberto en sont-ils arriver là, eux? La faute au temps qui passe. Au classement général, 2 secondes séparent les deux champions, deuxième et troisième derrière le nouveau maillot jaune italien, Rinaldo Nocentini. Deux secondes. Trop quand on s’aime. Pas assez quand on se hait. Les écarts vont se creuser.